mercredi 26 février 2014

Intervention au Bureau national du 26 Février

Par Frédéric Lutaud, membre du Bureau national pour la motion 4
+ le texte Réussir le pacte de responsabilité

Je suis comme beaucoup de mes camarades aujourd’hui, je n’ai pas eu le temps de me pencher avec précision sur ce texte soumis précipitamment au vote du Bureau national (envoyé par mail, 3h avant, aux membres du Bureau national). J’ose espérer qu’il n’a pas été écrit aussi dans la précipitation, car un texte d’orientation générale mérite d’être étudié en profondeur. Je me cantonnerai donc à deux problèmes structurels que j’ai pu relever : la productivité et la croissance.

On lit dans ce texte que 750 000 emplois ont été détruits dans l’industrie. Je voudrais rappeler qu’une partie d’entre eux est due au phénomène de sous-traitance qui a sorti des statistiques de nombreuses activités répertoriées auparavant dans l’industrie. Mais surtout, 65% des emplois détruits sont dus aux gains de productivité. Moins de 20% des emplois détruits sont dus aux délocalisations. Les produits industriels français de demain seront fabriqués dans des petites unités dont les chaines de production automatisées et informatisées seront pilotées par des ingénieurs spécialisés. Elles feront de moins en moins appel à de la main d’œuvre généraliste. Avec la compétitivité de entreprise, le problème du chômage de masse reste entier. L’Allemagne qui a suivi cette politique a baissé les salaires de 0,2% cette années. Malgré son excédent commercial, elle rencontre les mêmes problèmes sociaux que nous. Pourquoi suivre une telle politique qui ne porte pas ses fruits avec la première puissance industrielle d’Europe ?


Ensuite, Emmanuel Maurel nous dit que nous sommes tous pour « l’emploi et la croissance ». Nous sommes, effectivement, tous pour l’emploi, mais nous ne sommes pas tous pour la croissance. Nous sommes d’ailleurs des millions à ne pas être pour la croissance. Le principe de découplage qui permettrait de justifier l’augmentation la production matérielle en soulageant la pression sur les ressources naturelles est démenti par toutes les études économiques. Il nous faudrait multiplier notre efficacité productive par 10 pour rééquilibrer notre empreinte écologique. Notre appareil productif n’est pas prêt.
Le seul moyen de sortir de la crise environnementale est de s’engager pleinement dans la transition écologique. Que lisons-nous dans ce texte : « la réalisation d’un bilan de performance thermique pour la transition énergétique ». Nous sommes bien loin des enjeux de notre époque. L’Allemagne a déjà atteint 25% de sa production énergétique avec les énergies renouvelables. Un spécialiste, comme Jeremy Rifkin, nous parle de troisième révolution industrielle. Ce texte manque cruellement d’ambition au moment où des défis majeurs sont à relever.

Quant au pacte de responsabilité et ses contreparties, tout cela reste bien flou. S’en remettre uniquement à la négociation sociale pour obtenir des garanties de la part du capital reste naïf, sinon illusoire. Les dividendes sont passés de 12% à 30% en trente ans tandis que nous subissons la déflation salariale. Qui peut croire que le Medef s’engagera sans contraintes sur des contreparties ?

J’arrêterais là car nous n’avons, malheureusement, ni le temps ni les moyens de développer un travail de fond pourtant essentiel pour l’avenir de notre politique économique.

Remarque :
Ce texte n'a fait l'objet d'aucun débat ni discussion préalable. Il a été proposé au vote du Bureau national au dernier moment. Nous sommes confrontés à un passage en force de la direction nationale. J'ai donc voté non à ce texte Réussir le pacte de responsabilité. Patrick Ardoin, Marie Bidaud et Maryse Martin se sont abstenus.












2 commentaires:

  1. Le PS est devenu médiocre dans le débat d'idées et aussi il n'est pas très démocratique ! Decevant !

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  2. tout à fait d'accord le PS est en panne de démocratie, cela a commencé avec le forçage de vote motion 1. C'est dramatique, cela ne rend service à personne et pas au PS lui-même.

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