INTERVIEW Rémi Lefebvre, professeur de sciences
politiques, spécialiste du PS, décrypte le résultat du vote des militants
sur les motions en vue du congrès de Poitiers.
"Manuel Valls a intérêt à détruire le vaisseau socialiste pour espérer le reconstruire après 2017."
"Manuel Valls a intérêt à détruire le vaisseau socialiste pour espérer le reconstruire après 2017."
Les bons résultats de la motion A mettent-t-ils un point
final aux dissensions internes du PS ?
Le bon score de la motion A, celle portée par
Jean-Christophe Cambadélis, n’augure pas une sortie de crise pour autant. Les
frondeurs vont veiller à lui rappeler les propositions contenues dans sa
motion, par ailleurs très critique à l’égard du gouvernement. Par exemple, ils
vont pousser le gouvernement à lancer la fusion de l’impôt sur le revenu et de
la CSG, l’une des mesures phares de la motion A, signée par les membres du
gouvernement. En un mot, les frondeurs, qui se veulent les gardiens du temple
du discours du Bourget de 2012 où François Hollande avait tenu des propos très
à gauche, ne vont pas se taire.
Est-ce un échec pour la motion B des frondeurs ?
Le Parti socialiste est un parti de cadres où 60% de ses
membres sont des élus ou des collaborateurs d’élus. Dans leur grande majorité,
ces derniers qui tiennent et animent les sections locales, ont préféré parier
sur l’unité du parti en soutenant la motion A plutôt que de jouer l’éclatement
du PS. Cela explique en très grande partie les bons scores de la motion de Jean-Christophe
Cambadélis. A l’inverse, la motion B de Christian Paul a pâti de la fuite
du PS des adhérents les plus à gauche. En désaccord avec la ligne économique
portée par le gouvernement, ils ont quitté le navire ou alors ils ne se sont
pas déplacés.
Comment expliquer la faible participation au scrutin ?
Le véritable enseignement de ce congrès, c’est la faible
participation des militants pour le vote des motions qui fixe l’orientation
politique du PS. Seuls 70.000 adhérents se sont déplacés. Pour un parti de
gouvernement, au pouvoir depuis deux ans et demi, c’est ridicule. Cela confère
au PS une légitimité extrêmement basse. Il est vrai que la base électorale du
parti a subi une forte hémorragie. Le chiffre officiel de 140.000 totalise les
adhérents, qui souvent ne militent pas. Mais seulement 60.000 militants sont à
jour de cotisation. Le parti socialiste n’est
plus du tout en phase avec la société française. Tout comme il n’est plus en
prise avec les intellectuels, les associations, les syndicats… Il est
aujourd’hui recroquevillé sur lui-même et vit dans un entre-soi.
Pour le Parti Socialiste, quel
a été l’impact des défaites aux différents scrutins intermédiaires
(municipales, européennes, départementales) ?
Le PS est en train de se détruire. La défaite aux élections
départementales va créer un délitement de l’organisation. C’est un parti d’élus
locaux, basé notamment sur les maires. Et l’échec aux départementales survient
après la saignée des municipales, où les socialistes avaient perdu un tiers des
villes. Jamais un parti n’avait subi une telle défaite aux élections locales
depuis 1945. Après les maires, qui avaient été souvent recasés dans les équipes
parlementaires ou dans les cabinets ministériels, beaucoup de conseillers
généraux vont se retrouver sur le carreau. Et ce sont eux, avec leurs
collaborateurs, qui font vivre les sections locales du PS. Dans certains
départements, le parti n’existe que parce qu’il détient le conseil général.
Ce scénario va-t-il se répéter en décembre prochain aux
régionales ?
Il ne va presque plus rien rester du parti ! Les conseils
régionaux emploient aussi beaucoup de cadres du PS. Et la défaite probable sera
accentuée par le mode de scrutin de listes, qui permet de se présenter au
deuxième tour si l’on atteint 10% des suffrages. Souvent, les candidats
socialistes seront derrière ceux du Front National. Et pour respecter leur
engagement à faire échec au FN, ils se retireront et n’auront donc aucun élu.
Quelle est la tactique de Manuel Valls, représentant
de l'aile droite du parti, pour aborder le congrès ?
Il a une stratégie de la terre brûlée. De fait, Manuel Valls a
intérêt à détruire le vaisseau socialiste pour espérer le reconstruire après
2017. Sans frondeurs et vers le centre-gauche. Il est habile. Il va enjamber le
prochain congrès du PS en évitant l’affrontement. Et il attend que le parti se
délite pour pouvoir mieux "l’assainir".
La perspective de la réduction des inégalités, d'un socialisme de partage,de progrès, s'est exprimée lots de la primaire. Hollande avec le discors du Bourget lui a donné, pensait-on un visage, une volonté. C'est sur ce terreau qu'il faut planter l'espoir de renover le Ps. Et il y a surement des bonnes volontés à accueillir, venant de la motion A. avec 20000 B, on doit pouvoir susciter enthousiame pour une refondation. A ceux qui connaissent les noms et adresses des votants de la primaire, d'organiser du porte à porte et de l'Internet !
RépondreSupprimer