lundi 4 novembre 2013

Croissance, compétitivité, emploi, pourquoi ça ne peut pas marcher !

Par Frédéric Lutaud
Membre du Bureau national du Parti socialiste


Le Parti socialiste a repris à son compte les préceptes économiques hérités d’une pensée économique libérale. Le pacte croissance, compétitivité, emploi ne peut aboutir qu’à la désillusion politique et aux désaveux de son électorat. Le gouvernement laisse entendre que la croissance, garantie de la prospérité nationale, sera obtenue au prix de la compétitivité de nos entreprises avec pour bénéfice l’embauche massive de salariés. Ce serait la martingale pour résorber le chômage de masse. Malheureusement, la logique apparente de ce raisonnement est totalement erronée. Pire encore, la croissance et la compétitivité ne peuvent qu’aggraver le situation de l’emploi et dégrader nos conditionsde vie. C’est ainsi que le remède ne fera qu’empirer le mal. En fondant sa politique de relance sur un schéma de pensée dépassé, la France court à sa perte, entrainant avec elle ses partenaires économiques dans une surenchère suicidaire pour l’économie mondiale.


Le mythe de la croissance
          
Quand on aborde le thème de la croissance, il est toujours bon de rappeler les fondamentaux même si cela parait fastidieux. Pourquoi la croissance n'est pas un objectif ? Parce que parler "croissance" c'est parler "croissance" du PIB, autrement dit de la croissance de la valeur ajoutée sur les biens et les services produits sur le territoire national. La croissance est donc un indicateur qui ne rend pas compte de ce qui échappe à la transaction financière. Par exemple, une association de parent d’élèves qui donnent gratuitement des cours de soutien à des enfants en difficultés ne rentre pas dans le PIB. Par contre, « les embouteillages peuvent accroître le PIB puisqu'ils entraînent une augmentation de la consommation d'essence, mais pas le bien-être[1] ». Par conséquent, la croissance du PIB ne distingue pas les activités qui dégradent notre environnement et nos conditions de vie de celles qui les améliorent, mais elle ne prend pas, non plus, en compte les biens gratuits fournis par les services publics ou le bénévolat. Tout ce qui fait la richesse de la solidarité nationale républicaine en est écarté. La croissance ne renseigne en rien sur le bien-être social de nos concitoyens et ne peut servir de boussole économique.
          La croissance n’est pas non plus la garantie d’une bonne répartition des richesses. On peut très bien avoir une forte croissance avec une faible redistribution des richesses qui ne profite qu’à une minorité, comme on peut avoir une croissance faible et une forte redistribution des richesses au bénéfice de toute la population.  
La croissance du PIB s’avère donc un indicateur obsolète quand il s’agit de savoir si nous devons produire autrement ou, simplement, si nous produisons déjà suffisamment. Et si nous produisions déjà trop et que la question était plutôt d’orienter notre production vers la satisfaction des besoins sociaux ? La croissance aveugle du PIB ne nous le dit pas. Mais une chose est certaine, si nous mettons en œuvre la société durable dont nous avons impérativement besoin pour surmonter la crise écologique, autrement dit une économie de la sobriété énergétique, du recyclage, de la chasse au gaspillage et aux surplus alimentaires, de la rationalisation des transports collectifs, de la fin de l’obsolescence programmée et de la surconsommation… cela se traduira immanquablement, à l'issue des investissements, par un déficit de croissance selon les critères du PIB. Donc, exit la croissance verte qui, en soi, est une contradiction dans les termes. En abandonnant de l’idée de croissance, nous pouvons adopter un autre modèle de développement fondé sur l’optimisation des ressources et la répartition des richesses et du travail. Aujourd’hui, l’obstination des gouvernements à courir après la croissance n’a d’égal que leur incapacité à formuler un projet de transformation sociale.

Une absence de projet
Relancer la croissance aujourd’hui revient dans la tête de nos dirigeants à relancer la consommation intérieure qui représente 58% du PIB français. Quoi qu’on dise, c’est une pression supplémentaire sur les ressources naturelles qu’on nous demande d’exercer alors que la crise écologique nous invite à sortir du consumérisme pour adopter un modèle de développement durable. Mais encore, relancer la consommation pour consommer quoi ? La question mérite d’être posée quand les marchés sont saturés depuis les années soixante et que nous subissons une crie de surproduction. La majorité des ménages sont équipés de télévisions, machines à laver, grille-pains, voitures, téléphones portables, etc. La révolution informatique a fait rentrer dans les foyers un équipement déjà surpuissant pour les besoins du particulier et supprime partout des emplois. Certes, il faut faire en sorte que tout le monde accède aux biens de consommations courants. Seulement, l’ensemble de la société n’a pas pour seul but de nourrir le feu de la consommation, mais d’offrir une qualité de vie en harmonie avec le développement personnel de chacun. En épousant l’idéologie de la croissance, notre société dissimule son absence de projet.

La croissance, ni soutenable, ni souhaitable
Bien sûr, des investissements d’avenir doivent être effectués : énergies renouvelables, biotechnologies, nano technologies, intelligence artificielle, big data, recherche & développement en tout genre… Mais leur finalité doit être double, d’une part économiser de la matière première et du temps de travail. Avec l’amélioration des outils de production comme celui des matériaux, nous supprimons des taches ingrates et répétitives tout en soulageant la pression sur les ressources naturelles ce qui ne générera pas de croissance du PIB. D’autre part, améliorer notre qualité de vie et notre santé ne générera pas non plus de croissance du PIB dans la mesure où cela implique de revenir sur des stratégies marketing néfastes, de mettre en œuvre une consommation moindre, équilibrée, mieux adaptée et responsable. Là encore, le dogme de la croissance rentre en total contradiction avec les enjeux de notre époque.

La croissance depuis 1960 - source Insee

Pour terminer, nous nous contenterons de rappeler les faits. Retrouver les taux de croissance que nous avons connu durant les Trente glorieuses où régnait le plein emplois est impossible. La France est reconstruite et les grands chantiers industriels (trains, réseaux routiers, télécommunications…) sont achevés. Le taux de croissance ne fait que décliner depuis 1960. C’est courir après une chimère que d’espérer renouer aujourd’hui avec une croissance soutenue rencontrée dans certains pays en développement.
Aussi, devons-nous garder à l’esprit que les points de croissance que nous exigeons chaque année ne sont pas ceux de l’année précédente[2]. La croissance suit une évolution exponentielle. C’est donc à une surenchère permanente que se trouve confrontée notre capacité de production. Comme dit le physicien Albert A. Bartlett : « Une des grandes faiblesses de la race humaine, c'est son incompréhension de la fonction exponentielle ». Une croissance élevée n’est tout simplement pas soutenable ni du point de vue économique ni du point de vue écologique.

Mirage de la compétitivité

La compétitivité est devenu le maître-mot de la politique économique, à droite comme à gauche. Que la droite souhaite mettre en compétition les travailleurs du monde entier pour tirer les salaires vers le bas et augmenter les profits, cela se comprend aisément. Mais que la gauche reprenne à son compte un tel concept a de quoi choquer. En adoptant la rhétorique de la « compétition », elle renonce aux valeurs fondatrices de son identité : « la coopération » et la « solidarité ». Le coût du travail serait devenu trop important pour l’entreprise, cautionnant par là-même ce pernicieux déplacement sémantique qui rebaptise les « cotisations sociales » en « charges sociales ». Nos sociétés modernes ont pourtant fixé un prix au travail, c’est le prix de la dignité humaine. Chaque travailleur a le droit à une couverture maladie, une indemnisation chômage et une allocation retraite (qu’il est souhaitable de percevoir quand nous sommes encore en bonne santé pour en profiter). Ces acquis sociaux ne sont pas une charge mais bien le prix à payer pour échapper à la barbarie du capitalisme. Mettre en compétition le prix du travail avec des pays qui n’ont pas encore obtenu ces protections sociales, ou dont les régimes autoritaires encouragent l’esclavage salarial, serait une absurdité qui revient à tourner le dos au principe de civilisation.
Quand est-il de la concurrence avec les pays développés ? La compétitivité se révèle aussi une impasse car, non seulement, « le coût horaire du travail en 2008 — dernière année de comparaison disponible — dans l’industrie manufacturière française est inférieure à celui de l’Allemagne (33,16 euros contre 33,37 euros), mais la productivité par personne est en France l’une des meilleures d’Europe : elle est de 21 % supérieure à la moyenne de l’Union à vingt-sept et de 15 % supérieure à celle de l’Allemagne[3] ». Par conséquent, la stratégie systématique de baisse continue du coût du travail entraine les pays industrialisés dans la spirale de la déflation salariale, privant ainsi la consommation intérieure de son pouvoir d’achat, avec pour voie de conséquence la diminution des importations. Gagner en compétitivité est donc une victoire à la Pyrrhus. Les parts de marché gagnées sur les entreprises l’étrangères se feront au détriment des travailleurs des pays concernés qui consommeront moins, privant de débouchés nos exportations. L’univers concurrentiel généré par l’idéologie de la compétitivité ne fait que déplacer le problème comme une patate chaude que chaque nation se repasserait dans une fuite en avant suicidaire pour l’économie mondiale.

L’Allemagne n’y arrive pas, pourquoi faire pareil ?
Reste maintenant la compétitivité hors prix, autrement dit la capacité d’innovation des entreprises et la performance des outils de production. Le débat fait rage pour sortir l’industrie française de son "déclin" face à l’Allemagne et la croissance des pays émergents qui se positionnent de plus en plus sur les produits haut-de-gamme. Là encore nous sommes confronté à une impasse.
Le modèle allemand repose sur la délocalisation massive de sa production bas de gamme dans les pays de l’est pour se concentrer sur une production nationale haut de gamme. Est-ce que la France doit souscrire à ce genre de pratiques pour concurrencer son voisin outre-Rhin ? Sans compter que la méthode a fait la démonstration de son insuffisance. Pour être compétitifs avec l’industrie allemande, nous devons moderniser notre appareil productif. Nous avons actuellement deux fois moins de robots qu’en Allemagne, qu’en Italie ou aux Etats-Unis. Que se passera-t-il quand nous rattraperons notre retard ? Le gouvernement a annoncé son plan de relance de 33 millions d'euros pour mettre à niveau l'appareil productif Français. Les conséquences sont évidentes : la robotisation, qui augmentera la productivité horaire, causera la destruction de nombreux emplois. 
       L’Allemagne avec ses 200 milliards d’excédent commercial affiche malgré tout un taux de chômage de 5,4 % en 2013, contre 11% pour la France. Mais ce chiffre dissimule un taux de précarité record. Dans ce pays qui n’a pas de smic, un emploi sur trois est désormais à temps partiel ou un CDD, qui se révèlent pour la plupart des emplois subits. 2,5 millions de personnes sorties des statistiques du chômage travaillent pour 5€ de l’heure. L’Allemagne a fait le choix de la déflation salarial, autrement dit celui des travailleurs pauvres. Elle masque son déficit d’emplois par une dérèglementation du marché du travail.
Si la première puissance industrielle d’Europe est confrontée aux mêmes problèmes sociaux, comment pourrions espérer réussir avec les mêmes recettes, là où elle échoue ? C’est bien la démonstration que la compétitivité n’est en rien la solution qui permettra de renouer avec le plein-emploi.

Quand l’emploi va mal, tout va mal
            
       Le fond du problème reste la crise de l’emploi. Tant que le travail restera le moyen de gagner sa vie, le devoir de nos sociétés impose de créer les conditions du plein-emploi, sans quoi nous nous résignons à condamner à l’exclusion sociale une partie de la population et aucune politique sécuritaire ne saurait contenir indéfiniment la colère des peuples confrontés à l’injustice d'une société qui refuse de répartir la richesse et le travail. Pourtant la France manque à son devoir depuis les années 1980. Le chômage de masse gangrène l’ensemble des sociétés industrialisées comme une fatalité insurmontable. Le fait que nous n’échappions pas à la conjoncture mondiale n’a rien de satisfaisant. Plus de 9 millions de Français, soit près d’un tiers de la population active, sont à la recherche d’un emploi permettant de vivre dignement, un chiffre qui comptabilise les chômeurs, les emplois partiel subits, les RSA et les découragés[4]. Tel est le constat affligeant d’une société qui n’a jamais été aussi riche et aussi développée de son histoire.

Les vraies causes du chômage
Comment apporter un revenu digne à chacun quand il n’y a pas assez de travail pour tout le monde ? Il manque des emplois, et bien que 91 % des actifs soient salariés et que le CDI reste la norme, déjà les entreprises multiplient les temps partiels et les CDD. On peut considérer que l’intégralité de la progression de l’emploi depuis les années 1982 correspond à des formes d’emplois précaires, partiels, souvent sous-payés. La cause en est simple : dans nos économies évoluées, nous produisons toujours plus avec toujours moins de travail humain. Le développement des forces productives économise de la main d’œuvre dans tous les compartiments de l’activité économique, du coup les entreprises considèrent les ressources humaines comme la variable d’ajustement. Si la modernité créée de nouveaux emplois pour répondre à de nouveaux besoins, ceux-ci ne compensent pas les emplois détruits par les gains de productivité. Il n’y a pas d’effet compensatoire. Il suffit pour s’en convaincre de consulter les chiffres de l’Insee à la disposition de tous. Depuis 1950, les gains de productivité ont économisé environ 10% d’heures travaillées tandis que la croissance a augmenté de 1000% et la population active de 23%. La croissance n’est donc pas la solution contrairement à ce que raconte la vulgate économique. L’aveuglement de nos dirigeants sur le sujet est consternant. Les yeux rivés sur le compteur de la croissance, ils ne voient pas la sortie de route qui nous mènera dans le mur.
La révolution informatique a largement modifiée le paysage du marché de l’emploi en généralisant le temps partiel, le travail à distance, la sous-traitance. Tous les économistes s’accordent à dire que la « 3e économie » permise par la mise en réseau à grande échelle et le haut débit va marquer un nouveau tournant dans l’efficacité productive, jusque dans les services. Le modèle « collaboratif » devient la norme pour nos entreprises et supprime inexorablement de nombreux emplois chez les cols blancs, dans les banques, les assurances, les secteurs de la vente en gros et au détail, de la comptabilité, des centres d’appels… aussi sûrement que l’automatisation a décimé la classe ouvrière occidentale. 

Des conséquences sociales néfastes
            Parallèlement, l’intensification des rythmes professionnels et la pression exercée par la peur du chômage se traduit par une souffrance au travail dans les entreprises qui a pris des proportions inquiétantes. Allons-nous continuer longtemps à ignorer un problème de société qui touche en France quatre salariés sur dix avec des répercussions importantes en pertes de qualité, en augmentation des arrêts maladie, en absentéisme et en turnover ? La productivité horaire française qui est l’une des meilleures au monde est révélatrice des cadences particulièrement soutenues. Les nouvelles technologies accentuent la pression et le surmenage intellectuel.
Quant à l’accélération des rythmes de vie, elle entraîne un état de somnolence qui touche un Français sur cinq. Près d’un tiers des Français dorment 6 heures ou moins par nuit, quand un repos de 7 à 8 heures est préconisé. Nos performances économiques et nos modes de vie contemporains s’accompagnent ainsi d’un stress dont les risques pour la santé psychique sont de plus en plus importants.
Au-delà des approches comptables sur les dégâts économiques et sanitaires enregistrés par l’inspection du travail, se pose la question de notre appartenance à la collectivité des actifs, donc des modalités de notre vivre ensemble au sein même de l’entreprise. Il faut que l’organisation du travail soit reconnue et traitée, enfin, comme un problème politique à part entière, qui n’est réductible à aucun autre. Nous touchons, ici, à un enjeu de société qui dépasse largement celui de la pénibilité physique. Le rapport de l’OCDE 2011 a décrété « la santé mentale » comme « le nouveau défi prioritaire pour le marché du travail ».
Pour toutes ces raisons invoquées, nous devons mettre l’accent prioritaire sur une autre répartition de l’activité économique qui appelle à une baisse significative de la durée légale du temps de travail et à une transformation de la façon dont les hommes travaillent. Encore un domaine où la gauche de gouvernement a depuis trop longtemps démissionné.

Mobiliser l’intelligence collective

Le fantasme d’une société qui soudainement se mettrait à créer un surplus de richesses permettant de résorber le chômage de masse ne fait qu’aggraver la situation. La croissance n’est pas la solution et elle n’est pas soutenable. La compétitivité de l’appareil productif ne fera qu’accélérer le déclin du volume d’heures travaillées. En refusant de regarder la réalité en face, non seulement nous faisons fausse route mais nous alimentons une idéologie en complète contradiction avec les solutions que seule la gauche peut apporter à la crise : la coopération, le partage des richesses et la justice sociale. L’ignorance des vérités économiques les plus élémentaires met en péril tout l’édifice social. L’appauvrissement et l’exclusion d’une part croissante de la population ont toujours été le lisier de l’extrême-droite dont le score électoral ne cesse de progresser. Quand la concurrence généralisée engendre un tel climat d’insécurité, les nationalismes et les communautarismes refont surface, tandis que les décisions courageuses ne sont pas prises. Nous devrions diminuer le temps le travail pour mieux le répartir, développer une économie du temps libre, lutter contre la souffrance au travail et harmoniser sa législation pour une Europe sociale, encadrer les salaires, planifier d’urgence une transition écologique à grande échelle, lancer un programme de coopération ambitieux pour venir en aide aux pays du Sud… Sans oublier l’enjeu central que représente la remise en cause de notre invraisemblable modèle de création monétaire. Celui-ci constitue une prise en otage de l’activité économique par les marchés financiers, acculant les Etats à l’endettement permanent avec pour ultime reddition la détérioration de nos acquis sociaux.
Seulement, mobiliser l’intelligence collective devient impossible quand les orientations sont prises en dépit du bon sens. Comment associer la population aux décisions démocratiques quand chacun est prisonnier de sa charge de travail tandis que des millions de chômeurs cherchent désespérément un emploi ? Cette perte de sens contamine la nature même des rapports sociaux et ne peut déboucher que sur des conflits politiques ou militaires qui pourraient bien tout emporter.

Frédéric Lutaud,
Membre du bureau national
du Parti socialiste, 2013




[1] Rapport Stiglitz, Mesurer la croissance autrement, 2009.
[2] « Au cours des quinze années « tristes » qui vont de 1980 à 1995, la France a connu une croissance moyenne de 2 % l’an. Ce chiffre qui paraîtra dérisoire à certains représente pourtant une hausse de près du tiers de la production nationale : c’est par exemple la même hausse que celle qu’a connue la France tout au long du XVIIIe siècle ! », Daniel Cohen, Richesse du Monde, Pauvreté des Nations, 1997.  
[3] Industrie, socle de la puissance, Laurent Carroué, directeur de recherche à l’Institut français de géopolitique (IFG, université Paris-VIII), Monde Diplomatique, Mars 2012.

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