jeudi 3 octobre 2013

Polémiques sur les Roms : halte au feu !


Par Catherine Trautmann (ancienne ministre, eurodéputée, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen) et Sylvie Guillaume (eurodéputée, vice-présidente du groupe socialistes au Parlement européen)

Les Roms font l'objet de polémiques en France et en Europe. Plutôt que de céder à une simplification du discours et à une précipitation qui font le jeu des partis se nourrissant des peurs et des frustrations, nous devons réfléchir et agir de façon équilibrée sur cette problématique complexe.

Revenons d'abord aux faits : les Roms sont l'un des derniers peuples transnationaux et sans Etat. La plupart des 20 000 Roms installés en France viennent essentiellement de Roumanie mais sur les 6 millions qui vivent dans l'Union européenne, seuls 1,85 million sont roumains et 750 000 sont bulgares. 750 000 vivent en Hongrie, 500 000 en Slovaquie, 200 000 en République tchèque... Soit trois pays qui appartiennent d'ailleurs déjà à l'espace Schengen pour faire référence à une autre polémique.
Leur situation appelle une réponse européenne. Ce que l'on constate, c'est qu'aucun Etat membre n'échappe aux difficultés. Dans un contexte économique etsocial difficile, la cohabitation des riverains et des habitants de camps roms, dans des conditions souvent insalubres, attise rivalités et frustrations. Il n'est d'ailleurs pas étonnant de voir ces populations surreprésentées dans les faits de délinquance entretenus par des réseaux mafieux. Notre responsabilité politiqueest de créer un cadre de droits et de devoirs pour toutes les populations.

RÈGLES EUROPÉENNES DE NON-DISCRIMINATION

Pour parvenir à une insertion durable des Roms, les responsabilités doivent être assumées à tous les niveaux compétents :

- Au niveau européen, surtout : c'est à la Commission européenne qu'il incombe de construire et de faire respecter les règles européennes en matière de non-discrimination, de liberté de circulation et de droits de résidence. Les déclarations et les œillères ne suffisent plus. De la même façon elle doit veiller au monitoring efficace de la mise en place des stratégies nationales d'intégration des Roms et à la consommation des fonds européens. Il en va ainsi du soutien à l'accès à l'éducation, à l'emploi, aux soins de santé et au logement dans les Etats membres concernés.

- Dans les pays d'origine, ensuite : chaque pays doit lutter contre toutes les formes de discrimination à l'égard de ces populations et prendre en charge des politiques d'intégration proactives de manière à ne pas contraindre leurs populations à l'exil. Ils ont d'ailleurs à leur disposition plusieurs fonds européens - dont le Fonds social européen - qui pourraient lutter contre la pauvreté en général et favoriser les programmes d'insertion pour permettre des changements sur le terrain. Aujourd'hui pourtant, leur trop faible mobilisation représente un échec patent et une hypocrisie à laquelle il faut mettre un terme.

- Dans les pays d'accueil, enfin : les autorités locales, en première ligne dans la gestion quotidienne de nouveaux arrivants sur leurs territoire doivent être davantage soutenues pour mobiliser le soutien financier européen et appuyer des projets portés par des acteurs associatifs engagés. Certains dispositifs, tels que les villages d'insertion, ont essuyé les plâtres il y a quelques temps ; mais d'autres formes plus abouties de dispositifs sont désormais élaborées et permettent decontractualiser l'accès aux droits, en contrepartie du respect des conditions de scolarisation des enfants, de non-recours à la mendicité, d'apprentissage de la langue, de formation...

Nous, socialistes européens, rejetons fermement toute forme de populisme et tout raccourci sensationnaliste dans le débat en cours à l'égard de ces populations. La spirale "installation-désordres-évacuation-réinstallation" est sans fin. Nous devons donc y substituer des actions concrètes. C'est tout le sens de notre action au Parlement européen, et c'est pourquoi nous nous reconnaissons pleinement dans la circulaire interministérielle du mois d'août 2012 qui engage tout le gouvernement. La fermeté est indéniablement nécessaire, mais le travail social également.

Catherine Trautmann (ancienne ministre, eurodéputée, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen) et Sylvie Guillaume (eurodéputée, vice-présidente du groupe socialistes au Parlement européen)




1 commentaire:

  1. La polémique lancée par SARKOZY et reprise par VALLS a déjà fait des dégâts. Encouragés par la presse (conditionnée par des communiquants ?) qui porte VALLS aux nues de la popularité générale, des électeurs du Président HOLLANDE ont déjà décidé de voter MARINE aux prochaines élections (je cite là des faits observés dans mon environnement ; il ne s'agit évidemment pas de socialistes profondément convaincus).
    Je constate donc que VALLS prépare notre prochaine défaite électorale : désigner des boucs émissaires marche mieux que promettre des emplois incertains, mais à ce jeu, le FN qui a déjà baptisé VALLS : SARKOZY 2.0, est plus crédible.
    Je regrette que le ministre VALLS ne maîtrise pas l'administration dont il a la charge : bien qu'ayant coupé quelques têtes éminemment sarkozystes, il a reculé très rapidement sur la question des contrôles d'identité, et, en lançant le haro sur les Roms il a obtenu rapidement l'adhésion des policiers, braves gens qui depuis longtemps (j'ai des connaissances parmi eux) craignent les méchants Roms, lesquels n'ont pas été élevés dans la crainte du gendarme, crainte qui est - normalement - le commencement de la sagesse...
    Politiquement, j'attends une bonne et franche collaboration entre les ministres de l'intérieur et de la justice, sous l'égide du Premier Ministre, les deux Ministères étant pourvu des moyens humains (bien formés) et matériels nécessaires. Cela pourrait montrer une efficacité de gauche supérieure à celle de la droite dans la paix publique, la sécurité pour tous, l'ordre juste.

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