Cinq chiffres à retenir sur l’état des inégalités en France
L’Observatoire des inégalités publiera l’édition 2017 de son rapport annuel sur
l’état des inégalités le 1er juin. En voici un premier aperçu à travers cinq
graphiques particulièrement frappants.
1/ Les riches captent presque la moitié des revenus
Les inégalités de revenus entre les plus riches et les plus
pauvres s’accroissent. Sur le temps long, les écarts de revenus ont eu tendance
à diminuer depuis les années 1960, avant de se creuser de nouveau à partir de
1990. Depuis le début des années 2000, l’envol des revenus des catégories
aisées a accentué cet écart. Désormais, les 20% les plus riches reçoivent 42,7%
du revenu disponible.
Source : Insee |
Le niveau de vie mensuel moyen des 10 % les plus riches a en
effet progressé de près de 272 euros, de 2003 à 2013. Cette augmentation n’est
pas due à l’explosion de « l’hyper richesse », mais plutôt à
l’enrichissement d’un pan entier de la population : les classes moyennes
supérieures. Dans le même temps, le revenu des plus pauvres a diminué de 31
euros. Au final, l’écart de revenus entre les 10% les plus riches et les 10%
les plus pauvres était de 4025 euros en 2014 (données les plus récentes).
Malgré tout, on n’assiste pas à une « explosion »
des inégalités en France, en partie grâce à notre système de protection sociale
qui limite la casse.
2/ Les femmes encore discriminées
L’égalité salariale entre hommes et femmes est encore loin
d’être atteinte. Alors que leur niveau de salaire était passé de 66% de celui
des hommes en 1950, à 80% en 1998 – soit une augmentation de 14 points de
pourcentage en 48 ans - le rythme de ce rattrapage a ralenti. De 1998 à 2013,
le fossé entre hommes et femmes ne s’est réduit que de 3 points, pour atteindre
un niveau de salaire moyen des femmes égal à 83 % celui de leurs collègues
masculins.
Les écarts de salaires varient aussi selon la catégorie sociale.
Les cadres femmes gagnent 20% de moins que les hommes, tandis que les employées
gagnent seulement 8,6% de moins que les hommes, proportion la plus faible parmi
toutes les catégories professionnelles.
Selon les derniers chiffres de 2014, le salaire mensuel net
moyen des hommes, en équivalent temps plein, était de 2 410 euros, et
celui des femmes de 1 962 euros. Les femmes gagnent donc en moyenne un
salaire de 18,6% inférieur à celui des hommes. Tous temps de travail confondu,
ce chiffre est de 25,7 % de moins. A temps de travail et poste équivalent,
selon le ministère du Travail, 10,5 % d’écart de salaire entre hommes et femmes
demeurent inexpliqués.
3/ Un million de pauvres de plus en dix ans
Les années 2000 et 2010 constituent un tournant dans
l’évolution de la pauvreté en France. Des années 1970 jusqu’au milieu des
années 1990, la pauvreté avait fortement baissé. Après une augmentation du
nombre de pauvres dans les années 1990, ce chiffre était retombé. Mais depuis
le début des années 2000, la pauvreté a augmenté quasiment sans discontinuer.
Aujourd’hui, si l’on fixe le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian,
la France compte 5 millions de pauvres - et 8,8 millions si l’on utilise le
seuil à 60 %. Ce qui donne un taux de pauvreté de 8,1 % dans le premier cas et
de 14,1 % dans le second.
Source : Insee
|
Si l’on regarde l’évolution entre 2004 et 2014, le nombre de
pauvres a augmenté de 950 000 au seuil à 50 % et de 1,2 million au seuil à
60 %. C’est en grande partie la crise financière de 2008 qui est responsable de
cette augmentation de la pauvreté : entre 2008 et 2012, le nombre de
pauvre a augmenté de 800 000. Autre chiffre marquant, 36% des personnes
sous le seuil de pauvreté (50% du revenu médian) ont moins de 19 ans.
4/ Le chômage touche les moins qualifiés
Le mal-emploi, qui regroupe les chômeurs, les précaires et
les découragés du travail, touche un peu moins de huit millions de personnes en
France, soit un actif sur quatre.
Encore une fois, c’est la crise financière de 2008 qui a
dégradé la situation. Entre 2008 et 2015, le nombre de chômeurs a augmenté de
911 000 et le taux de chômage a progressé dans toutes les catégories
sociales, pour atteindre en moyenne 10% de la population active. Ce sont les
ouvriers non qualifiés qui ont été le plus touchés : leur taux de chômage
est passé de 14,7 % en 2008 à 20,3 % en 2015.
Source : Insee |
Les jeunes ont aussi pâti de cette augmentation du chômage.
Aujourd’hui, on estime qu’un jeune actif sur 5 est sans emploi. Depuis 2008, le
taux de chômage des 20-24 ans a augmenté de cinq points. L’emploi tend aussi à
se précariser : 13 % des emplois ont un statut précaire, ce qui représente
3,4 millions de personnes. Il s’agit principalement de contrats à durée
déterminée (7,5 % du total des emplois) et de missions d’intérim (2,2 %).
5/ Les plus fortunés détiennent la moitié du patrimoine
Le patrimoine, en France, est toujours concentré entre peu
de mains. Selon les données de l’Insee, en 2015, les 10% les plus fortunés
détenaient 47% du patrimoine, soit presque autant que 90 % du reste de la
population. Les 50% les moins fortunés ne disposent, quant à eux, que de 8 % de
l’ensemble du patrimoine.
Source : Insee - Données 2015 |
Les 10% les plus riches détiennent ainsi un patrimoine brut
moyen de 1,25 million d’euros, soit 630 fois celui des 10 % les moins fortunés
(2 000 euros) et huit fois le patrimoine médian brut (158 000 euros).
Il est en revanche très difficile de décrire l’évolution de
la concentration du patrimoine en France. En effet, l’Insee a changé de méthode
de comptabilisation des patrimoines en 2010, puis 2015. Tout ce que l’on peut
dire, c’est qu’entre 2010 et 2015, les écarts de patrimoine ont peu varié entre
le dixième le plus riche et le dixième le plus pauvre. Ceci s’explique
notamment par des prix de l’immobilier qui n’augmentent plus comme auparavant.
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