Par Aurore Lalucq | 22/06/2017 | Codirectrice de l'Institut Veblen pour les réformes économiques
La volonté du gouvernement de flexibiliser les emplois amènera à une précarisation des conditions de travail qui va irrémédiablement à l’encontre de la transition écologique. Des pays anglo-saxons à l’Allemagne, la flexibilisation du marché du travail s’est certes traduite par des créations d’emplois, mais des emplois mal rémunérés et peu protégés. On peut considérer qu’il vaut mieux être mal employé que chômeur, c’est un choix de société. Mais il faut être conscient que ce choix, par l’accroissement des inégalités qu’il provoque, est aussi complètement anti-écologique.
En effet, inégalités sociales et inégalités écologiques s’auto-alimentent. Un phénomène parfaitement décrit dans le livre de l’économiste Eloi Laurent et du syndicaliste Philippe Pochet. Les deux auteurs y montrent comment les inégalités sociales favorisent l’irresponsabilité écologique des plus riches (via un transfert des dommages environnementaux des riches vers les pauvres), affectent la santé des plus pauvres (les plus défavorisés sont aussi les plus touchés par les vagues de canicule par exemple) et participent à une relance inutile de la croissance (on préfère aller toujours plus loin dans la taille du gâteau plutôt que mieux le partager).
Par ailleurs, comme le notent plusieurs études, notamment les travaux de Lucas Chancel et de Thomas Piketty, les plus aisés sont ceux qui polluent le plus. Et leur mode consommation, en devenant la norme à atteindre, engendre des comportements mimétiques qui poussent à la surconsommation.
Les 35 heures sont écolos
La volonté du gouvernement de revenir sur les 35 heures va elle-aussi à l’encontre de la transition écologique. L’économiste et sociologue américaine Juliet Schor fut l’une des premières à mettre en évidence le lien entre surconsommation (overconsuption) et surtravail (overwork) aux Etats-Unis. Les conclusions de son étude étaient sans appel : plus les Américains travaillent, plus ils consomment, notamment des produits très impactant pour l’environnement (avions, biens transformés, etc.).
Un constat renforcé par des études du Center for Economic and Policy Research (CEPR) de Washington. Deux chercheurs, David Rosnick et Mark Weisbrot, mettent en évidence que les différences d’impacts environnementaux entre l’Union européenne et les Etats-Unis s’expliquent par la différence de temps de travail. Selon leurs analyses, si les Européens adoptaient un temps de travail équivalent à celui des Américains, ils consommeraient 30 % d’énergie en plus. Plus intéressant encore, les deux chercheurs notent qu’à l’inverse, si les Etats-Unis avaient adopté les standards européens de temps de travail, leurs émissions de CO2 en 2000 auraient été 7 % moindre que celles de 1990 !
Le chercheur Jonas Nässén montre également qu’une réduction de 1 % du temps de travail engendrerait une baisse de la consommation d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre de 0,8 % en moyenne et qu’une semaine de travail de 30 heures faciliterait l’atteinte des objectifs de réduction des émissions. Pour tous ces chercheurs, la conclusion est claire : réduction du temps de travail et transition écologique sont indissociables.
En revenant sur les 35 heures et en menant une politique de flexibilisation du marché du travail, le gouvernement fragilise les plus pauvres et exclut en outre la possibilité de mener sérieusement la transition écologique. Il va donc falloir choisir entre idéologie et pragmatisme. Et il semble bien, malheureusement, que le gouvernement ait déjà arbitré.
En effet, inégalités sociales et inégalités écologiques s’auto-alimentent. Un phénomène parfaitement décrit dans le livre de l’économiste Eloi Laurent et du syndicaliste Philippe Pochet. Les deux auteurs y montrent comment les inégalités sociales favorisent l’irresponsabilité écologique des plus riches (via un transfert des dommages environnementaux des riches vers les pauvres), affectent la santé des plus pauvres (les plus défavorisés sont aussi les plus touchés par les vagues de canicule par exemple) et participent à une relance inutile de la croissance (on préfère aller toujours plus loin dans la taille du gâteau plutôt que mieux le partager).
Les plus défavorisés sont aussi les plus touchés par les vagues de canicule.
Par ailleurs, comme le notent plusieurs études, notamment les travaux de Lucas Chancel et de Thomas Piketty, les plus aisés sont ceux qui polluent le plus. Et leur mode consommation, en devenant la norme à atteindre, engendre des comportements mimétiques qui poussent à la surconsommation.
Les 35 heures sont écolos
La volonté du gouvernement de revenir sur les 35 heures va elle-aussi à l’encontre de la transition écologique. L’économiste et sociologue américaine Juliet Schor fut l’une des premières à mettre en évidence le lien entre surconsommation (overconsuption) et surtravail (overwork) aux Etats-Unis. Les conclusions de son étude étaient sans appel : plus les Américains travaillent, plus ils consomment, notamment des produits très impactant pour l’environnement (avions, biens transformés, etc.).
Un constat renforcé par des études du Center for Economic and Policy Research (CEPR) de Washington. Deux chercheurs, David Rosnick et Mark Weisbrot, mettent en évidence que les différences d’impacts environnementaux entre l’Union européenne et les Etats-Unis s’expliquent par la différence de temps de travail. Selon leurs analyses, si les Européens adoptaient un temps de travail équivalent à celui des Américains, ils consommeraient 30 % d’énergie en plus. Plus intéressant encore, les deux chercheurs notent qu’à l’inverse, si les Etats-Unis avaient adopté les standards européens de temps de travail, leurs émissions de CO2 en 2000 auraient été 7 % moindre que celles de 1990 !
Pour tous ces chercheurs, la conclusion est claire : réduction du temps de travail et transition écologique sont indissociables.
Le chercheur Jonas Nässén montre également qu’une réduction de 1 % du temps de travail engendrerait une baisse de la consommation d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre de 0,8 % en moyenne et qu’une semaine de travail de 30 heures faciliterait l’atteinte des objectifs de réduction des émissions. Pour tous ces chercheurs, la conclusion est claire : réduction du temps de travail et transition écologique sont indissociables.
En revenant sur les 35 heures et en menant une politique de flexibilisation du marché du travail, le gouvernement fragilise les plus pauvres et exclut en outre la possibilité de mener sérieusement la transition écologique. Il va donc falloir choisir entre idéologie et pragmatisme. Et il semble bien, malheureusement, que le gouvernement ait déjà arbitré.
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