samedi 14 juin 2014

Rassemblons la gauche maintenant !

Par Frédéric Lutaud, membre du Bureau national du PS pour la motion 4

Deux ans se sont écoulés depuis le congrès de Toulouse. La vocation de la motion 4 est restée intacte : porter les engagements du discours du Bourget et encourager le gouvernement à oser plus loin, plus vite, dans la construction d’un nouveau modèle de développement. Avec les 10 000 militants qui nous ont porté au Conseil national et au Bureau national, nous partageons toujours l’indignation de notre Premier signataire Stéphane Hessel devant le creusement des inégalités, les excès de la finance et l’incurie du chômage de masse. La crise sociale et écologique ne trouvera de résolution sans une autre répartition des richesses, sans un changement de politique économique et monétaire maintenant.

Considérant avec vigilance les renoncements successifs du gouvernement sur l’encadrement des salaires, la séparation des banques d’affaires et de dépôts et la révolution fiscale, nous avons tenu un discours constructif pour que la gauche prenne ses responsabilités. L’augmentation des minimas sociaux nous a semblé insuffisante et nous avons demandé un geste significatif de la part d’un gouvernement socialiste. Puis, nous avons pris clairement position contre l’allongement des cotisations retraite qui maintient plus longtemps les salariés sur le marché du travail alors que tant de chômeurs ont besoin d’y rentrer. Nous n’avons pas été entendus, mais jamais nous n’avons renoncé à nos engagements en apportant aussi notre soutien au mariage pour tous, à la loi sur l’économie sociale et solidaire, en faisant campagne pour les Européennes ou en défendant encore récemment la réforme pénale.

En début année, François Hollande a surpris tout le monde en se déclarant pour une « politique de l’offre » essentiellement tournée vers la baisse du « cout du travail », sans jamais évoquer le coût exorbitant du capital. Cette orientation n’a jamais fait partie du programme socialiste et elle rentre en contradiction avec le texte de notre motion. Ce n’est pas en jouant la surenchère dans le dumping intra-européen que nous construirons l’Europe sociale. Ce n’est pas avec 40 milliards d’allègements fiscaux que les PME trouveront des débouchés alors que la demande est insuffisante. Les 50 milliards de coupe budgétaire et l’absence de lutte contre l’évasion et la fraude fiscale sont incompatibles avec une politique d’investissements publics nécessaires à la transition écologique. Mais encore, nous ne traiterons pas le chômage de masse sans une autre répartition du travail et sans un autre pilotage de la création monétaire à l’échelle de l’Europe. La « politique de l’offre » s’est révélée un échec partout où elle a été appliquée et vous l’avez désavouée à 70% lors de la dernière consultation militante de la motion 4.

Depuis, le Parti socialiste a subi deux débâcles historiques successives, aux municipales et aux européennes. Notre électorat nous a sévèrement sanctionné dans les urnes et la cote de popularité de notre Président est au plus bas. Nombreux sont ceux qui portent un regard désabusé sur la politique du gouvernement et s’interroge sur l’attitude à adopter. Cela nous a valu quelques divisions au sein de notre motion et la démission de certains de nos camarades partis pour d’autres aventures politiques. Faut-il continuer à soutenir le gouvernement ou rentrer dans l’opposition ?

Nous pensons que nous n’avons pas d’autre choix que de rester fidèles à nos engagements. Jaurès disait : « le courage politique c’est de chercher la vérité et de la dire ». C’est ce que nous nous efforçons de faire à chaque fois que le gouvernent s’égare. Nous n’opterons ni pour un soutien inconditionnel, ni pour une critique systématique. Mais, il nous semble qu’un changement de cap reste indispensable. Celui-ci ne sera possible que dans un rassemblement unitaire de la gauche. Nous invitions  à engager des discussions avec tous ceux qui souhaitent construire un nouveau modèle de développement sans attendre le retour utopique de la croissance. Il ne s’agit pas de se dissoudre et encore moins de perdre notre identité mais de prendre toute notre place dans une dynamique de rassemblement pour convaincre de nos solutions et de nos valeurs. Nous n’avons pas d’ennemi à gauche et nos idées doivent devenir majoritaires pour sortir de la crise.

Sauver notre parti nécessite un dialogue constructif et responsable avec toutes les sensibilités du PS comme avec la société civile, dans nos régions comme au Bureau national. Et au-delà de nos rangs, nous devons travailler au rassemblement unitaire de la gauche pour faire obstacle au Front national et construire un nouveau modèle de développement à la poursuite du progrès social et de la protection de l’environnement.


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