mercredi 28 janvier 2015

Intervention sur la Grèce au Bureau national du 27 Janvier

Par Frédéric Lutaud, membre du Bureau national pour la motion 4


CherEs camarades,

Je ne reprendrai pas les propos de ceux qui ont parlé avant moi, mais il revient au Parti socialiste d’accompagner cette séquence historique en Europe que représente la victoire de Syriza.

Je voudrais ajouter que c’est la première bonne nouvelle depuis des mois, et il faut s’en réjouir sans bouder notre plaisir. La gauche accède au pouvoir en Europe avec un programme de gauche : augmentation des salaires, création de 300 000 emplois dans le privé et le public, annulation des douloureuses réformes du Code du travail des dernières années (je ne suis pas sûr que la loi Macron serait la bienvenue en Grèce).

Mais surtout, Syriza refus de payer cette dette indigne qui étrangle le pays. Nous savons tous la responsabilité de Goldman Sachs, qui a camouflé la dette de la Grèce, puis parié sur sa faillite. Alexis Tsipras n’a pas l’intention de rembourser les banques au lieu de nourrir les populations. Nous ferions bien de nous en inspirer, car un audit citoyen a démontré que 59 % de notre propre dette publique proviennent des cadeaux fiscaux et des taux d’intérêt excessifs. Il serait temps de faire le ménage aussi chez nous.

Alors bien sûr, Alexis Tsipras ne dit pas qu’il ne remboursera pas la dette. Ça ne passerait pas. Il s’exprime autrement : il veut « collaborer et négocier » pour « une réduction significative de sa valeur. » Je pense que tout le monde aura compris.

Bref, nous savons très bien que cette dette, comme la nôtre, ne sera jamais remboursée. La masse monétaire étant adossée à la dette publique et privée cela signifierait un effondrement des liquidités.
Il nous faut donc monétiser la dette. C’est la seule solution pour sortir rapidement de la crise. D’ailleurs à ce sujet, j’en profite pour souligner un événement peut-être aussi important que celui qui vient de se produire en Grèce, Mario Draghi va injecter 1140 milliards en rachetant une partie des dettes sur le marché secondaire, c’est-à-dire auprès des banques.

C’est bien la confirmation qu’une telle approche par la BCE est possible. Mais allons jusqu’au bout, il nous faut monétiser la dette publique, et nous libérer de la tutelle des marchés financiers. Arrêtons de verser des intérêts inacceptables au détriment de nos investissements d’avenir.

Avec la Grèce, nous avons maintenant un allié pour commencer à inverser le rapport de force en Europe. Si nous menons une politique courageuse, il y a fort à parier que d’autres pays nous rejoignent.

Gérard Filoche : "Le PS doit s'inspirer de Syriza"

Membre du bureau national du PS, Gérard Filoche était à Athènes pour assister à la victoire annoncée de Syriza. Pour lui, les socialistes doivent s'en inspirer s'ils ne veulent pas subir le sort de leurs cousins grecs.

Gérard Filoche a tenu à être présent à Athènes (Grèce), dimanche 25 janvier, pour assister à la victoire annoncée d'Alexis Tsipras et de son parti de gauche anti-austérité Syriza.

Gérard Filoche voit dans ce succès électoral "une bonne nouvelle pour tous les peuples d'Europe" et invite ses camarades socialistes à s'inspirer d'Alexis Tsipras. Francetv info l'a interviewé, quelques heures après son retour en France.

samedi 17 janvier 2015

Intervention au Bureau national du 13 Janvier

Par Frédéric Lutaud 
Membre du Bureau national du Parti socialiste pour la motion 4

"Ne perdons pas de vue que le chômage 
de masse et l’exclusion font le lit 
des extrémistes de tous bords." 

Cher(e)s camarades,

L’émotion qui nous étreint ne doit pas nous faire oublier une lecture politique, économique et sociale de la situation. C’est notre devoir, c’est la responsabilité du Parti socialiste. Quand la misère progresse, une frange de la population se radicalise. C’est ce à quoi nous assistons : montée du Front national et exacerbation des fanatismes religieux. Nationalisme xénophobe et fondamentalisme antisémite sont les deux faces d’une même pièce : le repli identitaire.

Bien sûr, il y a des raisons géopolitiques à ces attentats. Je ne reviendrai pas sur l’Afghanistan, le pillage de l’Irak, la Syrie, Daesh, les conséquences de la politique internationale américaine en général. Mais nous avons de lourdes responsabilités sur notre territoire :
- 800 000 chômeurs de plus depuis que François Hollande est au pouvoir.
- 82% de la population gagnent à peine plus que le Smic.
- Les salaires sont anémiques.
- 24% des SDF travaillent.
- La dernière étude du Secours populaire témoigne que « de plus en plus de français en sont réduits à survivre ».

Il faut comprendre que la courbe de la radicalisation suit la courbe de la paupérisation. Acceptons de nous interroger sur nos choix politiques. Ces banlieues que nous avons abandonnées ne sont pas par hasard des foyers où les esprits les plus fragiles se font manipulés. Ceux qui ont été recrutés pour ces attentats ne viennent pas de nulle part, nous connaissons les quartiers en difficulté où ils ont grandi, la délinquance à laquelle ils se sont livrés, les prisons qu’ils ont fréquentées. Le fanatisme religieux n’est pas le privilège des classes défavorisées – ce serait trop simple – car nous vivons une crise sociale qui s’accompagne d’une crise morale généralisée. Aussi, la laïcité est un rempart bien fragile face aux dérives communautaires quand l’ascenseur social ne fonctionne plus. Aucune école, aucune prison ne pourra nous protéger du désespoir des populations frappées par les inégalités sociales.   

mercredi 14 janvier 2015

Terroristes islamistes : "C'est la même mécanique que pour les nazis"

par Bruno Béziat, publié le 09/01/20157

Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik estime que les terroristes islamistes sont volontairement façonnés selon une mécanique identique à celle qui a amené au régime nazi.

Boris Cyrulnik était de passage ce vendredi à Bordeaux pour présenter son dernier livre.

Le passage à Bordeaux vendredi pour la parution de son dernier livre "Les âmes blessées" (Odile Jacob) et la commémoration de la rafle des juifs, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik a participé à l'émission "Point de vue" sur TV7 Bordeaux (à voir aussi sur le site de TV7). Il y a longuement commenté l'actualité, le dramatique attentat de Charlie Hebdo et la prise d'otages de Vincennes. En voici les principaux extraits.

Ne nous trompons pas de combat

Par Patrick Viveret, philosophe, co-fondateur du mouvement international des "Dialogues en Humanité" 12.01.2015

Puisqu’il est convenu de caractériser l’assassinat contre Charlie hebdo comme un "11 septembre français", il n’est pas trop tôt pour nous interroger sur les suites de ce 11 septembre aux États Unis afin de ne pas commettre les mêmes erreurs.

L'extension du terrorisme alimenté par le fanatisme qu'exprime aujourd'hui Daesh est en effet une conséquence directe de la politique conduite par l'administration Bush en réponse aux attentats du 11 septembre. Le désastre de cette politique est patent tant à l'extérieur des Etats Unis qu'à l'intérieur. D'un côté c'est le double échec de l'intervention militaire en Afghanistan qui conduit aujourd'hui au retour en force des talibans, et, plus encore, en Irak dont la désagrégation a permis la création d'un Etat terroriste qui instrumente l'Islam pour habiller ses crimes d'une justification prétendument religieuse. De l'autre, à l'intérieur, ce sont les atteintes majeures aux libertés organisées par le Patriot act, les crimes contre l'humanité commis dans les camps de torture organisés par la CIA, les logiques de peur et de repli identitaires qui conduisent aux régressions racistes malgré la présence historique d'un président noir à la maison blanche. Autant dire que ce sont les valeurs fondamentales de l'Amérique qui sont aujourd'hui menacées beaucoup plus efficacement par les conséquences de la politique de Bush que par l'attentat organisé par Ben Laden. Il en serait de même si, par malheur, une France saisie par ce que Wilhem Reich nommait "la peste émotionnelle", se laissait embarquer dans une double logique de guerre extérieure et intérieure, la première alimentant d'autant plus la seconde.

jeudi 8 janvier 2015

Hommage à Charlie Hebdo et à la liberté d'expression

Aujourd'hui est un jour de deuil pour la France et la démocratie. L'attentat perpétré contre le journal satyrique Charlie Hebdo a conduit à la disparition de caricaturistes, de journalistes et de chroniqueurs de talent qui portaient haut et fort la liberté d'expression et la liberté de la presse ainsi que la disparition de deux policiers abattus en service.

Nous souhaitons ici exprimer notre solidarité avec les familles des victimes mais aussi avec tous ceux qui, toujours, prennent des risques pour défendre les droits élémentaires qui fondent notre société. Les auteurs de ces crimes doivent être traduits devant les tribunaux et l'inanité des thèses qui ont motivé leur geste expliquée à tous. Nous faisons confiance à la justice et aux médias pour que leur procès soit l'occasion de dénoncer la folie à laquelle conduit l'intégrisme et le repli sur soi.

Cet attentat est éminemment symbolique d'une remise en cause des valeurs fondamentales qui forgent la société française. La République assure le respect de la diversité afin que nous puissions vivre ensemble dans la paix et la fraternité. La laïcité garantit à tous la liberté de conscience et de culte, ce qui comprend aussi le droit d'être athée. Une société pacifiée ne peut se développer sans lutter constamment contre les inégalités qui la traversent. En France, l'existence d'une solidarité nationale est l'expression de ce lien social. Ce drame nous rappelle combien il est primordial de lutter contre toutes les idéologies sectaires, aussi bien celles du radicalisme religieux que celle d'une économie libérale qui délite nos sociétés partout dans le monde.
Devant ce crime inexcusable qui est une conséquence directe d'une situation internationale défaillante, nous appelons à une prise de conscience afin de redonner au monde un projet dans lequel chacun ait sa place.

Nous ne devons pas rentrer
 dans une logique sécuritaire ou de haine qui tueraient une seconde fois les défenseurs de la liberté et de l'intégrité humaine.

Nous demandons la tenue d'obsèques nationales pour les victimes de cet attentat. Nous sommes tous des Cabu, Charb, Tignous, Wolinski, Maris... et nous continuerons le combat contre l'obscurantisme et la barbarie. A Paris, nous avons été présents place de la République aux côtés de tous ceux qui s'étaient rassemblés par milliers pour défendre la liberté de la presse et d'expression, et plus généralement nos valeurs. Nous appelons chaque citoyen à leur rendre hommage un peu partout en France.

La motion Oser Plus Loin Plus Vite du Parti socialiste