vendredi 29 novembre 2013

A nouveau parti, un nouveau parti, pourquoi faire ?

Tribune libre - Frédéric Lutaud 
Membre du Bureau national du Parti socialiste pour la motion 4

Pierre Larrouturou nous a quitté pour rejoindre une nouvelle formation politique. Ce n’est pas un faire-part de décès, pas plus qu’une nouveauté. Nous avons pris l’habitude de le voir partir. Nous aurions préféré qu’il continue sa bataille politique au sein du PS avec ceux qui lui ont fait confiance et qu’il s’investisse un peu plus dans la motion de Stéphane Hessel « Osez plus loin plus vite ». Une motion qui l’avait porté au Bureau national où il est très rarement apparu. Nous en avons maintenant l’explication, bien que toujours un peu surpris par ses allers-retours avec le Parti socialiste. Souhaitons que cette fois-ci il ne change pas d’avis et surtout qu’il reste fidèle aux idées qui sont aussi les nôtres à la motion 4. Nous respectons son choix même si nous regrettons une démarche plus transparente.

Au-delà de sa personne, la défection de certains de nos camarades nous interroge. Pourquoi ceux qui portent les mêmes idées que nous tentent leur chance ailleurs qu’au Parti socialiste au lieu de nous rejoindre ? Pourquoi des intellectuels de la société civile s’engagent dans une aventure politique hasardeuse alors que la formation politique démocratique du Parti socialiste est faite pour les accueillir ? Pourquoi les idées politiques qui se proposent d’apporter des solutions à la crise ne sont-elles pas entendues par notre direction nationale ?

La réponse est simple, tous les mardi aux Bureau national, j’assiste à la démission intellectuelle de nos instances dirigeantes. Nos propositions ne peuvent pas être entendues car elles ne sont même pas étudiées et c’est pareil pour nos camarades de la motion 3. Les questions restent sans réponses. Les débats de fond sont inexistants et toute tentative de remise en cause est écartée sans que nous soit opposée le moindre argument rationnel et scientifique. Bref, la vie politique se résume au défilé des membres du gouvernement. Je fournirai trois exemples :

Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, déclare en plein Bureau national : « Le robot crée l’emploi ! », une thèse qui au passage ne serait même pas soutenable en 1ère année d’économie.  A quoi je réponds que « malheureusement, tous les chiffres démontrent le contraire. Le bureau américain des statistiques du travail (BLS) prévoit une baisse de l’emploi dans la production de véhicule et dans l'industrie de la fabrication de ses pièces détachées de 16 % jusqu’en 2018, contre 11 % de croissance ». Réponse d’Arnaud Montebourg : « sur le terrain on constate que les entreprises qui investissent se développent et embauchent ». L’étude démontre exactement le contraire. Nous produisons de plus en plus avec moins en moins de travail humain. Fermer le ban !

En présence de Philippe Martin, ministre de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie, je pose cette question : « Pour notre pays une baisse annuelle de 2% à 3% par an est nécessaire pour atteindre les objectifs fixés dans la lutte pour la réduction des gaz à effet de serre. Les projections les plus optimistes évaluent la croissance à 1,3% en 2014. Notre engagement sincère dans la lutte contre le réchauffement climatique, au final, annulera tout éventuel point de croissance. Les promesses de croissance du gouvernement ne sont elles pas incompatibles avec les enjeux de notre époque pour sortir de la crise écologique ? ». Réponse de Philippe Martin : « Guillaume Bachelay vous répondra mieux que moi sur la croissance ». Guillaume Bachelay n’a jamais répondu.

Dernier exemple : « Harlem Désir, pourrais-tu m’expliquer comment l’allongement des cotisations retraites, en maintenant plus longtemps sur le marché du travail des actifs alors que tant de chômeurs veulent y rentrer, ne va pas aggraver le chômage de masse ? ». Aucune réponse…

Et c’est comme ça tous les mardi… et peut-être tous les jours à Solferino ?

La motion 4 par son engagement cherche à rénover la pensée politique du Parti socialiste. Sortie du mythe de la croissance, prise en compte de la diminution du volume d’heure travaillée partout en Europe depuis 70 ans. Nécessité de partager le travail et de basculer sur un nouveau modèle de développement qui soit soutenable. Remise en cause de notre système monétaire reposant sur l’argent dette qui se révèle une véritable pyramide de Ponzi et compromet les investissements d’avenir.

Au moment où nous avons besoin de toutes nos forces pour faire pression sur la direction et le gouvernement, il est regrettable que certains décident de faire cavalier seul. La volonté d’agir à l’extérieur du parti peut se comprendre si l’on ne mesure pas combien il est important de rassembler la gauche, toute la gauche. Rajouter la division à la division va affaiblir un peu plus ceux qui se battent pour faire changer les choses dans leur direction nationale, dans leurs partis respectifs, et recherchent une union de la gauche.

Il y a un message que la direction nationale doit néanmoins entendre : nos idées rassemblent à l’extérieur du parti. Alors si rien ne change, si nous ne sommes pas écoutés, des militants vont continuer à déserter bien au-delà de nos rangs et rien n’enrayera le déclin du Parti socialiste.


 












1 commentaire:

  1. rien à dire de plus. Au PS pour faire baisser le chômage, si le PS veut pas , dommage, on essaie autre chose.
    faudrait faire venir Royal à la Motion 4 on verrait si ça la booste.... En tous cas, Motion 4 "station d'accueil de S. Royal, " avec Augier Allard aux commandes non merci.

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