Membre du bureau national du PS, Gérard Filoche était à Athènes pour
assister à la victoire annoncée de Syriza. Pour lui, les socialistes doivent
s'en inspirer s'ils ne veulent pas subir le sort de leurs cousins grecs.
Gérard Filoche a tenu à être
présent à Athènes (Grèce), dimanche 25 janvier, pour assister à la victoire
annoncée d'Alexis Tsipras et de son parti de gauche anti-austérité Syriza.
Gérard Filoche voit dans ce succès électoral "une bonne nouvelle pour tous les peuples d'Europe" et
invite ses camarades socialistes à s'inspirer d'Alexis Tsipras. Francetv info
l'a interviewé, quelques heures après son retour en France.
Francetv info : Comment avez-vous vécu ces dernières heures ?
Gérard Filoche : Je viens tout juste de rentrer de Grèce, où j'ai
passé quatre jours. Cela faisait quelque temps que je n'avais pas vu Athènes et
c'est un désastre, un peu comme après une guerre. J'ai vu des maisons
entièrement abandonnées, des étages d'immeubles vidés. J'ai vu des chèvres et
des poules sur les toits et les terrasses. Les gens ont été obligés de
réactiver le troc, les échanges parallèles. C'est le résultat de cinq ans de
pillage criminel de la part des banquiers.
Mais hier soir, il y avait une ambiance de fête. J'ai rencontré un
professeur de lettres modernes. Un homme extrêmement digne, brillant, cultivé.
Cet homme très réservé avait du mal à retenir ses larmes hier soir. Il y avait
une espèce de rage chez lui, il disait : "Après tout ce mal
qu'on a fait à la Grèce, enfin, les choses bougent !" Tsipras l'a
dit : le vote du peuple grec annule l'austérité, tout va se jouer
là-dessus. Vous avez fait baisser les salaires ? C'est fini ! On
augmente le salaire minimum. Vous avez fait baisser les retraites ? C'est fini !
On les augmente. Vous avez fermé des hôpitaux, des universités ? C'est
fini ! On redéveloppe les services publics. J'ai pu voir Tsipras
quelques minutes, j'en étais très honoré, je l'ai félicité.
Quels enseignements peut-on en tirer pour la France ?
Si le Parti socialiste ne change pas, il va connaître le sort du Pasok [le
Parti socialiste grec, qui n'a recueilli que 4,68% des voix, derrière le parti d'extrême droite Aube
dorée]. Ça a commencé aux municipales et aux européennes, ça va se confirmer
aux départementales et aux régionales.
Il y a une telle déception vis-à-vis de la politique d'austérité qui
est menée en France ! On n'est pas encore au niveau de la Grèce, mais le
processus est le même, on a juste deux ans de retard. La France n'a jamais été
aussi riche et on enlève des sous de partout. Quand vous retirez
50 milliards d'euros dans les dépenses publiques, cela veut dire qu'il va
manquer des choses dans tous les secteurs de la vie quotidienne.
Le PS doit donc s'inspirer de Syriza ?
Bien sûr qu'il doit s'en inspirer. Le PS n'a que deux choix : cap
à gauche ou cap vers le suicide. Comment de grands partis comme le PS et le
Pasok peuvent-ils se suicider ainsi ? Les socialistes sont accusés d'aimer
le pouvoir et les ors de la République, mais c'est faux, parce qu'ils vont les
perdre.
Il faut faire comme Tsipras. Il faut augmenter immédiatement les
salaires. Il ne faut pas baisser le coût du travail, au contraire, il faut
l'augmenter. Il ne faut pas dépenser moins, il faut dépenser plus. Et, en
parallèle, il faut aussi unir la gauche. Moi, je suis pour un gouvernement
rose-rouge-vert. Je ne suis pas pour l'unité avec le Medef, je suis pour
l'unité de la gauche. Il faut discuter avec Cécile Duflot et
Jean-Luc Mélenchon, pas avec les patrons. Cherchons un programme commun.
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