La situation politique critique que traverse la gauche n’est pas sans vertu pour l’avenir, c’est ce dont j’aimerai convaincre dans ce billet. Au milieu du chaos idéologique que suscitent la déchéance de nationalité, la déchéance des droits sociaux (autrement dit la loi El Khomri sur la réforme du code du travail) et la défiance généralisée vis-à-vis de partis politiques, il y a malgré tout quelques raisons d’espérer.
D’abord, parce que le gouvernement à force de scier la branche sur laquelle il est assis (sa majorité) arrive en bout de course. Va-t-il emporter la gauche dans sa chute ? C’est la question que tout le monde se pose. Hollande et Valls auront-ils discrédité toute politique de gauche au point qu’une véritable alternative à gauche ne puisse surgir ?
La forfaiture du quinquennat Hollande aura au moins un mérite : clarifier la situation sur l’échiquier politique. Les sociaux libéraux réformistes du Parti socialiste ne peuvent plus prétendre diriger le pays très longtemps. Espérons que l’aile gauche du PS, les « archaïques » comme les appellent Valls, ceux qui revendiquent encore une orientation socialiste, en sortiront renforcés. Mais il est trop tôt affirmer la recomposition d’une opposition majoritaire au sein du PS.
Bref, pour l’électorat de gauche Hollande ne mène pas une politique de gauche et le PS n’est pas digne de confiance, il lui a clairement fait savoir dans les urnes depuis les Présidentielles. Une fois fait le ménage à gauche, force est de constater que la gauche est condamnée à l’unité. Un rassemblement rouge, rose, vert et citoyen est devenu impératif sous peine de partir aux prochaines élections comme à l’échafaud. Sous la contrainte des événements la gauche se retrouve obligée de surmonter ses divisions afin de proposer une candidature unitaire pour avoir la moindre chance de l’emporter.
La sélection d’un candidat unitaire aux élections Présidentielles, c’est l’objet d’une primaire. Mais d’une vraie primaire de la gauche. Pas cette mascarade où le PRG faisait de la figuration et qui a vu Hollande consacré candidat. Non, une primaire de toute la gauche, pour tous ceux qui souhaitent une alternative à la politique libérale du gouvernement.
Il faut commencer par sortir rapidement de cette ambiguïté mortifère entretenue sciemment pas la direction du PS : Hollande ne peut pas se présenter aux primaires ni l’un des complices de sa politique. Nul besoin d’une primaire pour reconduire la politique actuelle, il suffit d’un plébiscite des Français, qui ont eu tout loisir d’observer Hollande durant cinq ans, pour qu’il soit le candidat naturel à sa propre succession. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec 17% d’opinions favorables, ce n’est pas le cas. Arrêtons les hypocrisies, qui peut imaginer Hollande concourir avec Clémentine Autin, Pierre Laurent, Yannick Jadot, Isabelle Attard, Gérard Filoche ou encore Thomas Piketty comme certains le souhaitent… et envisager que tout ce petit monde se rangeraient derrière-lui dans le cas improbable où le Président de la République sortirait vainqueur des primaires de la gauche (sans se faire lyncher) ?
Plus sérieusement, les primaires sont l’occasion de légitimer une candidature qui fera l’unanimité à gauche afin de créer la dynamique de rassemblement dont nous avons absolument besoin pour faire échec à la droite et à l’extrême-droite. Pour cela, il faut au préalablement travailler l'élaboration citoyenne d'une plateforme, d'un socle commun répondant aux principales préoccupations et doléances des citoyens. Préparer dans chaque ville des assemblées citoyennes où puisse émerger une démocratie sociale en prise avec les salariés, les chômeurs, les jeunes, les retraités, tous ceux qui souffrent de la politique menée depuis 5 ans. C’est le discours tenu par les partisans d’une primaire.
Dans ce scénario, la candidature auto-proclamée de Mélenchon pose problème. En partant seul dans son couloir, il oublie les leçons de la Ve République : « au premier tour d’abord rassembler son camp ». Il compromet ainsi toutes les chances de la gauche de gagner. Si la seule personne de Mélenchon permettait de changer la donne, cela ferait longtemps que le Parti de gauche serait le premier parti de France ou la M6R le nouveau Podemos. Alors pourquoi réussirait-il demain ce qu’il n’a pas réussi à faire en 5 ans ? La vérité crue derrière l’emballement des premiers jours, c’est que seulement 1500 adhérents se sont déplacés au dernier congrès du PG et la M6R est un fiasco sur le terrain de la mobilisation. Le Parti de Gauche en jouant la carte de l’homme providentiel encourage la multiplication des candidatures. Car vouloir passer en force pour imposer son leader charismatique à toute la gauche, c’est condamner ses partenaires à la mort politique. Ce n’est pas acceptable. Espérons que les futurs sondages ramèneront les esprits à la raison et que Mélenchon rejoindra les primaires afin de faire bénéficier la gauche de son talent dans un cadre collectif et démocratique. Mélenchon a fait 4 millions de voix en 2012 avec le Front de gauche derrière-lui et cela n'a pas suffit pour passer le premier tour. La division c'est l'échec assuré, même la droite l'a compris qui fait sa primaire.
Ce n’est jamais que dans l’unité que la gauche peut l’emporter. Ce fut le cas du Front populaire en 1936, de la victoire de 1981 héritière du programme commun, de la Gauche Plurielle en 1997. Les conditions sont aujourd’hui réunies pour un rassemblement sur des bases progressistes de transformation sociale. Le voile s’est enfin déchiré du côté du PS qui n’est plus en mesure de dicter ses conditions, l’électorat de gauche a perdu ses illusions et on peut penser qu’il est en attente d'un discours de vérité. Personne est en mesure de soupçonner aujourd’hui ce que représentera la force d’entrainement d’une mobilisation unitaire à gauche. Bien au-delà des appareils politiques, l’espoir d’une victoire de la gauche en 2017 est suspendu au regroupement de toutes les forces sociales.
Force est de constater que le peuple Français, jeunes et moins jeunes, sera dans la rue ce jour et biens d'autres qui s'annoncent...contre quoi, contre qui ? Un "gouvernement" de la droite socialiste ! Oui nous avons été trompé,bernés et même ce qui est définitivement inscrit ds la mémoire collective de nos concitoyens socialistes militants de base, sympathisants et autres français françaises communistes, écologistes de terrain (et non de salon)et tout simplement un Peuple qui a voté pour Hollande pour que Le changement advienne enfin... Ce qui est donc inscrit ds cette mémoire collective c'est que les "responsables" socialistes mentent !
RépondreSupprimerC'est trop facile de s'abriter derrière le masque de la "représentativité d'un gouvernement" de tous les Français.
Croyez vous un instant que nos concitoyens ouvriers, petits ou grands cadres de droite soient tous d'accord pour accepter des décennies de négociations et autres accords sociaux qui améliorent indiscutablement le sort de tous !
Arrêtons de subir les messages subliminaux ou bien plus directs diffusés par la sphère politico-médiatique aux "ordres" (comme sous sarko Ier et dernier)qui veulent ns culpabiliser face aux impératifs de la mondialisation !Non, nous ne voulons pas devenir un pays de "petits bourgeois" bien policés !
Quant aux Primaires : Pourquoi toujours et encore attendre l'Homme ou la Femme providentiel. Ce mythe politique nous use. La primaire est un piège nous en payons les conséquences tous les jours!
Si nous ne refondons pas avant 6 mois un programme collectif de Gauche Progressive, c'en est fini pour la notion même d'une Gauche Française.Ne me dites pas que les personnalités, intellectuels, sociologues et politologues (et même politiques)ne sont pas capables de se fédérer pour : penser, rédiger et mobiliser au tour d'une Nouvelle Société clairement fondée sur des principes de Gauche. Principes qui luttent effectivement contre ceux, très clairs eux,du néo-libéralisme triomphant ! Qui engendre lui même la réaction FN partout en France !
Non à des primaires, s'il ne s'agit que d'un combat d'ego.
RépondreSupprimerOui à un travail de toute la (vraie) gauche pour élaborer une plateforme commune.
Ce travail est difficile, rappelons-nous l'élaboration du "programme commun" avant les présidentielles de 1981.
Mais, sans lui, la gauche n'aurait pas remporté ces élections.