lundi 30 mars 2015

Déclaration au soir du 2° tour des départementales, le 29 mars 2015

Le Parti socialiste vient de subir, à nouveau, une lourde défaite électorale. Pour la quatrième fois depuis le début du quinquennat, nous sommes sévèrement sanctionnés dans les urnes.

Les revers successifs aux élections intermédiaires – municipales, européennes, sénat et départementales – sont autant de tests nationaux qui témoignent du désaveu de la politique du gouvernement de gauche. Pendant dix ans le vote de nos électeurs nous avait donné une majorité partout. Aujourd’hui, son abstention massive exprime clairement le rejet des politiques de « l’offre » mises en œuvre depuis trois ans, qui tournent le dos à nos engagements,  qui échouent partout en Europe et conduisent aux portes de la déflation.

Sur fond de division de la gauche, de chômage de masse et désespérance sociale, les orientations économiques du gouvernement portent aujourd’hui la lourde responsabilité de placer le Front national devant le Parti socialiste. Ce n’est pas la France qui se droitise, c’est la politique du gouvernement qui ne répond pas aux attentes de nos électeurs.

Sauver la fin du quinquennat, c’est encore possible !

Face à la débâcle qui s’annonce aux régionales, face à la montée de l’extrême-droite et du chômage de masse, un sursaut s’impose. Il est temps de renouer avec une politique de gauche crédible, volontaire et ambitieuse, sans attendre un hypothétique retour de la croissance. La redistribution des richesses c’est maintenant !

Le rassemblement de la gauche ne se décrète pas, mais se construit. On ne combat pas le Front national par l’indignation mais par le progrès social.

Au sein du Parlement, il existe encore une majorité rose-rouge-verte qui ne demande qu’à vivre et à gouverner ensemble. Dans un esprit de responsabilité, nous renouvelons au Président de la République notre demande de réorientation des politiques économiques pour la justice sociale et la transition écologique.

Dans le cadre de Vive La Gauche, nous proposons un « contrat de réussite et de rassemblement » pour réaliser l’unité de la gauche et renouer avec la confiance des Français qui nous ont porté au pouvoir.

Dans soixante jours les militants votent pour le congrès socialiste de Poitiers. C’est la seule occasion pour qu’ils se ressaisissent de l’orientation du parti et qu’ils le sauvent avant qu’il ne soit trop tard.
Nous pouvons refaire du socialisme une idée neuve. Nous ne laisserons pas mourir le Parti socialiste. Unissons nos efforts pour une nouvelle majorité socialiste à Poitiers.

Frédéric Lutaud, Gérard Filoche, membres du Bureau national du Parti socialiste


vendredi 13 mars 2015

Intervention au Bureau national du 11 Mars

Par Frédéric Lutaud, membre du Bureau national pour la motion 4 

Cher(e)s camarades,

J’ai une question à poser à ce Bureau national.

Les chiffres sont tombés.

D'un côté, on vient d’annoncer une d’augmentation des profits du CAC40 de 37 %. Cela dénote d’une vitalité certaine de la compétitivité de nos entreprises, si chère à notre gouvernement. Surtout quand l’on sait que les actionnaires des grands groupes accaparent 60 % des bénéfices des entreprises. C’était déjà 30,3 % d’augmentation des dividendes en France en 2014.
Nous savons que les grands groupes produisent 50 % du PIB français et emploient 70% de la masse salariale globale par le jeu de leur filiales, car seuls 12,5 % des actifs travaillent dans des PME indépendantes des grands groupes.

De l’autre côté, le pouvoir d'achat enregistre une baisse de 0,4 % selon l’INSEE.

L'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (ONPES), quant à lui, vient de publier une étude qui nous explique que le budget nécessaire à une vie décente a été établi à 1 571 € pour une personne dans un logement du parc privé et 1424 € dans le public. Autrement dit, le SMIC net, inférieur à ces sommes, ne permet pas la dignité sociale.

Le chômage explose et les inégalités se creusent dans une France en chemin vers les 10 millions de pauvres.

Alors, ma question est la suivante : comment allons-nous convaincre nos électeurs de voter pour nous ? Pour un parti dont est issu un gouvernement qui avait promis "le redressement dans la justice".

Le Front national a beau jeu de se revendiquer de l’égalité républicaine quand la gauche ne remplit pas ses engagements. Nous ne combattrons pas le Front national avec des indignations mais par des avancées sociales. C’est l’abstention qui fait progresser le score de l’extrême-droite et c’est la colère des populations qui nous sanctionne dans les urnes et peut être bientôt dans la rue ?
Colère légitime quand le montant total des 500 plus gros patrimoines français a augmenté sur l'année 2014 de 58 milliards d'euros pour atteindre 390 milliards, alors qu'une cure budgétaire de 50 Milliards est imposée à la dépense publique. Tandis que la France compromet une taxe sur les transactions financières qui pourrait lui rapporter 36 milliards d’euros. Tandis que la loi Macron introduit la notion de secret des affaires consacrant le fait que le droit des actionnaires prime sur celui des salariés et de la société tout entière. Que les appels d'offre public ont diminué de 60 %. Que les aides financières au maintien de la production biologique ont baissé de 25%. Que l'Etat programme son désengagement dans le financement des conservatoires de musique, etc.

Bref, expliquez-moi comment, malgré le courage des militants mobilisés sur le terrain, nous allons convaincre les électeurs de voter pour nous et éviter la débâcle comme aux Municipales et aux Européennes ? Comment enrayer le déclin du PS si le gouvernement ne change pas de politique ?

jeudi 5 mars 2015

La BCE et la crise du capitalisme en Europe

par Clément Fontan, le 24 février

Selon Clément Fontan, la Banque centrale européenne a outrepassé ses prérogatives et a, sans contrôle démocratique, traité de manière trop différenciée l’aide qu’elle apporte aux États et celle qu’elle alloue au système financier.

En l’espace de quatre jours, l’Union Européenne a traversé un nouvel épisode marquant d’une crise longue maintenant de cinq ans. Peu après l’annonce d’un programme dit de Quantitative Easing (QE) (assouplissement quantitatif) le 22 janvier 2015 par Mario Draghi, le président de la Banque Centrale Européenne (BCE) [1], le parti de gauche radicale Syriza remportait le 25 janvier les élections législatives grecques avec une avance très confortable sur ses principaux opposants. Étant donné que les traités européens confinent la responsabilité de la BCE à la politique monétaire et l’isolent des pressions politiques en lui conférant un très haut niveau d’indépendance, on pourrait s’attendre à ce que rien n’unisse l’annonce du QE à Francfort et les résultats électoraux à Athènes. Pourtant, les liens sont étroits : le nouveau gouvernement grec d’Alexis Tsipras doit prendre en compte sa dépendance financière envers la BCE et cette dernière doit se préoccuper des risques que la crise grecque peut faire peser sur la stabilité financière de la zone euro. Cette porosité des enjeux explique les rencontres répétées et les multiples signaux envoyés par voie de presse interposée entre les nouveaux dirigeants grecs et Mario Draghi sous forme de « partie de poker » ou de « chicken game » selon les expressions journalistiques consacrées [2].