samedi 2 novembre 2013

Pourquoi les salaires ont encore stagné


Le salarié net mensuel d'une personne travaillant en équivalent temps plein dans le privé ou le secteur public a atteint, en 2011, 2 130 euros par mois en moyenne, soit une hausse de 2,3 % par rapport à 2010, selon une étude de l'Insee. Mais l'inflation (+ 2,1 % en 2011) a presque annihilé tout effet sur le pouvoir d'achat. Et la progression réelle n'est plus que de 0,2 %.

Après une embellie en 2009, c'est la deuxième année consécutive où le salaire net connaît un fort ralentissement (+ 0,5 % en 2010).  Un ralentissement qui intervient dans un contexte de retournement de conjoncture avec l'aggravation de la crise des dettes souveraines de la zone euro à partir de l'été 2011.


La progression en trompe-l'œil de la rémunération moyenne des ouvriers (les plus précaires et moins payés perdant leur emploi), la baisse de celle des cadres, et des ingélités salariales qui perdurent sont autant de signaux d'un marché du travail en berne et du manque d'allant de l'économie.

Une hausse amère pour les ouvriers

Tous secteurs d'activité confondus, le salaire net moyen des ouvriers enregistre l'évolution la plus favorable, avec une hausse de 2,1 % en euros constants. C'est une fausse bonne nouvelle : la hausse étant un effet des destructions de postes dans l'industrie – depuis le début des années 2000 – et la construction depuis 2011.
"Dans ces deux secteurs, les pertes d'emplois touchent surtout des salariés peu qualifiés et faiblement rémunérés. Cette dégradation conduit mécaniquement à une hausse du salaire moyen des personnes ayant conservé leur emploi", remarquent les auteurs de l'étude, Roselyne Kerjosse et Christine Pinel.

Le salaire des cadres en baisse

Après deux années de repli (- 0,5 % en 2008 et - 1,6 % en 2009) et une amélioration en 2010 (+ 1 %), le salaire moyen des cadres repique du nez en 2011, à - 1,5 %. Une baisse quasi cyclique que l'institut explique par "la part variable du salaire, plus élevée chez les cadres que chez la moyenne des salariés".  En période de crise, les primes versées selon l'activité ou l'épargne salariale sont ajustées à la baisse.

Les inégalités salariales perdurent

Le salaire net moyen des 10 % qui gagnent le moins (1 170 euros) est en hausse de 0,3 %, quand celui des 10 % qui gagnent le plus (3 400 euros) augmente de 0,5 %. Quant au salaire médian, qui partage les salariés en deux parts égales, il stagne, à 1 712 euros par moi (+ 0,1 %).

"Ces mouvements relatifs demeurent d'ampleur très limitée : le rapport entre les salaires des 1er et 9e déciles, indicateur qui fournit une mesure de leur dispersion, est stable à 2,9 depuis 2004", note l'étude. Les inégalités salariales n'ont donc pas varié en sept ans.

Femmes : un très léger mieux

Du côté des écarts hommes-femmes, l'année 2011 voit la stagnation du salaire des premiers et une hausse de 0,6 % de celui des secondes. Un léger mieux qui s'explique d'abord par une progression de la part des cadres chez les femmes salariées et au fait que leurs salaires ont moins baissé que ceux des hommes, la part variable étant plus faible.


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