jeudi 26 février 2015

Intervention au Bureau national du 24 Février

Par Frédéric Lutaud, membre du Bureau national pour la motion 4 

Chers Camarades,

Alain Bergougnoux nous explique que le congrès sera un moment de clarification de notre ligne politique. Espérons-le. Mais l’hémorragie militante dans les rangs du Parti socialiste et la sanction dans les urnes de notre électorat devraient déjà nous inquiéter sinon nous interroger sérieusement.

Pour ce qui est de la « discipline collective » et de la « responsabilité » demandées par note Premier secrétaire, celles-ci n’ont de valeur que si elles sont partagées par tous. Et c’est peu dire que nous avons un devoir de responsabilité devant nos militants et nos électeurs. Nous avons fait la promesse d’un « redressement dans la justice sociale » et que constatons-nous ? Les inégalités n’ont jamais été aussi fortes, les dividendes explosent, le patrimoine des 500 plus grosses fortunes a encore augmenté pour atteindre 390 Mds €. La France compte 13 milliardaires de plus que l’an dernier. Tandis que la dernière étude en date du Secours Populaire nous explique que « de plus en plus de Français en sont réduits à survivre ». Cela en pleine crise et sous un gouvernement socialiste.

Le chômage, dont François Hollande a dit qu’il serait jugé sur ses résultats en la matière, atteint un niveau record. Nous avions alerté dès le début sur une politique de l’offre qui ne pourrait qu’aggraver la situation. Nous avons lancé un appel au Bureau national réunissant 40 % de ses membres et demandant un infléchissement de la ligne politique. Nous avions prévenu que le MEDEF ne jouerait pas le jeu des contreparties. A l’époque Harlem Désir nous expliquait qu’il était trop tôt pour évaluer les effets du « pacte de responsabilité ». Deux ans et demi plus tard, c’est un désastre social qui pousse les plus désespérés dans les bras du Front national.

Sur la loi Macron, souvenez-vous des propos de François Hollande : « Le combat de 2012, c’est de préserver le principe du repos dominical, c’est-­à-­dire de permettre aux travailleurs de consacrer un jour de leur semaine à leur famille, au sport, à la culture, à la liberté. Et j’y veillerai ! ». Ce reniement à lui tout seul illustre la dérive de notre politique. Comme dit Pierre Joxe, la loi Macron est une « déconstruction du droit social » et va « contre notre histoire ».

Aujourd’hui, c’est le 49-3 pour nous imposer cette loi en contradiction totale avec nos engagements. François Hollande en 2006 - toujours lui - n’avait pas de mot assez dur pour condamner cette procédure : « une brutalité, un déni de démocratie ». Et le premier ministre Manuel Valls nous rappelait en Juin dernier que « la menace du 49-3 n’a jamais fait partie de notre culture ».

Alors où est la discipline, la première que nous devons à nos électeurs, autrement dit : le respect de nos engagements ? Un respect qui consiste à faire en sorte que les promesses n’engagent pas seulement ceux qui les écoutent mais d’abord ceux qui les formulent. Heureusement que nous avons des parlementaires qui rappellent à l’exécutif ses engagements devant les Français et le sens de nos responsabilités. Cela doit-il s’accompagner de sanctions pour ceux qui font preuve de courage et de vigilance, ou bien le Parti socialiste doit-il peser de tout son poids pour offrir une alternative à une politique qui nous emmène dans le mur ?




1 commentaire:

  1. Quand on fait un constat pareil, on ne reste pas, ce n'est pas crédible et renforce l'idée en forte progression que l'élite élue ne travaille que pour se maintenir au pouvoir (souvent la main dans la main avec l'élite économique!) : rejoignez-donc nouvelle donne par exemple !!!
    Didier Bonnin, ancien militant socialiste actif qui a fini par sortir

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