samedi 7 novembre 2015

Varoufákis : «Hollande n'est pas l'ami de la Grèce»

L'ancien ministre grec estime que le président français n'a pas aidé son pays lors des négociations cet été.

Yánis Varoufákis n’est plus ministre des Finances… mais continue de parler, et de faire parler. En Grèce, il participe à la campagne pour le «mouvement 1101», qui se constitue autour du site ThePressProject, un média indépendant. Va-t-il constituer un parti bientôt ? «Je n’y pense vraiment pas. Sérieusement», répond-il.

Pourquoi participez-vous au mouvement 1101 ?

Le processus électoral ne suffit pas pour maintenir la démocratie alerte. Une oligarchie, propriétaire de médias, manipule l’opinion. La campagne «1101» a pour objectif d’appeler à soutenir d’excellents journalistes, plus ou moins jeunes, et un site internet indépendant, ThePressProject. Mais «1101» n’est pas le réseau politique européen que nous mettons en place actuellement. Nous développons un espace de dialogue, hautement politique, pour créer un consensus entre démocrates européens.

Les 22 et 23 octobre, François Hollande est venu en ami de la Grèce…

Il ne l’est pas !

Mais il dit avoir aidé la Grèce lors des négociations…

Absolument pas ! Pendant les négociations, le président Hollande et le ministre des Finances Michel Sapin ont certes effectué quelques déclarations pertinentes ou apporté un utile soutien verbal. Mais au moment crucial, les soutiens que nous avons eus se résument à un chiffre clair et net, radical : zéro.

Qu’est-il alors venu chercher ?

De la crédibilité, d’abord. Pendant la crise et les rudes négociations que nous avons eues, la France n’a pas été à la hauteur de ses devoirs. François Hollande a échoué à donner un coup d’arrêt à la barbarie déchaînée contre le premier gouvernement d’Aléxis Tsípras. Et ce, même les 12 et 13 juillet, quand Aléxis Tsípras a été soumis à cette pression cavalière.

Hollande a commis une faute politique en n’empêchant pas un dérapage vers l’autoritarisme qui sera pourtant néfaste pour tous, y compris les Français et leurs intérêts économiques. Il devra en répondre jusqu’à la fin de ses jours. Que la France ait permis que la Grèce soit piétinée n’augure rien de bon pour la solidité et la légitimité de l’UE parmi les citoyens européens. Cette séquence lui a causé beaucoup de dommages en France, chez les socialistes et dans la population. Ici, il voulait se racheter une crédibilité. C’est trop tard et ça ne suffira pas. François Hollande a fait un vrai cadeau à Marine Le Pen.

Les banques grecques vont être recapitalisées. Est-ce une preuve, à vos yeux, que le 3e mémorandum est dédié à la finance, et pas à la population grecque ?

Absolument. Nous allons répéter les mêmes erreurs que celles commises en 2013 lors de la première recapitalisation. Nous allons leur donner 40 milliards d’euros, empruntés au peuple européen ; en faillite, l’Etat emprunte plus d’argent pour les banques. Certes, il faut aider le système bancaire : s’il s’effondre, nous serons tous en difficulté. Mon problème, c’est les banquiers. Or, avec l’aide de la troïka, ceux qui restent en poste sont ceux qui ont fait couler les banques. Et personne ne s’attaque aux prêts toxiques que détiennent les banques grecques. Même avec cette recapitalisation, le problème est loin d’être résolu.

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