PAR CLOTILDE MATHIEU
Devant l’entrée du dépôt pétrolier en grève, les militants syndicaux se relaient jour et nuit et reçoivent le soutien des habitants, tandis que le mouvement s’étend à de nouvelles raffineries dans le pays.
Il est 7 heures, l’heure du café. Sous la pergola, les grévistes de la raffinerie de Donges et du dépôt de carburant SFDM (Société française Donges-Metz) se sont rassemblés. Beaucoup sont là depuis 3 h 30. « On était une centaine ce matin », explique Didier. Lui arrive de Nantes. Tout comme Antoine, levé aux aurores pour « soutenir les gars », avant de reprendre le boulot à la centrale de Cordemais. La veille, le syndicaliste de la CGT est venu avec ses collègues, en famille. « On a rempli les voitures, préparé le pique-nique, les enfants se sont éclatés. Ils ne voulaient plus repartir. »
Ce lundi, le mouvement qui affecte les raffineries fait tâche d’huile : de quatre unités bloquées ou en grève, leur nombre est passé à six hier sur les huit que compte le pays. Outre Donges, Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), Feyzin (Rhône), Grandpuits (Seine-et-Marne), La Mède et Lavera (Bouches-du-Rhône) étaient perturbées hier. De quoi encourager les nombreux témoignages de sympathie reçus par les grévistes de Donges. « La solidarité à la CGT, on connaît, mais là, c’est autre chose. De nombreux habitants de Donges, de Saint-Nazaire, de Savenay et même de Guérande passent nous voir. Les zadistes (occupants de l’emplacement retenu pour le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes – NDLR) ont également rappliqué dimanche soir, raconte Claudie, de la CGT de Saint-Nazaire. Ils nous ont préparé un couscous, il paraît qu’il était très bon. Samedi soir, c’était les Jeunes Communistes qui sont venus de Nantes nous apporter des salades et de la charcuterie », ajoute-t-elle. Plus loin, près du feu de palettes, les jeunes du collectif On bloque tout se réchauffent. « Ici, c’est le carrefour des luttes. Nous, nous sommes surtout mobilisés à la fac, mais avec les examens et les congés, il faut avouer que, même si nous occupons toujours un amphi, nous ne restons qu’un noyau dur de militants du mouvement étudiant, explique la jeune femme. Ici, on discute et ça nous permet de mieux se comprendre, de réfléchir ensemble aux actions à mener pour bloquer l’économie », ajoute-t-elle.
Devant l’entrée du dépôt pétrolier en grève, les militants syndicaux se relaient jour et nuit et reçoivent le soutien des habitants, tandis que le mouvement s’étend à de nouvelles raffineries dans le pays.
Il est 7 heures, l’heure du café. Sous la pergola, les grévistes de la raffinerie de Donges et du dépôt de carburant SFDM (Société française Donges-Metz) se sont rassemblés. Beaucoup sont là depuis 3 h 30. « On était une centaine ce matin », explique Didier. Lui arrive de Nantes. Tout comme Antoine, levé aux aurores pour « soutenir les gars », avant de reprendre le boulot à la centrale de Cordemais. La veille, le syndicaliste de la CGT est venu avec ses collègues, en famille. « On a rempli les voitures, préparé le pique-nique, les enfants se sont éclatés. Ils ne voulaient plus repartir. »
Ce lundi, le mouvement qui affecte les raffineries fait tâche d’huile : de quatre unités bloquées ou en grève, leur nombre est passé à six hier sur les huit que compte le pays. Outre Donges, Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), Feyzin (Rhône), Grandpuits (Seine-et-Marne), La Mède et Lavera (Bouches-du-Rhône) étaient perturbées hier. De quoi encourager les nombreux témoignages de sympathie reçus par les grévistes de Donges. « La solidarité à la CGT, on connaît, mais là, c’est autre chose. De nombreux habitants de Donges, de Saint-Nazaire, de Savenay et même de Guérande passent nous voir. Les zadistes (occupants de l’emplacement retenu pour le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes – NDLR) ont également rappliqué dimanche soir, raconte Claudie, de la CGT de Saint-Nazaire. Ils nous ont préparé un couscous, il paraît qu’il était très bon. Samedi soir, c’était les Jeunes Communistes qui sont venus de Nantes nous apporter des salades et de la charcuterie », ajoute-t-elle. Plus loin, près du feu de palettes, les jeunes du collectif On bloque tout se réchauffent. « Ici, c’est le carrefour des luttes. Nous, nous sommes surtout mobilisés à la fac, mais avec les examens et les congés, il faut avouer que, même si nous occupons toujours un amphi, nous ne restons qu’un noyau dur de militants du mouvement étudiant, explique la jeune femme. Ici, on discute et ça nous permet de mieux se comprendre, de réfléchir ensemble aux actions à mener pour bloquer l’économie », ajoute-t-elle.
« On ne pourra pas nous forcer à reprendre le travail »
Depuis vendredi, la raffinerie qui se situe à deux pas du dépôt est à l’arrêt, le port aussi. « Le mouvement de grève est fort, confie David Arnould, secrétaire du CHSCT de la raffinerie. Il a mis du temps à partir parce que, depuis deux mois, nous avons décrypté la loi avec les salariés, explique-t-il. Il faut du temps, la loi est complexe. Ce n’est pas comme en 2010, où on avait juste à dire : “Tu vas bosser deux ans de plus”, et tout le monde comprenait. »
Sur le site, au minimum 70 personnes sont présentes. Une « solidarité nouvelle » qui n’existait pas lors du précédent mouvement sur les retraites, assure Patrick, tout jeune retraité. « À l’époque, les manifestations étaient hyper populaires, les grèves moins. Nous n’avions pas cette solidarité citoyenne. » « Faut dire que ça circule beaucoup sur les réseaux sociaux », analyse de son côté Sabine. Reste que la « grève par procuration, ce n’est pas ce qui va permettre le retrait de la loi travail. Il faut continuer à convaincre, à distribuer des tracts, à parler dans les déserts syndicaux », estime Antoine, de la centrale de Cordemais.
Un train passe et klaxonne. « Ça doit être un de chez nous, il a vu les drapeaux », s’amuse Patrick, avant de redevenir sérieux. Car tous craignent l’intervention de la gendarmerie et des CRS. Certains pensent qu’elle interviendra dans la nuit, d’autres à la fin de la semaine. « Après tout, peu importe », confient Patrick et ses collègues du dépôt. « Ici, nous sommes 90 % à avoir cessé le travail. Et seuls deux salariés, plus un intérimaire, n’ont pas suivi. Et ils sont actuellement en congés », précise-t-il.
Malgré l’assurance affichée, le syndicaliste ne masque pas son inquiétude à l’idée de revivre ce qui s’est passé en 2010 avec Nicolas Sarkozy : « Un matin, après trois semaines de grève, les gendarmes ont débarqué à 6 heures du matin chez chacun d’entre nous, les enfants pleuraient en criant : “Papa part avec les gendarmes.” C’était complètement illégal, mais avec Sarkozy, c’était logique. Il passe sa vie au tribunal. »
En 2011, la France avait été sanctionnée par l’Organisation internationale du travail. Cette dernière avait même exigé d’elle d’encadrer fortement sa procédure de réquisition pour éviter de nouveaux abus. « Si jamais ils interviennent, on reculera tranquillement, mais Bolloré ne pourra pas nous remettre au travail et distribuer le gazole qui se trouve dans les cuves », affirme Patrick.
Plus aucun bateau déchargé
Depuis jeudi, les dockers sont en grève. Conséquence, aucun trafic sur la place portuaire Saint-Nazaire-Nantes. Les navires sont en rade, aucune opération de chargement ou de déchargement n’a eu lieu sur les quais. Aujourd’hui, l’ensemble des entreprises du bassin de Saint-Nazaire sont appelées à faire grève. Airbus, Stelia Aerospace, STX ont par exemple appelé leurs salariés à cesser le travail. « Ça s’annonce gros », prévient Claudie, membre du secrétariat de la CGT de Saint-Nazaire. Jeudi dernier, dix mille personnes avaient déjà manifesté dans les rues de la sous-préfecture de la Loire-Atlantique.
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