Par Frédéric Lutaud
Membre du Bureau national du Parti socialiste pour la motion 4
"Ne perdons pas de vue que le chômage
de masse et l’exclusion font le lit
des extrémistes de tous bords."
Cher(e)s camarades,
L’émotion qui nous étreint ne doit pas nous faire oublier une lecture politique,
économique et sociale de la situation. C’est notre devoir, c’est la responsabilité
du Parti socialiste. Quand la misère progresse, une frange de la population se
radicalise. C’est ce à quoi nous assistons : montée du Front national et exacerbation
des fanatismes religieux. Nationalisme xénophobe et fondamentalisme antisémite
sont les deux faces d’une même pièce : le repli identitaire.
Bien sûr, il y a des raisons géopolitiques à ces attentats. Je ne
reviendrai pas sur l’Afghanistan, le pillage de l’Irak, la Syrie, Daesh, les conséquences
de la politique internationale américaine en général. Mais nous avons de lourdes
responsabilités sur notre territoire :
- 800 000 chômeurs de plus depuis que François Hollande est au
pouvoir.
- 82% de la population gagnent à peine plus que le Smic.
- Les salaires sont anémiques.
- 24% des SDF travaillent.
- La dernière étude du Secours populaire témoigne que « de plus en
plus de français en sont réduits à survivre ».
Il faut comprendre que la courbe de la radicalisation suit la courbe de
la paupérisation. Acceptons de nous interroger sur nos choix politiques. Ces banlieues
que nous avons abandonnées ne sont pas par hasard des foyers où les esprits les
plus fragiles se font manipulés. Ceux qui ont été recrutés pour ces attentats
ne viennent pas de nulle part, nous connaissons les quartiers en difficulté où
ils ont grandi, la délinquance à laquelle ils se sont livrés, les prisons qu’ils
ont fréquentées. Le fanatisme religieux n’est pas le privilège des classes
défavorisées – ce serait trop simple – car nous vivons une crise sociale qui s’accompagne
d’une crise morale généralisée. Aussi, la laïcité est un rempart bien fragile face aux
dérives communautaires quand l’ascenseur social ne fonctionne plus. Aucune école,
aucune prison ne pourra nous protéger du désespoir des populations frappées par
les inégalités sociales.
Nous devons défendre les valeurs républicaines qui sont les nôtres, celles qui nous rassemblent dans cette salle, mais si elles s’accompagnent de la dignité humaine, c’est mieux ! Ne perdons pas de vue que le chômage de masse et l’exclusion font le lit des extrémistes de tous bords. La loi Macron ne fera qu’aggraver la situation. Continuer à rembourser les banques au lieu de nourrir les populations ne préservera jamais l’unité nationale.
Si nous ne remettons pas en cause les orientations libérales qui
désagrègent le tissu social, nous ne comprenons plus rien. C’est le « choc
des civilisations » et le règne des amalgames.
Les attentats odieux qui ont fait de nombreuses victimes innocentes résonnent
comme une déflagration dans nos consciences politiques. Je finirai donc sur ces
mots : si nous ne changeons pas de politique, alors ceux qui ont perdu la
vie seront morts pour rien.
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