"La violence de classe ne peut s'exercer sans la complicité et la collaboration du personnel politique au pouvoir"
Enquête de Michel Pinçon et Monique Pinçon Charlot - La violence des riches, 2013
Cette connivence entre les gouvernants et les dominants est démontrée.
Quand il prononce son discours du 6 mai 2012 où il déclare au Bourget que son véritable adversaire "n'a pas de nom, de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, pourtant il gouverne. Cet adversaire, c'est le monde de la finance", François Hollande a pour trésorier de campagne Jean-Jacques Augier, alors actionnaire de deux sociétés offshore aux îles Caïman, paradis fiscal des Caraïbes. Quelques jours après son discours du Bourget, Hollande dédramatise la situation pour la presse anglaise: "La gauche a été élu au gouvernement pendant quinze ans, au cours desquels nous avons libéralisé l'économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations". Sa conclusion est clair: "il n'y a pas à avoir peur".
"Les visages et les noms de la finance" lui sont en effet beaucoup moins inconnus qu'il ne l'a laissé entendre. Rappelons quelques-uns de ses amis ou de ses proches.
Jean-Pierre Jouyet, fils de notaire, est inspecteur général des finances après son passage à l'ENA où il a fait partie de la promotion Voltaire, celle de François Hollande.
Et c'est donc tout naturellement qu'ils ont rédigé ensemble le livre La Gauche bouge avec trois autres socialistes (Jean-Yves Le Drian, Jean-Pierre Mignard, Jean-Michel Gaillard) sous le pseudonyme de "Jean-François Trans". On y lit : "Finis les rêves, enterrées les illusions, évanouies les chimères. Le réel envahit tout. Les comptes doivent être forcément équilibrés, les prélèvements obligatoires abaissés, les effectifs de la police renforcés, la Défense Nationale préservée, les entreprises modernisées, l'initiative libérée". Ou encore: "Ce n'est pas par calcul ou par malignité que la gauche a accepté de laisser fermer les entreprises ou d'entamer le pouvoir d'achat des Français. C'est par lucidité. Refuser ces évolutions et c'en aurait été fait de la perspective d'une gestion régulière du pays par la gauche". Il s'agit d'oublier "nos frasques égalitaristes". Au passage ces trans-courants de la droite du PS affirment tout de go : "Il n'y a donc plus pour les socialistes de perspective concevable d'union avec le Parti Communiste français". Prolongement naturel de liens nouées antérieurement, les allées du pouvoir sont peuplées de gens appartenant aux milieux d'affaires et au monde de la finance et depuis longtemps, bien des notables socialistes se sont pâmés d'aise à pouvoir frayer avec la "bonne société". François Hollande, 31 ans, est alors conseiller référendaire à la Cour des Comptes et maître de conférence à Sciences Po. Jean-Yves Le Drian, 38 ans, agrégé d'histoire, est député-maire de Lorient. Ces bourgeois de pouvoir disent leur credo libéral tout de go : "Il ne s'agit plus à la fin du XXe siècle d'assurer la représentation politique de la classe ouvrière alors que les catégories sociales perdent en cohésion et que le salariat s'est profondément recomposé, ou de renforcer encore l'Etat-Providence alors que celui-ci parvient de plus en plus difficilement à se financer et que les risques traditionnels sont correctement couverts".
Fini la lutte des classes, vive l'individualisme, la mondialisation économique et financière. Face "au capitalisme salvateur et au marché libérateur, prétendent en 1985 nos rénovateurs du PS, jamais les Français n'ont été aussi frileux devant les mutations, craintifs face à l'avenir, pessimistes sur leur destin, hostiles au changement et à la mobilité". Le travail lui aussi est devenu un "coût" qu'il faut baisser.
Jean-Pierre Jouyet, socialiste, très ami du couple formé alors par François Hollande et Ségolène Royal, n'hésite pas à collaborer avec la droite quand son intérêt l'exige. Directeur du Trésor de 2000 à 2004, il sera nommé par Nicolas Sarkozy, lorsque celui-ci devient ministre de l'Economie, "ambassadeur chargé des questions économiques". Dès l'élection de Sarkozy en 2007, il devient secrétaire d'Etat aux Affaires Européennes, poste qu'il quitte en 2008 pour la présidence de l'Autorité des marchés financiers.
Son épouse, Brigitte Taittinger, fille de Claude Taittinger et de Catherine de Suarez d'Aulan, est membre, selon le Bottin mondain, de l'Association d'entraide de la noblesse française (ANF). Elle a eu cinq enfants de son premier mariage avec le comte Nicolas de Warren, puis un enfant avec son second mari, Jean-Pierre Jouyet. Elle travaille dans le marketing et le luxe et a coprésidé Baccarat de 1997 à 2005, elle est aujourd'hui PDG des parfums Annick Goutal. Elle organise des dîners auxquels François Hollande est toujours le bienvenu. Autour de la table, son cousin germain, Christophe de Margerie, le P-DG de Total depuis 1974, vient apporter les dernières nouvelles du CAC 40 à ceux qui sont au cœur de la politique et des finances. Jean-Pierre Jouyet a été nommé par Hollande le 19 octobre 2012 à la tête de la Caisse des dépôts et consignations, le bras financier de l'Etat. Il est également le président de la Banque publique d'investissement (BPI), créée pour venir en aide aux petites et moyennes entreprises.
Matthieu Pigasse est membre du Parti socialiste et soutien inconditionnel de la candidature de François Hollande à l'Elysée, tout en étant banquier d'affaires à la tête de Lazard France et Europe. Il a travaillé au cabinet de Dominique Strauss-Kahn à Bercy. Puis il a continué chez Laurent Fabius où il a contribué à quelques privatisations. Il doit son entrée chez Lazard à Alain Minc mais c'est par goût personnel qu'en 2009, il a acheté l'hebdomadaire culturel Les Inrockuptibles.
De la même promotion Voltaire que François Hollande, on trouve Henri de la Croix de Castries. De sensibilité catholique et conservatrice, ce directeur général du groupe d'assurance AXA, neuvième groupe du monde, après avoir été suffisamment proche de Nicolas Sarkozy pour faire partie des invités de la fameuse fête du Fouquet's le 6 mai 2007, a soutenu la campagne de François Hollande avec une contribution de 7500 euros au cercle animé par Jean-Jacques Augier.
Jean-Hervé Lorenzi, professeur d'économie à Paris Dauphine, président du Cercle des économistes, a participé en tant qu'expert aux réflexions du candidat François Hollande. Il est également conseiller du directoire et banquier-conseil de la Compagnie Edmond de Rotschild Banque, administrateur de BNP Paribas Assurance et membre du Conseil de Surveillance de la compagnie financière Saint-Honoré.
Emmanuel Macron, jeune associé-gérant de la banque Rothschild, est devenu secrétaire général adjoint de l'Elysée puis ministre de l'Economie sans être membre du PS ni s'être présenté une fois devant le suffrage universel.
Cette liste de la finance sans nom et sans visage n'est pas exhaustive et il faudrait y ajouter André Martinez, qui a rencontré François Hollande en 1973 à HEC. Il fut responsable mondial du secteur hôtellerie de la banque américaine Morgan Stanley et c'est lui qui a représenté le candidat Hollande au forum de Davos en janvier 2012. Il y a encore Marc Ladreit de Lacharrière, actionnaire de la troisième agence de notation mondiale, Fich Ratings, qui a été l'un des fondateurs de la fondation Agir contre l'exclusion (FACE), créée par Martine Aubry, alors ministre du travail, en 1993. Nicolas Dufourcq, inspecteur des finances qui a participé à la privatisation d'une filiale de France Télécom, Wanadoo, et qui a été directeur financier de Cap Gemini, est nommé à la tête de la Banque Publique d'Investissement (BPI) censée aider les entreprises en difficulté.
Comment croire que les socialistes, dans leur grande majorité, pourraient mener une politique plus équitable à l'égard des travailleurs alors qu'ils sont formés dans les mêmes grandes écoles que les patrons et les politiciens de droite : ENA, Sciences Po, HEC et bien entendu Harvard ? Coupés du peuple avec le cumul des mandats - sur les 297 députés du groupe socialiste de l'Assemblée Nationale, on compte 207 cumulards - nombre d'élus socialistes, dans le souci de faire progresser leur carrière en politique, ont rejoint les intérêts de la classe dominante dont ils sont devenus les alliés objectifs. L'ensemble de la classe politique française pratique très majoritairement le cumul des mandats. Sur 577 députés, on n'en compte que 109 ne siégeant qu'à l'Assemblée Nationale. Et seuls 84 sénateurs sur 348 sont dans ce cas.
Ouvriers et employés qui constituent 52% de la population active, sont quasiment inexistants à l'Assemblée Nationale et au Sénat.
***
Un ministre socialiste bien introduit dans le monde des affaires : Pierre Moscovici
Le commissaire européen aux affaires économiques Pierre Moscovici, néo-libéral du PS depuis longue date, était avant de devenir le mandataire de la finance à Bruxelles "bien en phase avec les réseaux qui comptent. Membre du cercle de l'Union interalliée, à deux pas de l'Elysée, rue du Faubourg-Saint Honoré, il fréquente aussi le Siècle, dont les célèbres dîners, réunissant l'élite des hommes politiques et des journalistes, ont connu un certain succès médiatique, malgré la discrétion de l'Automobile Club de France qui les accueille place de la Concorde.
Pierre Moscovici fut aussi, de 2004 à 2012, l'un des vice-présidents du Cercle de l'Industrie... A ce poste, il a fréquenté le grand patronat qui constitue l'essentiel de ce cénacle. On y rencontre 41 P-DG ou directeurs généraux, de Christophe de Margerie (Total) à Jean Cyril Spinetta (Air France KLM), de Patrick Kron (Alstom) à Guillaume Pepy (SNCF). Le président de cette puissance assemblée est Philippe Varin, P-DG de PSA Peugeot Citroën... Ce cercle fut fondé en juin 1993 par Raymond H. Lévy, président de Renault, et par Dominique Strauss-Khan, qui avait été ministre délégué à l'Industrie et au Commerce Extérieur dans les gouvernements de Cresson et de Bérégovoy de mai 91 à mars 93...
Pierre Moscovici a été député de la circonscription de Sochaux-Montbéliard, fief de Peugeot, et tout naturellement il est le président de l'ACSIA, qui n'est autre que l'association des collectivités sites d'industrie automobile. La séparation des pouvoirs n'existe plus dans la classe dominante. La collusion des élites va de soi. A travers une intense sociabilité, cette classe sociale est la seule à être aussi mobilisée, au-delà même de certains clivages politiques, avec, pour point commun, l'adhésion au libéralisme économique. Les variantes d'orientation ne sont pas sans importance pour les travailleurs, mais un véritable changement de la condition des plus pauvres ne saurait venir d'agents sociaux englués dans la logique du profit capitaliste.
Première partie de la restitution du chapitre III de La violence des riches (Zones, 2013 - 17€)
Enquête de Michel Pinçon et Monique Pinçon Charlot - La violence des riches, 2013
Cette connivence entre les gouvernants et les dominants est démontrée.
Quand il prononce son discours du 6 mai 2012 où il déclare au Bourget que son véritable adversaire "n'a pas de nom, de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, pourtant il gouverne. Cet adversaire, c'est le monde de la finance", François Hollande a pour trésorier de campagne Jean-Jacques Augier, alors actionnaire de deux sociétés offshore aux îles Caïman, paradis fiscal des Caraïbes. Quelques jours après son discours du Bourget, Hollande dédramatise la situation pour la presse anglaise: "La gauche a été élu au gouvernement pendant quinze ans, au cours desquels nous avons libéralisé l'économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations". Sa conclusion est clair: "il n'y a pas à avoir peur".
"Les visages et les noms de la finance" lui sont en effet beaucoup moins inconnus qu'il ne l'a laissé entendre. Rappelons quelques-uns de ses amis ou de ses proches.
Jean-Pierre Jouyet, fils de notaire, est inspecteur général des finances après son passage à l'ENA où il a fait partie de la promotion Voltaire, celle de François Hollande.
Et c'est donc tout naturellement qu'ils ont rédigé ensemble le livre La Gauche bouge avec trois autres socialistes (Jean-Yves Le Drian, Jean-Pierre Mignard, Jean-Michel Gaillard) sous le pseudonyme de "Jean-François Trans". On y lit : "Finis les rêves, enterrées les illusions, évanouies les chimères. Le réel envahit tout. Les comptes doivent être forcément équilibrés, les prélèvements obligatoires abaissés, les effectifs de la police renforcés, la Défense Nationale préservée, les entreprises modernisées, l'initiative libérée". Ou encore: "Ce n'est pas par calcul ou par malignité que la gauche a accepté de laisser fermer les entreprises ou d'entamer le pouvoir d'achat des Français. C'est par lucidité. Refuser ces évolutions et c'en aurait été fait de la perspective d'une gestion régulière du pays par la gauche". Il s'agit d'oublier "nos frasques égalitaristes". Au passage ces trans-courants de la droite du PS affirment tout de go : "Il n'y a donc plus pour les socialistes de perspective concevable d'union avec le Parti Communiste français". Prolongement naturel de liens nouées antérieurement, les allées du pouvoir sont peuplées de gens appartenant aux milieux d'affaires et au monde de la finance et depuis longtemps, bien des notables socialistes se sont pâmés d'aise à pouvoir frayer avec la "bonne société". François Hollande, 31 ans, est alors conseiller référendaire à la Cour des Comptes et maître de conférence à Sciences Po. Jean-Yves Le Drian, 38 ans, agrégé d'histoire, est député-maire de Lorient. Ces bourgeois de pouvoir disent leur credo libéral tout de go : "Il ne s'agit plus à la fin du XXe siècle d'assurer la représentation politique de la classe ouvrière alors que les catégories sociales perdent en cohésion et que le salariat s'est profondément recomposé, ou de renforcer encore l'Etat-Providence alors que celui-ci parvient de plus en plus difficilement à se financer et que les risques traditionnels sont correctement couverts".
Fini la lutte des classes, vive l'individualisme, la mondialisation économique et financière. Face "au capitalisme salvateur et au marché libérateur, prétendent en 1985 nos rénovateurs du PS, jamais les Français n'ont été aussi frileux devant les mutations, craintifs face à l'avenir, pessimistes sur leur destin, hostiles au changement et à la mobilité". Le travail lui aussi est devenu un "coût" qu'il faut baisser.
Jean-Pierre Jouyet, socialiste, très ami du couple formé alors par François Hollande et Ségolène Royal, n'hésite pas à collaborer avec la droite quand son intérêt l'exige. Directeur du Trésor de 2000 à 2004, il sera nommé par Nicolas Sarkozy, lorsque celui-ci devient ministre de l'Economie, "ambassadeur chargé des questions économiques". Dès l'élection de Sarkozy en 2007, il devient secrétaire d'Etat aux Affaires Européennes, poste qu'il quitte en 2008 pour la présidence de l'Autorité des marchés financiers.
Son épouse, Brigitte Taittinger, fille de Claude Taittinger et de Catherine de Suarez d'Aulan, est membre, selon le Bottin mondain, de l'Association d'entraide de la noblesse française (ANF). Elle a eu cinq enfants de son premier mariage avec le comte Nicolas de Warren, puis un enfant avec son second mari, Jean-Pierre Jouyet. Elle travaille dans le marketing et le luxe et a coprésidé Baccarat de 1997 à 2005, elle est aujourd'hui PDG des parfums Annick Goutal. Elle organise des dîners auxquels François Hollande est toujours le bienvenu. Autour de la table, son cousin germain, Christophe de Margerie, le P-DG de Total depuis 1974, vient apporter les dernières nouvelles du CAC 40 à ceux qui sont au cœur de la politique et des finances. Jean-Pierre Jouyet a été nommé par Hollande le 19 octobre 2012 à la tête de la Caisse des dépôts et consignations, le bras financier de l'Etat. Il est également le président de la Banque publique d'investissement (BPI), créée pour venir en aide aux petites et moyennes entreprises.
Matthieu Pigasse est membre du Parti socialiste et soutien inconditionnel de la candidature de François Hollande à l'Elysée, tout en étant banquier d'affaires à la tête de Lazard France et Europe. Il a travaillé au cabinet de Dominique Strauss-Kahn à Bercy. Puis il a continué chez Laurent Fabius où il a contribué à quelques privatisations. Il doit son entrée chez Lazard à Alain Minc mais c'est par goût personnel qu'en 2009, il a acheté l'hebdomadaire culturel Les Inrockuptibles.
Comment croire que les socialistes, dans leur grande majorité, pourraient mener une politique plus équitable à l'égard des travailleurs alors qu'ils sont formés dans les mêmes grandes écoles que les patrons et les politiciens de droite
De la même promotion Voltaire que François Hollande, on trouve Henri de la Croix de Castries. De sensibilité catholique et conservatrice, ce directeur général du groupe d'assurance AXA, neuvième groupe du monde, après avoir été suffisamment proche de Nicolas Sarkozy pour faire partie des invités de la fameuse fête du Fouquet's le 6 mai 2007, a soutenu la campagne de François Hollande avec une contribution de 7500 euros au cercle animé par Jean-Jacques Augier.
Jean-Hervé Lorenzi, professeur d'économie à Paris Dauphine, président du Cercle des économistes, a participé en tant qu'expert aux réflexions du candidat François Hollande. Il est également conseiller du directoire et banquier-conseil de la Compagnie Edmond de Rotschild Banque, administrateur de BNP Paribas Assurance et membre du Conseil de Surveillance de la compagnie financière Saint-Honoré.
Emmanuel Macron, jeune associé-gérant de la banque Rothschild, est devenu secrétaire général adjoint de l'Elysée puis ministre de l'Economie sans être membre du PS ni s'être présenté une fois devant le suffrage universel.
Cette liste de la finance sans nom et sans visage n'est pas exhaustive et il faudrait y ajouter André Martinez, qui a rencontré François Hollande en 1973 à HEC. Il fut responsable mondial du secteur hôtellerie de la banque américaine Morgan Stanley et c'est lui qui a représenté le candidat Hollande au forum de Davos en janvier 2012. Il y a encore Marc Ladreit de Lacharrière, actionnaire de la troisième agence de notation mondiale, Fich Ratings, qui a été l'un des fondateurs de la fondation Agir contre l'exclusion (FACE), créée par Martine Aubry, alors ministre du travail, en 1993. Nicolas Dufourcq, inspecteur des finances qui a participé à la privatisation d'une filiale de France Télécom, Wanadoo, et qui a été directeur financier de Cap Gemini, est nommé à la tête de la Banque Publique d'Investissement (BPI) censée aider les entreprises en difficulté.
Comment croire que les socialistes, dans leur grande majorité, pourraient mener une politique plus équitable à l'égard des travailleurs alors qu'ils sont formés dans les mêmes grandes écoles que les patrons et les politiciens de droite : ENA, Sciences Po, HEC et bien entendu Harvard ? Coupés du peuple avec le cumul des mandats - sur les 297 députés du groupe socialiste de l'Assemblée Nationale, on compte 207 cumulards - nombre d'élus socialistes, dans le souci de faire progresser leur carrière en politique, ont rejoint les intérêts de la classe dominante dont ils sont devenus les alliés objectifs. L'ensemble de la classe politique française pratique très majoritairement le cumul des mandats. Sur 577 députés, on n'en compte que 109 ne siégeant qu'à l'Assemblée Nationale. Et seuls 84 sénateurs sur 348 sont dans ce cas.
Ouvriers et employés qui constituent 52% de la population active, sont quasiment inexistants à l'Assemblée Nationale et au Sénat.
***
Un ministre socialiste bien introduit dans le monde des affaires : Pierre Moscovici
Le commissaire européen aux affaires économiques Pierre Moscovici, néo-libéral du PS depuis longue date, était avant de devenir le mandataire de la finance à Bruxelles "bien en phase avec les réseaux qui comptent. Membre du cercle de l'Union interalliée, à deux pas de l'Elysée, rue du Faubourg-Saint Honoré, il fréquente aussi le Siècle, dont les célèbres dîners, réunissant l'élite des hommes politiques et des journalistes, ont connu un certain succès médiatique, malgré la discrétion de l'Automobile Club de France qui les accueille place de la Concorde.
"La séparation des pouvoirs n'existe plus dans la classe dominante."
Pierre Moscovici fut aussi, de 2004 à 2012, l'un des vice-présidents du Cercle de l'Industrie... A ce poste, il a fréquenté le grand patronat qui constitue l'essentiel de ce cénacle. On y rencontre 41 P-DG ou directeurs généraux, de Christophe de Margerie (Total) à Jean Cyril Spinetta (Air France KLM), de Patrick Kron (Alstom) à Guillaume Pepy (SNCF). Le président de cette puissance assemblée est Philippe Varin, P-DG de PSA Peugeot Citroën... Ce cercle fut fondé en juin 1993 par Raymond H. Lévy, président de Renault, et par Dominique Strauss-Khan, qui avait été ministre délégué à l'Industrie et au Commerce Extérieur dans les gouvernements de Cresson et de Bérégovoy de mai 91 à mars 93...
Pierre Moscovici a été député de la circonscription de Sochaux-Montbéliard, fief de Peugeot, et tout naturellement il est le président de l'ACSIA, qui n'est autre que l'association des collectivités sites d'industrie automobile. La séparation des pouvoirs n'existe plus dans la classe dominante. La collusion des élites va de soi. A travers une intense sociabilité, cette classe sociale est la seule à être aussi mobilisée, au-delà même de certains clivages politiques, avec, pour point commun, l'adhésion au libéralisme économique. Les variantes d'orientation ne sont pas sans importance pour les travailleurs, mais un véritable changement de la condition des plus pauvres ne saurait venir d'agents sociaux englués dans la logique du profit capitaliste.
Première partie de la restitution du chapitre III de La violence des riches (Zones, 2013 - 17€)
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