PAR JADE LINDGAARD | 15
JUILLET 2014
Le mythe du recyclage à l’infini est un leurre en l’état de
nos processus industriels, alerte Philippe Bihouix, ingénieur, qui, dans son
livre L’Âge des low tech, plaide pour les « basses
technologies ». Ou comment « revenir à l’âge des Visiteurs,
mais avec le dentiste ».
Après le « développement durable » et « la croissance verte », un nouveau concept fait florès en matière d’écologie : « l’économie circulaire ». Il balaie assez large et désigne à la fois la généralisation du recyclage, la prise en compte du cycle de vie des produits, la conception écologique des biens manufacturés afin d’en faciliter le retraitement, la chimie verte… C’est l’idée d’une activité vertueuse, qui viserait à réduire son impact environnemental tout en générant du profit. Une sorte d’idéal.
Le problème, c’est qu’en l’état actuel de nos processus de
fabrication industrielle, l’économie circulaire est inatteignable. Elle ne peut
être au mieux qu’un but vers lequel tendre, alerte Philippe Bihouix, auteur
d’un essai érudit et passionnant : L’Âge des low tech – Vers une
civilisation techniquement soutenable (éditions du Seuil, collection
anthropocène). Ingénieur, spécialiste des métaux, il démontre que le mythe
du recyclage à l’infini est un leurre. Plus nos sociétés produisent et
consomment des produits high tech (téléphones et ordinateurs
portables, etc.), plus elles épuisent des ressources rares. Ces mêmes biens
sont par ailleurs de plus en plus composites, donc de plus en plus difficiles,
voire impossibles, à recycler. Les matériaux qui les composent sont trop
inextricablement imbriqués les uns dans les autres pour espérer les séparer et
les récupérer. C’est le cas des métaux utilisés sous forme chimique, mais aussi
des nanotechnologies. Le problème concerne directement les énergies
renouvelables, éoliennes, cellules photovoltaïques, ou encore la voiture à
l’hydrogène – aujourd’hui en projet.
Cela ne signifie pas qu’il faut revenir aux énergies
fossiles et arrêter les filières de recyclage et de traitement des déchets,
bien au contraire. Il faut revoir nos besoins en énergie pour les réduire
drastiquement, martèle Bihouix. Il faut aussi développer une nouvelle culture
technique : celle des « basses technologies ». De quoi
s’agit-il exactement ? « Revenir à l’âge des Visiteurs,
mais avec le dentiste », plaisante l’auteur. Mais encore ? La suite
dans notre entretien vidéo ci-dessus.
Philippe Bihouix, L’Âge des low tech – Vers une
civilisation techniquement soutenable, Le Seuil, 336 p., 19,50 euros.
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