Par Frédéric Lutaud, membre du Bureau national du PS
« Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger les conquêtes sociales alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la libération, période où l’Europe était ruinée ? »
Stéphane Hessel 2010
Nous venons de prendre connaissance du projet de réforme des retraites du gouvernement et c’est avec déception que nous constatons l’incohérence des dispositions. Certaines vont dans le bon sens mais sont immédiatement contredites par l’orientation générale. Ce qui aurait pu être une mesure phare du quinquennat de François Hollande accouche finalement d’une logique comptable déséquilibrée et sans envergure.
Certes, il y a bien la création d’un compte personnel de prévention de la pénibilité et de périodes de coupures dans le travail, l’aide aux salariés subissant des temps partiels, la prise en compte des congés maternités, la possibilité donnée aux étudiants de racheter une année de cotisation retraite, des mesures pour les petites pensions agricoles garantissant une pension minimale. Le refus de recourir à l’augmentation de la CSG est aussi une bonne chose et nous souscrivons à l’augmentation des cotisations dans un pays qui a vu sa richesse produite augmenter de 1000 % en 60 ans. Seulement, depuis 1982, la part des salaires s’est écroulée de 11 points au profit du capital, il nous semble donc naturel que les grandes entreprises contribuent plus que toute autre à l’effort financier pour combler le déficit des retraites. Force est de constater que ce n’est pas le cas dans le projet du gouvernement, car la hausse de la part patronale des cotisations retraites sera entièrement compensée par une baisse des cotisations de la branche famille et la baisse du « coût du travail ». Ce sont donc essentiellement les salariés qui sont mis à contribution.