jeudi 29 mai 2014

Intervention au Bureau national du 26 Mai 2014

Par Frédéric Lutaud, membre du Bureau national pour la motion4

La droite était plombée par les affaires et nous avions un bon programme aux européennes, courageux, combatif, ambitieux, comme tu l’as rappelé à l’instant Jean-Christophe. Nous avions un boulevard pour remporter ces élections. Alors pourquoi une telle débâcle ? Pourquoi une telle abstention ? Cela fait deux fois que notre électorat ne se déplace pas. Aux municipales et maintenant aux Européennes. Il ne vote pas à droite, ni Front de gauche, il sanctionne notre parti en s’abstenant massivement.

J’y vois essentiellement des raisons politiques. Je laisserai aux autres les explications sociologiques.

Notre programme aux européennes se propose de lutter contre le dumping intra-européen et en France nous soutenons… la baisse le coût du travail.
Notre programme a pour engagement la défense des protections sociales… et nous soutenons l’allongement des cotisations retraites.
Notre programme s’oppose à l’austérité et nous soutenons les 50 Milliards de coupe budgétaire dans les dépenses publiques.
Notre programme propose une Europe sociale et solidaire et nous n’avons à la bouche que « compétitivité, croissance ». Notre seule ambition serait d’aller conquérir des parts de marché au détriment des salariés des pays de l’Union.
Bref, nous faisons exactement le contraire de ce que nous promettons pour l’Europe.

A propos de croissance, les chiffres sont tombés. La fameuse croissance américaine dont Guillaume Bachelay était si admiratif, hé bien une enquête édifiante révèle que 80 % de la population des Etats-Unis est pauvre ou en passe de le devenir. Ce n’est que petits boulots, précarité et inégalités sociales qui se creusent. L’Allemagne, la 1ère puissance industrielle d’Europe, ne s’en sort pas mieux que nous sur le terrain social. Partout le prix de la croissance se paie au prix fort. Le chômage ruine notre cohésion sociale. Comme le soulignait Jean-Marc Germain et Catherine Trautmann, il n’y a pas d’issue à notre désaveux électoral si nous ne règlerons pas la question du chômage et force est de constater que nous n’avons aucune solution à proposer. La reconstruction du socle industrielle de la France ne permettra jamais de renouer avec le plein-emploi. On ne peut plus raconter d’histoire aux Français et disant : «  nous ne pouvons redistribuer que ce que nous avons produit ». Notre pays n’a jamais été aussi riche de toute notre histoire. 1000 % de croissance en 50 ans. Franchement qui peut encore croire que la croissance nous sauvera de la crise ? La croissance, c’est tout que nous avons à proposer aux français ? C’est cela notre seule ambition ? Ne nous étonnons pas que les Français ne nous aient pas suivi aux Européennes.

Les vielles recettes sociales démocrates ne fonctionnent plus. Elles sont en échec partout et ne font qu’aggraver la crise et l’injustice. Et vous connaissez ce vieux principe républicain : « les citoyens préfèrent le désordre à l’injustice ». Attention qu’ils ne se tournent pas vers un désordre pire que le mal. Vers un FN capable de capitaliser sur leur colère et sur notre impuissance à proposer des solutions concrètes. Car nous le savons nous ne règlerons pas, par exemple, le chômage de masse sans une baisse du temps de travail comme le demande la confédération européenne des syndicats.

Aujourd’hui, Jean-Christophe, tu proposes le rassemblement de la gauche, mais pour leur proposer quoi ? Parce que pour fréquenter un peu mes camarades des autres partis, je peux t’assurer que la croissance, la baisse du coût du travail et les coupes budgétaires, ils ne veulent pas en entendre parler. Je te souhaite bien du courage si nous n’engageons pas un changement de cap. Il faut changer de logiciel et très vite. Et ce ne sont pas les courants au sein du PS qui ont mis en garde sur cette politique ne manquent pas. Ils sont force de proposition. Il serait temps de les écouter.

Alors maintenant, la mise en place d’un congrès… mais nous l’attendons avec impatience. Car il est temps de repasser devant les militants et leur donner l’occasion de rebattre les cartes. Mais que cela se fasse dans la transparence et avec le temps du débat et de la réflexion dans les sections. Le Parti socialiste ne survivrait pas un nouveau déni de sa base militante.

2 commentaires:

  1. Tu dis : "La fameuse croissance américaine dont Guillaume Bachelay était si admiratif, hé bien une enquête édifiante révèle que 80 % de la population des Etats-Unis est pauvre ou en passe de le devenir."
    Qui est Guillaume Bachelay ?
    80% ?
    Quelle enquête ?

    RépondreSupprimer
  2. Ce Guillaume là ? http://www.guillaumebachelay.fr/

    RépondreSupprimer

Vos réactions nous intéressent…