Par Frédéric Lutaud
Voilà, nous y sommes. Le Front national est en mesure de diriger plusieurs régions de France. La peste brune est à nos portes. Je ne parle pas des milliers de Français qui ont voté FN par protestation mais de ceux qui demain vont siéger en nombre dans les Conseils régionaux. Quoi qu’il advienne au deuxième tour, c’est un jour sombre pour la gauche et tous ceux qui croient dans le progrès social. C’est la défaite de la pensée et la responsabilité en revient principalement au Parti socialiste. Ce Parti socialiste dont je fus membre du Bureau national pendant trois ans et où, avec mes camarades, nous n’avons cessé d’alerter la direction sur la politique irresponsable du gouvernement, de combattre la dérive libérale ahurissante incarnée par Valls et Macron. Mais rien à faire ! Ce que tout le monde pouvait prévoir après trois débâcles électorales, les patrons de Solférino ont préféré l’ignorer. Il fallait les entendre : « les Français ne comprennent pas la politique du gouvernement, il faut leur expliquer, c’est un problème de communication, pas un problème d’orientation politique ». Ils ont ainsi précipité le mouvement par lâcheté, par complaisance servile vis-à-vis du pouvoir, par aveuglement suicidaire avec prime à l’incompétence, mais surtout par démission devant tout ce qui représente un idéal de gauche. Avec, bien sûr, ce mépris condescendant que peuvent témoigner ceux qui sont en fonction tandis que vous n’êtes que dans l’opposition. Vous ne faites pas partie du sérail, vous ne participez pas aux basses manœuvres électorales. C’est précisément cette politique que nous avons refusée, car c’est la politique du désastre. Les attentats du 13 Novembre ne furent qu'une occasion supplémentaire à mobiliser l'électorat frontiste.