mercredi 2 avril 2014

Intervention au Bureau national du 1er Avril 2014

Par Frédéric Lutaud, membre du Bureau national du PS pour la motion4

Certains s’interrogent encore, le message est pourtant clair. Notre électorat ne s’est pas déplacé. Il n’a pas voté à droite, il s’est abstenu. La débâcle des municipales est clairement le désaveu de la politique du gouvernement. Les ouvriers, les employés, les classes populaires en restant chez eux ont condamné clairement le « Pacte de responsabilité ». On peut toujours penser que les électeurs n’ont pas compris le projet gouvernemental mais la sanction est sans ambiguïté.

On peut les comprendre. En votant pour François Hollande en 2012, les Français ont voté à gauche.
- Ils n’ont pas voté pour une « politique de l’offre » que Paul Krugman a qualifié de « d’effondrement intellectuel », excusez-moi du peu. Alors, évidemment ce n’est que le point de vue d’un Prix Nobel d’économie de gauche. Et comme disait Malik récemment, si un économiste savait faire de la politique ça se saurait. Cela dit, si un politique savait faire de l’économie ça se saurait aussi. Mais passons.
- Ils n’ont pas voté non plus pour la baisse du « coût du travail » qui n’est que l’autre nom du dumping social.
- Ils n’ont pas voté pour l’austérité budgétaire dénoncée par l’ensemble des institutions internationales comme vient de le rappeler Juliette Méadel.
- Ils n’ont pas voté pour l’allongement des cotisations retraite. Souvenez-vous, nous avions averti à l’époque que le peuple de gauche ne nous pardonnerait pas cette régression sociale.
- Et puis, ils n’ont pas voté pour deux ans d’augmentation de chômage continue. Car s’il y a bien un échec total de la politique du gouvernement, c’est bien sur sa politique de l’emploi. Ce n’est pas en battant tous les records de chômage que nous pouvions espérer obtenir le vote des Français. Nous n’apportons aucune réponse à la 1ère préoccupation des Français. Et pour cause : le diagnostic est faux.


Comment peut-on faire confiance à la seule économie marchande pour résorber le chômage de masse, de surcroit au MEDEF ? Qui connaît le fonctionnement d’une entreprise sait que celle-ci n’a pas vocation à créer de l’emploi mais à optimiser ses ressources humaines et matérielles. Autrement dit, de produire plus et mieux avec moins de main d’œuvre. Et si elle embauche quand elle conquière des parts de marché, c’est au détriment de la concurrence qui en détruira. Pourquoi le PS refuse t’il de porter la moindre réflexion sur les gains de productivité qui ont détruit 65% des emplois dans l’industrie depuis dix ans ? Pourquoi cette incapacité à débattre entre nous des problèmes cruciaux de notre époque ? Il faut que ce soit Laura des MJS, la jeunesse, qui nous rappellent à l’impérieuse nécessité de partager le travail. Est-elle seulement écoutée ? Jamais !

Ce n’est pas en communicant sur nos boites mails un texte d’orientation engageant la ligne politique du parti, deux heures avant de le faire voter au Bureau national, sans que personne n’y soit associé, que nous résoudrons les problèmes des Français. Ces pratiques ne sont pas acceptables. Croyez-vous que nos militants ne voient pas nos agissements ? Ce n’est pas ainsi que nous donnerons confiance en la politique à tout ceux que le désespoir pousse dans les bras du Front national.

Nous avons la lourde responsabilité de cette débâcle électorale et de la montée de l'extrême droite parce que le Parti socialiste et le gouvernement n’ont pas mené la politique de gauche attendue pas les Français. Aujourd’hui, le Président nous dit qu’il a entendu leur message mais il nomme Premier ministre la personnalité la plus droitière du gouvernement. Est-ce vraiment le signal souhaité par les Français ? Si nous persistons dans l’erreur, nous le paierons très cher aux prochaines élections et encore les suivantes. Il faut un changement de cap, clair et significatif. Nous devons proposer une politique de gauche responsable et courageuse. Bref, il faut que le Parti socialiste se mette enfin au travail.

1 commentaire:

  1. Vous invitez votre parti à "Arrêter de persister dans l'erreur"
    A vous lire tout aurait été dit !
    Sauf que quand elle dure depuis 2012 (si on se limite à ça... depuis bien plus longtemps en vérité puisque la politique que vous mettez en œuvre est notamment la conséquence du Traité de Lisbonne pour ne retenir que celui là), ce n'est plus une erreur, c'est un choix délibéré !
    Je me délecte toujours de vos textes et de ceux qui représentent la "gauche" du PS (Gérard Filoche notamment) et votre capacité de grand écart !
    Vos souhaits qui relèvent d'appels incantatoires pourraient être pris au sérieux si la majorité des députés de "l’aile gauche" n’avaient rejoint ceux de "l’aile droite" de cet oiseau hybride qu’est le PS pour voter la confiance au gouvernement et s’apprête à adopter le pacte de responsabilité contre quelques miettes.
    - Honneur aux 11 courageux d’entre eux qui se sont abstenus !
    - Honneur à Liem Hoang Ngoc (membre du bureau national du PS) qui a été le seul responsable national du PS à participer à la marche du 12 avril à Paris.

    Au fait, ou étiez vous le 12 avril avec vos amis ?

    Vous préconisez que le PS "propose une politique de gauche responsable et courageuse !". C'est louable !
    Mais que fait-on en attendant que l'aile gauche devienne majoritaire ?.... pour faire la même politique puisque vous en contestez les conséquences sans en contester les causes en remettant à plat la politique européenne !

    Les responsables de la situation sont à l’Elysée et rue de Solférino et pas à Bruxelles !
    Le hollandisme est une variante de droite du blairisme et il est porté par tout votre parti sauf ceux qui ont osé s’abstenir sur le vote de la confiance.
    - Rejoignez nous dans la constitution d’un Front du Peuple pour une 6é république sociale - démocratique - écologique - anti-austéritaire.

    RépondreSupprimer

Vos réactions nous intéressent…