jeudi 24 décembre 2015

France : le taux de pauvreté recommence à augmenter


Par latribune.fr | 23/12/2015

Le rapport entre le niveau de vie des dix pour cent les plus aisés et des dix pour cent les plus modestes resterait toutefois stable à 3,5. (Crédits : reuters.com)Plus de 14% des Français vivent désormais sous le seuil de pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 1.002 euros par mois. Les politiques en faveur des ménages modestes n'ont pas réussi à compenser le ralentissement de la croissance.

samedi 12 décembre 2015

Jacques Rancière : "L'élection, ce n'est pas la démocratie"

ENTRETIEN de Jacques Rancière par Éric Aeschimann | Le philosophe a été l'élève de Louis Althusser. Spécialiste de la démocratie, il est l'auteur d'essais mondialement connus: «le Philosophe et ses pauvres» (Champs-Flammarion, 1983), «la Haine de la démocratie» (La Fabrique, 2005) et «le Spectateur émancipé» (2008). Pour lui, c'est la professionnalisation de la politique qui nourrit le sentiment d'exclusion. Afin d'en sortir, il faudrait instaurer de nouvelles règles de représentation, notamment le mandat limité et le tirage au sort.

jeudi 10 décembre 2015

Il n’y a pas de vague Bleu Marine, par Frédéric Gilli

TRIBUNE publiée dans Le Monde.fr | par Frédéric Gilli (Chercheur à Sciences Po, directeur associé de l’agence Campana Eleb Sablic | 10/12/2015

Depuis dimanche, éditorialistes et élus se livrent à toutes les analyses sur la progression du Front national (FN), multiplient les interviews d’électeurs frontistes et cherchent ce qui, de la crise des migrants aux attentats, a pu précipiter la France dans les bras du nationalisme réactionnaire. Ce pays que tout le monde considérait comme le phare des libertés il y a à peine un mois, le voilà devenu quasi fachiste : rendez-vous compte, plus d’un Français sur quatre ! Sauf que cette analyse est grossièrement inexacte. Faute de prendre son temps pour lire les résultats autrement qu’au travers de la loupe rapide des trois listes annoncées en tête entre 20 heures et 20 h 30 à la télévision, on multiplie les erreurs d’analyse et on alimente les fantasmes.

lundi 7 décembre 2015

La politique du désastre

Par Frédéric Lutaud

Voilà, nous y sommes. Le Front national est en mesure de diriger plusieurs régions de France. La peste brune est à nos portes. Je ne parle pas des milliers de Français qui ont voté FN par protestation mais de ceux qui demain vont siéger en nombre dans les Conseils régionaux. Quoi qu’il advienne au deuxième tour, c’est un jour sombre pour la gauche et tous ceux qui croient dans le progrès social. C’est la défaite de la pensée et la responsabilité en revient principalement au Parti socialiste. Ce Parti socialiste dont je fus membre du Bureau national pendant trois ans et où, avec mes camarades, nous n’avons cessé d’alerter la direction sur la politique irresponsable du gouvernement, de combattre la dérive libérale ahurissante incarnée par Valls et Macron. Mais rien à faire ! Ce que tout le monde pouvait prévoir après trois débâcles électorales, les patrons de Solférino ont préféré l’ignorer. Il fallait les entendre : « les Français ne comprennent pas la politique du gouvernement, il faut leur expliquer, c’est un problème de communication, pas un problème d’orientation politique ». Ils ont ainsi précipité le mouvement par lâcheté, par complaisance servile vis-à-vis du pouvoir, par aveuglement suicidaire avec prime à l’incompétence, mais surtout par démission devant tout ce qui représente un idéal de gauche. Avec, bien sûr, ce mépris condescendant que peuvent témoigner ceux qui sont en fonction tandis que vous n’êtes que dans l’opposition. Vous ne faites pas partie du sérail, vous ne participez pas aux basses manœuvres électorales. C’est précisément cette politique que nous avons refusée, car c’est la politique du désastre. Les attentats du 13 Novembre ne furent qu'une occasion supplémentaire à mobiliser l'électorat frontiste.

jeudi 3 décembre 2015

Naomi Klein : “Nous n'avons pas besoin d'un miracle énergétique, nous avons besoin de démocratie”

ENTRETIEN de Naoi Klein par Weronika Zarachowicz 02/12/2015

Malgré son scepticisme, la journaliste militante canadienne Naomi Klein participe activement à la COP21. Pour porter la parole de la société civile insiste-t-elle. Et défendre l'idée d'une écologie “globale”.

mercredi 2 décembre 2015

État d’urgence ou coercition d’ɐtat ?

Par Frédéric Lutaud

À peine remis de nos émotions du 13 Novembre, voici que de nouvelles violences s’abattent sur la population. Cette fois-ci ce ne sont plus des victimes prisent au hasard des terrasses des cafés ou dans des salles de concert mais des citoyens engagés pour la sauvegarde du climat ou des syndicalistes mobilisés pour la défense de leurs emplois. Bien sûr, les atrocités perpétrées par les terroristes sont sans commune mesure avec la répression qui s’abat sur les mouvements sociaux, mais la réponse de l’exécutif aux attentats parisiens inquiète au plus haut point.

Youcef Seddik, journaliste syrien : “Il y a un accord secret entre le clan Assad et Daech”

Par Nicolas Delesalle | 01/12/2015

ENTRETIEN Pour Youcef Seddik, directeur du Centre de presse d'Alep, les médias occidentaux parlent trop de Daech. Et pas assez des révolutionnaires qui se battent pour sortir de l'enfer. Rencontre à la Maison des journalistes, à Paris, lors de son passage en France.

lundi 30 novembre 2015

La génération de la crise ne sera pas celle de la guerre !

Le 29 novembre 2015

Les terribles attentats du 13 novembre à Saint Denis et Paris ont plongé le pays dans le choc et l’effroi. Nous tenons à rendre hommage aux victimes et à apporter notre soutien à leurs proches. Nous saluons également l’action des agents du service public et l’élan de solidarité qui a eu lieu de la population.

RÉGIONALES | le candidat du rassemblement de la gauche Gérard Onesta se dit victime “d’intimidations politiques” la part du Préfet de région

27.11.2015 | La tête de liste Nouveau monde aux prochaines élections régionales était en meeting hier soir au Grand Hôtel. L'écologiste dit avoir reçu des pressions de la part du Préfet de région Pierre de Bousquet.

Dans ce contexte sécuritaire où les rassemblements sont interdits, Gérard Onesta a reçu un appel mercredi soir qu'il n'a pas apprécié. Au bout du fil, le chef de cabinet du Préfet de région Pierre de Bousquet. "Je pèse mes mots, mais ce que j'ai reçu, c'était une tentative d'intimidation politique". Alors qu'il souhaitait participer à une manifestation ce week-end, la tête de liste Nouveau monde risque des poursuites judiciaires. "Je ne pensais pas qu'il soit possible de menacer des candidats d'être mis en examen. Le concept de la sécurité est à géométrie variable, on n'a le droit de se rassembler en hommage aux victimes mais le reste, cela pose un problème" a t-il dénoncé.

La COP 21 | Naomi Klein : «Cette manifestation est un geste de défi»



Pour la journaliste canadienne, le gouvernement français pratique la « stratégie du choc » en utilisant l'état d'urgence pour réduire au silence les militants du climat. Mais « les gens n'acceptent pas de se taire »

"Moi, le Coran, je m'en tape": les jeunes djihadistes français dirigés par une révolte personnelle et l'ultraviolence, pas par l'islam

Qui sont ces jeunes qui deviennent djihadistes et se radicalisent en quelques mois voire quelques semaines? Selon Peter Harling, ce n'est pas l'islam qui est leur point commun, mais bien leur soif de violence.

Les militants de la COP21, cibles de l’état d’urgence

Par Laurent Borredon et Adrien Pécout | LE MONDE | 27.11.2015

Quelques jours avant l’ouverture de la COP21, dimanche 29 novembre, 24 militants écologistes ont été assignés à résidence dans toute la France. Selon nos informations, au moins six personnes ont été assignées à résidence à Rennes, ainsi qu’un membre de l’équipe juridique de la Coalition Climat21, qui rassemble 130 associations, organisations non-gouvernementales et syndicats. Les policiers ont également tenté de notifier cette mesure à plusieurs personnes à Rouen et à Lyon sans parvenir à les trouver. Des perquisitions ont eu lieu à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) et… chez des maraîchers bios de Dordogne.

dimanche 29 novembre 2015

État d’urgence : quoi de neuf sous le ciel de la “sociale démocratie” ?












Par Frédéric Lutaud

La population commence à reprendre ses esprits. Après l’émotion suscitée par les attentats du 13 Novembre, une autre musique arrive à se faire entendre autre que celle des belligérants revanchards et sécuritaires. Le terrorisme djihadiste ne serait pas le simple produit d’un islam même « radical », alimenté par un État islamiste en guerre contre notre mode de vie occidental. Les principaux spécialistes de la question sont unanimes : les djihadistes lisent peu ou pas le Coran. « Aucun de ceux qui sont intervenus sur le sol français ne sont passés par une formation théologique de fond ou par une intensification progressive de la pratique religieuse ». La religion n’est qu’un prétexte à leur radicalisation. La plupart ne sont pas d’origine musulmane, mais issus d’une « jeunesse déclassée qui se sent rejetée, marginalisée, victimisée ». Une génération en rupture de ban prête à déverser la haine que lui inspire l’humiliation d’une vie précaire et sans avenir. La question sociale resurgit soudain sur le devant de la scène.

samedi 28 novembre 2015

Lacombe «Jihad» Lucien

Par Thomas Clerc | 27 novembre 2015

Entre les jeunes marginaux de l’Occupation et les terroristes, la même logique du traître opportuniste est à l’œuvre.

Le rouge et le tricolore

Par Alain Badiou | LE MONDE | 27.01.2015 |  Professeur émérite à l’Ecole normale supérieure. il a récemment publié Métaphysique du bonheur réel (PUF, 2014). Romancier, dramaturge, il est aussi un penseur engagé, intervenant régulièrement dans le débat public.

Attentats de Paris: "Je ne reconnais plus la gauche dans ce pays"

ENTRETIEN de Jean-Marie Delarue | par Antoine Izambard | 27-11-2015 Pour l'ancien contrôleur général des lieux de privation de liberté et ex-président de la Commission de contrôle des écoutes, Jean-Marie Delarue, la gauche a fait sienne le discours sécuritaire de la droite,"comme sous Charles Pasqua".

Il est l'une des consciences de la gauche s'agissant des libertés publiques. Successivement, délégué interministériel à la ville, directeur des libertés publiques au ministère de l'Intérieur, contrôleur général des lieux de privation de liberté et enfin président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), Jean-Marie Delarue connait son sujet. En ce jour d'hommage de la France aux victimes des attentats de Paris, ce grand commis de l'Etat revient pour Challenges, sur l'action du gouvernement depuis le 13 novembre et dresse un bilan sans concession de "la politique sécuritaire" française des trente dernières années.

vendredi 27 novembre 2015

Gilles Kepel: «Le 13 novembre ? Le résultat d'une faillite des élites politiques françaises»

Politologue et sociologue, Gilles Kepel est internationalement reconnu comme l'un des meilleurs spécialistes du discours djihadiste et de l'islam en France. Il revient sur la dernière vague de terreur qui ébranle la France, bien trop prévisible pour l'intellectuel quelque peu désabusé de prêcher depuis des années dans le désert. Entretien

Au lendemain des attentats du 13 novembre, un message de revendication était diffusé sur le Net par la voix d'un converti français. «Rhétorique pseudo-islamique à la sauce des banlieues populaires françaises», réagit aussitôt Gilles Kepel.

"Moins ils connaissent l'islam, plus ils sont attirés par le djihad"

Des combattants de Daech affichent le drapeau du groupe djihadiste après une victoire contre l'armée irakienne dans la province de Diyala, en janvier 2015. (AFP / YOUNIS AL-BAYATI)

ENTRETIEN Par Celine Rastello | 26-11-2015

Pourquoi et comment certains jeunes basculent-ils, parfois très rapidement, vers ce que le sociologue Farhad Khosrokhavar appelle "l'illumination djihadiste" ? Puis, pour certains, vers le terrorisme ? Le sociologue Farhad Khosrokhavar, spécialiste des mécanismes de radicalisation, prône la création d'un service de renseignement européen pour contrer "l'Europe du djihadisme". Interview.

L'incroyable récit d'un ancien maître espion de l'Etat islamique

Saviez-vous que l'Etat islamique payait ses recrues en dollars? Que le groupe terroriste recevait près de 3000 candidatures par jour en septembre 2014? Que sur son territoire règne la terreur mais aussi une administration efficace qui s'occupe des écoles et de la santé, gratuites? Plongée vertigineuse dans un monde parallèle de paranoïa et de violence

« La France n’a aucune intention de revoir ses relations avec l’Arabie saoudite et le Qatar »

ENTRETIEN Sophie Bessis | Propos recueillis par Enora Ollivier et Manon Rescan  | Le Monde.fr | 26.11.2015

Sophie Bessis est historienne et journaliste franco-tunisienne, chercheuse associée à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et autrice de La Double Impasse. L’universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand(La Découverte, 2014). Dans un tchat sur le site Internet du Monde, elle a répondu aux questions sur le thème : « La Francedoit-elle repenser ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite et le Qatar ? »

Plus de 2.000 sans-logis meurent chaque année


Une nouvelle étude détaillée permet de dresser les profils 
des sans domicile fixe en France | 17.11.2015

Plus de 6.000 SDF sont morts en France entre janvier 2008 et décembre 2010, soit plus de 2'000 par an, selon une nouvelle estimation publiée mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'Institut de veille sanitaire (InVS).

jeudi 26 novembre 2015

A qui sert leur guerre ?

Par un collectif | 24 novembre 2015

Après le temps de la sidération, plusieurs intellectuels et universitaires s’interrogent sur l’opportunité d’une nouvelle «guerre au terrorisme», les précédentes interventions militaires n’ayant eu aucun résultat positif.

« Avec le recul, les lois Pasqua paraissent toutes droit sorties du monde des Bisounours »

Ce jeudi, les députés ont voté la prolongation de l'Etat d'urgence. Les défenseurs des libertés fondamentales sont atterrés. Adrienne Charmet-Alix, coordinatrice de La Quadrature du Net explique pourquoi | 20-11-2015

Du suicide politique du PS aux représailles terroristes

Par Frédéric Lutaud

Quel rapport y a t’il entre la politique de François Hollande et les attentats parisiens du 13 Novembre ? Aucun en apparence. Le Président aurait même été à la hauteur de la situation en décrétant la prolongation de l’état d’urgence et l’intensification des frappes aériennes sur Daesh. Si l’on en croit les sondages, la popularité de François Hollande a fait un bond de 10 points. On ne peut accuser le gouvernement d'avoir participé à l’invasion de la Libye par Sarkozy qui a déstabilisé la Moyen Orient et Villepin avait, en son temps, refusé de participer à l’invasion de l’Irak. La France n’a-t-elle pas rempli son devoir en soutenant l’Armée syrienne libre (ASL) lors du printemps arabe afin d’établir la démocratie ? A l’évidence, la politique étrangère du gouvernement ne peut être tenue pour responsable des représailles de Daesh. Les attentas abjectes perpétués sur notre territoire méritent une condamnation sans appel et d’ailleurs les reproches de la droite portent essentiellement sur un manque de fermeté vis-à-vis de la communauté musulmane radicalisée. Des critiques que s’est empressé d’étouffer François Hollande par la mise en place d’une politique sécuritaire ovationnée par le parlement. Cette lecture de la situation exonère le gouvernement de toute responsabilité dans la mécanique infernale qui a fait tant de victimes innocentes… et pourtant.

mercredi 25 novembre 2015

L'austérité a fragilisé la réponse européenne à la menace terroriste

A Bruxelles, les forces de sécurité ont été déployé à la suite de l'état d'alerte. Foto: dpa
EurActiv France avec l'AFP

Les coupes budgétaires opérées durant la crise économique en Europe ont fragilisé les capacités des forces de sécurité à faire face à la menace terroriste, selon les analystes, qui constatent que les autorités sont désormais contraintes de faire machine arrière.

"Il ne s’agit pas de la radicalisation de l’islam, mais de l’islamisation de la radicalité", Olivier Roy

Par Olivier Roy | 24 novembre 2015 | professeur à l’Institut universitaire européen de Florence (Italie), où il dirige le Programme méditerranéen. Politologue, spécialiste de l’islam, il est notamment l’auteur de La Sainte Ignorance (Seuil, 2008), En quête de l’Orient perdu (Seuil, 2014) et de La Peur de l’islam (Ed. de l’Aube/Le Monde, 92 pages, 11 euros), recueil de ses principales interventions dans Le Monde du 11 septembre 2001 à janvier 2014.

mardi 24 novembre 2015

Mal logement : le nombre de SDF a augmenté de 50 % en trois ans, et maintenant ?

Par Catherine Rollot  | LE MONDE | 30.01.2014 

« Mes amis, au secours ! Une femme vient de mourir gelée cette nuit à 3 heures sur le trottoir du boulevard Sébastopol » : le 1er février 1954, l’abbé Pierre lance sur Radio Luxembourg un appel à venir en aide aux sans-abri. Son interpellation suscite un élan de générosité sans précédent. En quelques semaines, 400 millions de francs sont récoltés, des crédits budgétaires sont débloqués pour construire immédiatement 12 000 logements. Le gouvernement d’alors promet de construire 240 000 logements chaque année.

Daesh : la France aveuglée par son partenariat économique avec l’Arabie Saoudite et le Qatar

Retranscription de l'enquête menée par Jacques Monino réalisée en collaboration avec Benoit Colomba. Comentaire Olivier Berruyer. Enquête à retrouver sur le site internet franceinter.fr et la page Facebook de Secret d’Infos.

Raphaël Liogier : «Ne pas confondre jihadisme et néofondamentalisme»

ENTRETIEN par Catherine Calvet 23-11-2015

Pour le philosophe et sociologue du fait religieux, le gouvernement français confond néofondamentalisme et jihadisme et se trompe en se concentrant sur les mosquées.

Daech n’est pas Al-Qaeda, le recrutement ne se fait plus de la même manière, estime Raphaël Liogier, philosophe et sociologue du religieux, professeur à l’institut d’études politiques (IEP) d’Aix-en-Provence et au Collège international de philosophie de Paris. Aujourd’hui, les jihadistes basculent dans le terrorisme, comme s’ils devenaient islamistes a posteriori. Le problème de la France, estime le spécialiste, est la confusion symptomatique entretenue sur les causes de ce nouveau terrorisme. Raphaël Liogier vient de publier le Complexe de Suez, le vrai déclin français (édition du Bord de l’eau).

lundi 23 novembre 2015

« À l’Assemblée nationale, ces derniers jours, j’ai eu honte »

Entretien avec Isabelle Attard Propos recueillis par Barnabé Binctin | 21-11-2015

Isabelle Attard est députée « citoyenne » du Calvados. Elle a récemment quitté EELV puis Nouvelle Donne. Elle est l’une des six députés à avoir voté contre la loi de prolongation de l’état d’urgence.

L’Arabie saoudite, un Daesh qui a réussi



Par Kamel DAOUD 20-11-2015

Daesh noir, Daesh blanc. Le premier égorge, tue, lapide, coupe les mains, détruit le patrimoine de l’humanité, et déteste l’archéologie, la femme et l’étranger non musulman. Le second est mieux habillé et plus propre, mais il fait la même chose. L’Etat islamique et l’Arabie saoudite. Dans sa lutte contre le terrorisme, l’Occident mène la guerre contre l’un tout en serrant la main de l’autre. Mécanique du déni, et de son prix. On veut sauver la fameuse alliance stratégique avec l’Arabie saoudite tout en oubliant que ce royaume repose sur une autre alliance, avec un clergé religieux qui produit, rend légitime, répand, prêche et défend le wahhabisme, islamisme ultra-puritain dont se nourrit Daesh.

Bernard Stiegler : « Ce n’est qu’en projetant un véritable avenir qu’on pourra combattre Daech »

Propos recueillis par Margherita Nasi  | LE MONDE | 19.11.2015

Pour le philosophe Bernard Stiegler, « la guerre est économique ». L’effondrement de l’emploi engendre le désespoir qui engendre à son tour la violence. « Il n’y a pas d’avenir hors d’un renversement fondamental de la valeur en économie », explique-t-il.

Plus que jamais, les fonctionnaires indispensables !

Par David Cayla | 20 novembre 2015 

David Cayla, économiste, membre du CA des « Économistes atterrés », est enseignant-chercheur à l’université d’Angers et donc fonctionnaire. David a écrit cet article pour le prochain numéro de la revue Démocratie&Socialisme.

vendredi 20 novembre 2015

La fin de la gauche comme mouvement révolutionnaire a supprimé une alternative, ouvert un espace au fondamentalisme.

Jason Burke est l’un des meilleurs spécialistes anglo-saxons du terrorisme islamiste. Il explique l’attrait de l’idéologie du djihad auprès des jeunes Européens issus de l’immigration
«L'Etat islamique propose une vie plus excitante
que de travailler au McDonald's»
Déjà quatorze ans que l’Occident est engagé dans une «guerre contre le terrorisme» qui semble ne jamais finir. Loin d’être anéanti, le mouvement djihadiste séduit une frange de jeunes Européens, dont certains finissent par retourner leurs armes contre leurs concitoyens. D’où vient ce phénomène ? Comment le stopper ? Les réponses de Jason Burke, spécialiste du djihadisme au Guardianet auteur d’un livre sur la «Nouvelle Menace»* de l’islam radical.

Pourquoi j'ai voté contre la prolongation à 3 mois d’un état d’urgence

PAR POURIA AMIRSHAHI | 19 NOVEMBRE 2015 
Pouria Amirshahi est député socialiste des Français établis hors de France

Dans ce moment crucial où se joue l’avenir de notre société, je tiens à partager ici ma tribune du Monde de ce jour, expliquant mon vote à l’Assemblée nationale contre la prolongation de l’état d'urgence. On peut aussi la retrouver ici.

Un ex-espion américain met en garde la France contre sa stratégie pour lutter contre le terrorisme

AFP 19/11/2015

"Vous suivez le chemin qui mène à l’échec que les Etats-Unis ont tracé": l’ancien officier de renseignement de la NSA William Binney, présent à Strasbourg pour le Forum mondial de la démocratie, ne ménage pas la France et sa stratégie pour lutter contre le terrorisme.

“Le jihadisme ne vient pas du communautarisme mais de la désocialisation”

ENTRETIEN par Jean-Marie Durand 7 février 2015

Sociologue et philosophe, Raphaël Liogier dirige l’Observatoire du religieux depuis 2006. Un poste de vigie idéal pour combattre les idées reçues dont le djihadisme fait l’objet.

mercredi 18 novembre 2015

Pour combattre le djihadisme, moins de bombes et plus de politique

Par Marc CHER-LEPARRAIN | Ancien diplomate dans le Proche-Orient  | 10 MARS 2015

La principale réponse apportée aujourd’hui au djihadisme consiste à perpétuer ce qui l’a provoqué. L’Occident mésestime les fondements politiques de la violence « islamique » exercée contre lui et soutient des régimes qui l’instrumentalisent pour se maintenir en place. La France s’enferme dans cet aveuglement. Face aux attentats qu’elle subit, elle refuse la part de responsabilité de sa politique étrangère et la renvoie vers sa population musulmane.

Ce n’est pas non plus « une guerre » Gérard Filoche

Par Gérard Filoche | extraits de Pour la République exemplaire

"Les assassins tuent sans distinction des athées comme des musulmans, des arabes et des blancs, des noirs et des jaunes. Déjà dans de précédents attentats, les bombes étaient placées dans le métro ou devant chez Tati. Quand des Rafales les bombardent, ils tuent des gens en mobylette. Ils n’ont aucun autre message : ils ne cherchent pas à aller frapper des dirigeants et élites, des cibles militaires ou des quartiers riches. Ils sont bien nos pires ennemis, les tueurs de nos libertés comme de nos amours, de nos fêtes comme de nos droits du travail. Chacun de leurs attentats nourrit l’obscurantisme, les fanatismes, les racismes, les extrémismes de droite et ils nous empêchent, en premier, de nous défendre nous, les salariés licenciés d’Air France, les hospitaliers surmenés, les chômeurs humiliés, les bas salaires et les retraités pauvres."

TERRORISME | un grand mufti parle

Par Shawki Ibrahim, Grand mufti d'Égypte

Les organisations terroristes prennent le masque de la religion pour justifier leurs lâches violences

Comme tout être humain doué de raison, j'ai été choqué en prenant connaissance des actions insensées, haineuses, effroyables et lâches qui ont été menées à Paris vendredi.

mardi 17 novembre 2015

Refuser la rhétorique de guerre

Par Frédéric Lutaud

Ce n’est pas jouer sur les mots que de réfuter la rhétorique belliqueuse du gouvernement. Bien sûr, il y a les explosifs et les kalachnikovs. Il y a les victimes innocentes de la barbarie de Daesh, auxquelles nous exprimons notre solidarité, ainsi qu’à leurs proches. Mais nous n’oublierons jamais que s’il y eut des morts, ce ne fut pas au combat, ce fut des civils abattus froidement par des fanatiques atteints par le délire djihadiste sanguinaire. Comme l’explique à justes titre la juge Marc Trévidic du pôle anti-terrorisme : « Ceux qui partent faire le jihad agissent à 90 % pour des motifs personnels : pour en découdre, pour l'aventure, pour se venger, parce qu'ils ne trouvent pas leur place dans la société... Et à 10 % seulement pour des convictions religieuses : l'islam radical. La religion n'est pas le moteur de ce mouvement et c'est ce qui en fait sa force ». Les 10 % de "théologiens" fondamentalistes pervertissent une religion séculaire porteuse d’une immense culture autant du point de vue social qu’artistique. Ceux-là n’ont pas plus à voir avec l’Islam que le Ku Klux Klan avec le protestantisme. Notre devoir est de ne pas confondre le croyant et le fanatique, mais aussi de distinguer ce qui relève d’une logique de guerre ou du crime terroriste. C’est une erreur impardonnable de voir dans ces attentats odieux une quelconque guerre de religion ou de civilisation, et une terrible injustice pour des millions de musulmans d’être assimilés à de telles atrocités. Ceux qui se prêtent au massacre sur le sol français, nous le savons, sont soit en rupture de bancs avec la société, soit des esprits influençables sous l’emprise d’un endoctrinement psychologique. Ce ne sont pas des soldats et encore moins des guerriers. Ce sont des assassins, et c’est leur faire trop d’honneur que de leur accorder le moindre mérite militaire. En cela nous ne sommes pas en guerre. La guerre c'est en Syrie.

« Nous payons les inconséquences de la politique française au Moyen-Orient »

Par Sophie Bessis et Mohamed Harbi | 17.11.2015 | LE MONDE

Soyons réalistes, demandons l’impossible, clamaient dans les rues de Paris les utopistes de mai 1968. Etre réaliste aujourd’hui, c’est réclamer à ceux qui gouvernent d’aller aux racines de ce mal qui, le 13 novembre, a tué au moins 129 personnes dans la capitale française. Elles sont multiples, et il n’est pas question d’en faire ici l’inventaire. Nous n’évoquerons ni l’abandon des banlieues, ni l’école, ni la reproduction endogamique d’élites hexagonales incapables de lirela complexité du monde. Nous mesurons la multiplicité des causes de l’expansion de l’islamisme radical.

Syrie | Ébriété guerrière

Après les attentats du 13 novembre 17 novembre 2015

Le 13 novembre 2015, une série de fusillades et d’explosions ont endeuillé Paris et Saint-Denis, provoquant la mort d’au moins 130 personnes. Les auteurs de ces attentats, souvent des jeunes Français musulmans, ont motivé leur acte en invoquant l’intervention militaire de leur pays en Syrie contre l’Organisation de l’Etat islamique (OEI). Deux jours plus tard, Paris a procédé à de nouveaux bombardements contre les positions de l’OEI en Syrie, principalement dans la « capitale » de l’organisation, à Rakka. Et, dorénavant, le gouvernement français comme l’opposition de droite s’accordent sur la nécessité de multiplier les « frappes » en Syrie. L’urgence de mener sur le front intérieur une « guerre » implacable ne les distingue pas davantage.

Le profil inattendu des djihadistes français

Par Eugénie Bastié | 18/11/2014

Issus de classes moyennes, de familles athées, souffrant de dépression, le portrait robot que dresse le Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam dans un rapport tranche avec les idées reçues.

Syndicat de la Magistrature | L'état d’urgence, un risque pour la démocratie

A la suite des attentats perpétrés à Paris vendredi 13 novembre, l’instauration de l’état d’urgence suscite l’inquiétude du syndicat de la Magistrature.

“Les Français doivent se battre contre le projet d’une énième loi antiterroriste”, Giorgio Agamben

ENTRETIEN par Olivier Tesquet Publié le 20/01/2015

Voici un entretien qui qui prend aujourd'hui toute son actualité. Un “Patriot Act à la française” est-il souhaitable ? Pas pour le philosophe italien Giorgio Agamben, qui considère que, dans un Etat sécuritaire, la vie politique est impossible. Et la démocratie en danger.

Syrie | une expérience de démocratie directe, égalitaire et multiconfessionnelle tient tête à l’Etat islamique

Par Rachel Knaebel | 10 Juillet 2015

Les médias occidentaux relaient abondamment les décapitations, les appels au meurtre et les exactions perpétrés par Daech, le pseudo « Etat islamique ». Pourtant, face à cette barbarie, les populations kurdes, arabes ou yézidis de la région de Rojava, au nord de la Syrie, mettent en oeuvre un autre modèle de société, émancipateur, égalitaire, multiconfessionnel, et très démocratique. Une expérience qui pourrait même servir d’inspiration pour ramener la paix dans la région. En attendant, les Kurdes et leurs voisins combattent pour défendre cette utopie concrète, sans véritable soutien international. Entretien avec des chercheurs et activistes qui en reviennent.

lundi 16 novembre 2015

Refuser la rhétorique de guerre

Par Frédéric Lutaud

Ce n’est pas jouer sur les mots que de réfuter la rhétorique belliqueuse du gouvernement. Bien sûr, il y a les explosifs et les kalachnikovs. Il y a les victimes innocentes de la barbarie de Daesh, auxquelles nous exprimons notre solidarité, ainsi qu’à leurs proches. Mais nous n’oublierons jamais que s’il y eut des morts, ce ne fut pas au combat, ce fut des civils abattus froidement par des fanatiques atteints par le délire djihadiste sanguinaire. Comme l’explique à justes titre la juge Marc Trévidic du pôle anti-terrorisme : « Ceux qui partent faire le jihad agissent à 90 % pour des motifs personnels : pour en découdre, pour l'aventure, pour se venger, parce qu'ils ne trouvent pas leur place dans la société... Et à 10 % seulement pour des convictions religieuses : l'islam radical. La religion n'est pas le moteur de ce mouvement et c'est ce qui en fait sa force ». Les 10 % de "théologiens" fondamentalistes pervertissent une religion séculaire porteuse d’une immense culture autant du point de vue social qu’artistique. Ceux-là n’ont pas plus à voir avec l’Islam que le Ku Klux Klan avec le protestantisme. Notre devoir est de ne pas confondre le croyant et le fanatique, mais aussi de distinguer ce qui relève d’une logique de guerre ou du crime terroriste. C’est une erreur impardonnable de voir dans ces attentats odieux une quelconque guerre de religion ou de civilisation, et une terrible injustice pour des millions de musulmans d’être assimilés à de telles atrocités. Ceux qui se prêtent au massacre sur le sol français, nous le savons, sont soit en rupture de bancs avec la société, soit des esprits influençables sous l’emprise d’un endoctrinement psychologique. Ce ne sont pas des soldats et encore moins des guerriers. Ce sont des assassins, et c’est leur faire trop d’honneur que de leur accorder le moindre mérite militaire. En cela nous ne sommes pas en guerre.

PROJETS DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE | L'État d'urgence en permanence ?

On ne peut qu’être inquiet des projets du président de la République. La logique de guerre qu’il a mise en avant conduit à modifier en profondeur plusieurs aspects de l’Etat de droit : qu’il s’agisse de la Constitution, de la procédure pénale ou des règles de la nationalité, ou d’autres encore.