jeudi 6 novembre 2014

Une logique d'agression - Intervention au Bureau national du 4 Novembre 2014

Par Frédéric Lutaud membre du Bureau national du PS

Jean-Christophe, nous avons entendu ton appel à l’apaisement et à l’unité du Parti socialiste, nous y souscrivons pleinement. Seulement voilà, nous constatons que nous sommes victimes d’une logique d’agression généralisée de la part du gouvernement. Cela fait deux semaines que nous n’avons pas siégé au Bureau national et je souhaiterais rafraichir la mémoire de chacun sur la brutalité des propos qui ont été tenus à notre égard et qui ne sont pas dignes d’un camarade socialiste. Je parle des propos tenus par notre Premier ministre Manuel Valls dans son entretien à l’Obs. Aussi, s’entendre traiter de « gauche passéiste au surmoi marxiste » relève du plus grand mépris. Nous pourrions lui retourner le compliment en qualifiant son action de blairisme rétrograde. Mais quand nous critiquons la politique du gouvernement, nous employons des arguments de fond. Nous restons sur le terrain politique. Nous ne nous abaissons pas à des caricatures grossières.


Aussi, cinq députés socialistes frondeurs sont exclus de la commission des Affaires sociales... du jamais vu ! Par ailleurs, on menace d’exclusion pour un tweet mais quand Emmanuel Macron fait récemment l’éloge des réformes de Gerhard Schröder, cela ne révulse personne au Parti socialiste (« Angela Merkel a la chance d'avoir eu un prédécesseur qui a fait les réformes. Pas nous » JDD). Un Premier ministre qui se met à rêver d’une « maison commune » avec la droite, cela ne suscite aucun émoi à la direction du Parti socialiste. Est-il besoin de rappeler que Manuel Valls a fait 5% aux primaires et que sa ligne politique est minoritaire au PS ? Les militants qui ont porté la gauche au pouvoir n’ont pas voté pour ça.

La brutalité avec laquelle le gouvernement traite tous ceux qui critiquent de prêt ou de loin sa politique trouve finalement son prolongement dans les événements tragiques qui ont débouché sur la mort de Rémi Fraisse. Cette inaptitude au dialogue ne peut qu’entrainer un rapport de force désastreux pour la vie politique de notre pays. Je ne m’étendrai pas sur la mort de Rémi Fraisse qui, je le rappelle, fut un de nos camarades au Parti socialiste et sur laquelle l’enquête en cours fera toute la lumière. Je ne dirai qu’une chose : cette situation est le résultat symptomatique d’un pouvoir qui refuse le débat et adopte le principe d’exclusion pour imposer ses choix, incapable de la moindre écoute, autiste à toute revendication. Jamais la gauche ne devrait avoir recours aux mêmes procédés que ceux qui caractérisent la droite pour traiter un conflit social. C’est ici l’échec de nos valeurs les plus fondamentales.

Quelles réponses apportons-nous à la désespérance sociale ? Les chiffres du chômage sont à nouveau tombés, ils sont encore calamiteux. Qui s’en inquiète ? Cela ne fait même pas l’objet d’une intervention dans ce Bureau national. Alors on a beau jeu de brandir l’épouvantail Alain Jupé pour nous contraindre à faire bloc derrière un gouvernement qui affiche à son bilan un demi-million de chômeurs supplémentaire.

Tandis que Michel sapin se propose de réduire le périmètre de la taxe sur les transactions financières (encore un renoncement), François Hollande invite les entreprises françaises à s’impliquer dans l’exploitation des sables bitumeux au Canada. Comme le rappel Delphine Batho à ceux qui l’auraient oublié : « c’est l'endroit où il y a une catastrophe écologique gigantesque, des destructions de la forêt boréale, des égouts à ciel ouvert, et c'est le pétrole qui est le plus sale du monde ». Il faut avouer que c’est du meilleur effet avant la grande conférence mondiale sur l’écologie.

Je voudrais revenir maintenant sur ce qui s’est passé dernièrement au parlement. Je profite de la présence de Jean-Marc Germain pour poser la question. Comment est-ce possible que des parlementaire socialistes votent avec la droite pour rejeter un amendement sur la progressivité de la CSG, une promesse de campagne de François Hollande ? Même si celui-ci n’était pas formulé ainsi, il était question de fusionner CSG et impôt sur le revenu, ce dernier étant progressif cela revient au même. Expliquer-moi comment peut-on voter avec la droite contre ce qui constitue un engagement présidentiel auprès des français ? Est-ce que je pourrais avoir une réponse de la part Jean-Marc et bien sûr de notre Premier secrétaire ?

Commentaire de l'auteur :
Aucune réponse a été formulée. 

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