jeudi 5 juin 2014

Intervention au Bureau National du 3 Juin 2014

Par Frédéric Lutaud
membre du Bureau national pour la motion 4

Je ne voudrais pas que se déroule ce Bureau national sans évoquer les derniers chiffres du chômage. Ils sont désastreux. 15 000 chômeurs de plus dans notre pays et on ne compte plus ceux qui arrivent en fin de droit sans avoir retrouver un emploi. Nous atteindrons bientôt le demi-million de chômeurs supplémentaires sous la mandature de François Holland. C’est l’échec total de notre politique de l’emploi.

Alors bien sur, nous avons hérité de l’état d’un pays gouverné par la droite. Mais cela fait maintenant deux ans que nous sommes au pouvoir et rien ne vient enrayer l’hémorragie. Aussi que proposons nous ? De soutenir les entreprises car « c’est elles qui créent de l’emploi » comme aime à le répéter Guillaume Bachelay à chaque fois qu’il clôture notre Bureau national. Ce qui nous donne peu l’occasions de lui répondre.

Alors Guillaume, je me suis prêté à un petit calcul, pas trop savant rassure-toi. Sais-tu combien d’emplois ont créés les entreprises depuis 1949 ?

(silence…)

Hé bien, la réponse c’est qu’elles en ont détruit.

Je m’explique : il y avait 41,8 milliards d’heures travaillées en France en 1949, il n’y en avait plus que 38,3 milliards en 2010. Je te fais grâce des 4 dernières années de crise. Soit 3,5 milliards d’heures de travail en moins, ce qui représente 2 millions d’emplois salariés actuels à temps plein. Les entreprises ont donc détruit de l’emploi. Plus efficaces, plus performantes, plus productives, elles ont économisé du travail à l’échelle de la société toute entière, pendant que la population en mesure de travailler augmentait de 14 millions.

Mon propos n’est pas de dire que les entreprises ne font « que » détruire de l’emploi, elles en créent aussi, mais principalement parce que nous avons diminué le temps de travail. L’alignement sur la semaine de 40h, puis 39h, ensuite 35h, troisième et quatrième semaine de congés payés… La salarisation de la société a permis un autre répartition le travail.

Le diagnostic qui consiste à dire qu’il faut soutenir les entreprises parce que c’est là que se crée l’emploi est faux. Comme est faux le diagnostic sur la « politique de l’offre » et la baisse du « coût du travail » qui n’ont jamais été dans le programme porté par les socialistes. Et si le diagnostic est faux, nous ne règlerons jamais le problème du chômage de masse sur lequel prospère le Front national.

Et j’en profiterai, Jean-Christophe, pour rebondir sur une déclaration que tu as faite la semaine dernière considérant que les députés qui sont d’accord pour appliquer la politique du gouvernement sont majoritaires, donc la fronde qui règne aujourd’hui au parlement ne saurait la remettre en cause. Mais il ne suffit pas d’être majoritaire pour être légitime. Ces députés n’ont jamais reçu mandat pour appliquer une « politique de l’offre » mais pour appliquer les engagements du Bourget.

Maintenant, tu souhaites organiser des Etats généraux du PS. N’oublions pas que nous avons eu avec Martine Aubry un cycle de conventions. Son aboutissement devait constituer la « boite à outil » dans laquelle notre candidat puiserait pour bâtir son programme. Visiblement François Hollande a du se tromper de boite car je n’y ai jamais vu la baisse « du coup du travail », ni la « politique de l’offre ». Ensuite, avec ton prédécesseur, nous avons eu les Ateliers du changement, cela n’a rien donné. Aujourd’hui, tu veux des Etats généraux du PS. On est tenté de dire : « pourquoi pas ? ». Mais n’y a t’il pas mieux à faire, plus urgent ? Commençons déjà par faire des Etats généraux entre nous, ici, au Bureau national. Toutes les sensibilités du PS y sont représentées. Et la question comme celle du chômage de masse doit y être traitée en priorité.

Je ne suis pas entrain de plaisanter, des millions de vies sont brisées pendant que nous discutons tranquillement à Solférino. 15 000 chômeurs de plus et pas un mot de la direction du Parti socialiste. Comment cela est-il possible ? Nous sommes responsables devant les Français de la politique conduite depuis deux ans et nous ne pouvons continuer à promettre des résultats fondés sur un argumentaire théorique erroné. La situation est trop grave pour que nous fassions l’impasse sur une discussion de fond. Une discussion qui doit avoir lieu au plus vite entre nous, dans l’enceinte de ce Bureau national qui me semble appropriée.

1 commentaire:

  1. Si ce genre de parole était respecté au PS , le FN serait au fond du trou.

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