jeudi 12 février 2015

Intervention au BN du mardi 10 février

Par Fédéric Lutaud 
membre du Bureau national M4 et signataire de la Contribution Commune

Cher(e)s camarades,

Je ne sais pas comment il convient d'appeler la politique du gouvernement « sociale démocratie » ? , « social libéralisme » ? , « socialisme de l’offre » ?
Une chose est sûre, c’est que dans cette salle nous partageons tous les mêmes valeurs, les valeurs républicaines qui sont "liberté, égalité fraternité". Faut-il encore accorder nos paroles et nos actes :

Liberté de choisir son projet politique : ce fut en 2012 celui du Bourget. Souvenez-vous, c’était la promesse d’un « redressement dans la justice ». Pourtant la concentration des richesses n’a jamais été aussi indécente. Et les dividendes explosent en pleine crise.

Égalité : les inégalités se creusent. De plus en plus de Français en son réduit à survivre.  

Fraternité : c’est le recul des protections sociales avec l’allongement des cotisations retraite, des français qui n’arrivent plus à se soigner, à se loger – 24 % des SDF travaillent – et le chômage ne cesse d’augmenter, source d’exclusion pour les millions de salariés.

Bref, ce bilan invalide tout ce que le gouvernement a pu faire de positif depuis que François Hollande dirige le pays. Alors Marine Le Pen a beau jeu de dire UMPS car au final le rythme du chômage est le même que sous Sarkozy : 1000 chômeurs de plus par jours. Ne soyons pas surpris que certains électeurs se tournent vers ceux qu’ils n’ont pas essayés. Et le parti qui n’a pas exercé le pouvoir, c’est le FN. Surtout depuis qu’il s’est acheté une respectabilité de façade auprès des médias.

Alors pourquoi les électeurs ne se tournent pas vers le Front de Gauche ? Parce que le gouvernement en se revendiquant d’une politique de gauche discrédite la gauche dans son ensemble. A cela ajoutons la figure de Mélenchon qui dans ses invectives n’arrivent pas à convaincre au-delà de son camps. Et puis, force est de constater, que notre électorat nous reste fidèle. Autrement dit, il ne vote pas ailleurs, il s’abstient (pour combien de temps ?). Il veut que le PS conduise une politique de gauche et nous le fait savoir en ne se déplaçant pas lors des élections, mais celui-ci sait se mobiliser pour faire barrage au FN comme dans le Doubs.

S’il y a perte d’identité c’est bien celui de notre projet socialiste. Et sans choix de société claire nous assistons à un repli identitaire. Et cela touche tout le monde. La perte de repère idéologique n’est pas le privilège des milieux populaires. Les classes moyennes sont tout autant en manque d’une alternative crédible. Qui peut croire que la croissance productive va remettre demain la France au travail ? Alors que nous savons qu’il faut réduire le temps de travail afin de rééquilibrer le marché de l’emploi. Nous devons continuer ce que la gauche a toujours fait, en passant de 40 h à 39 h puis à 35 h pour maintenant passer à 32 h. Libérer du temps sur le travail voilà qui constitue un début d’émancipation sociale. Sans perspective commune certains esprits se tournent vers un prophète ou le nationalisme rétrograde : c’est la faute à l’immigré, aux musulmans, aux juifs… la logique du bouc-émissaire est bien connue.

Cela ne s’arrête pas là. Il y a les conséquences à l’échelle internationale. Le rejet de l’Europe par l’extrême-droite est alimenté par les politiques libérales. J’en profite ici pour dénoncer le coup de force intolérable de la finance contre le peuple grec qui vient de relever la tête en élisant un gouvernement de gauche. Nous savons très bien que la Grèce ne pourra rembourser sa dette. La BCE rachète des obligations auprès des banques privées mais refuse de créditer directement les Trésors publics. La dette grecque doit être monétisée pour sortir de la rigueur qui opprime les populations et relancer l’économie. Mais pas un mot de soutien de François Hollande lors de sa dernière conférence de presse. Pas le début d’une critique au PS pour remettre en cause un système monétaire absurde qui nous conduit à la faillite. Nous demandons donc à la motion 4 que le PS communique son soutien au gouvernement Grec face à la BCE et aux marchés financiers.

Réponse de Jean-Christophe Cambadelis : 
Une résolution de solidarité avec la Grèce a été voté par le PSE.



4 commentaires:

  1. Tu ne peux pas dire dans le même paragraphe que tous les membres partagent les mêmes valeurs et encore faut-il accorder nos paroles et nos actes... La vraie parole c'est les actes, les mots, encore des mots, toujours des mots, pour des maux, encore des maux, toujours des maux.
    Je partage avec Juppé les valeurs républicaines, mais pas sociétales et il en est de même aujourd'hui avec ce gouvernement dont la politique, si elle peut encore avoir parfois un soupçon de social (Bayron aussi...) n'a plus rie de socialiste.
    Mandataire de ta motion au dernier congrès, j'ai quitté un PS dont les valeurs réelles ne sont plus celles affichées et plus les miennes

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    1. Les actes, c'est mieux. Mais les paroles comptent aussi. elles représentent un potentiel, une possibilité que nous ne devons pas laisser échapper, si possible. Elles peuvent être mensongères, mais comment le savoir ? D'ailleurs, en ce cas, il faut les prendre au mot, montrer la contradiction entre les paroles et les actes.
      Les socialistes ont adhéré et adhèrent en référence aux valeurs de gauche. en étant au PS nous sommes en cohérence avec les autres socialistes. En revanche, c'est Valls qui est en contradiction avec les socialistes. Nous devons rester au PS, lui devrait en partir à mon avis. S'ils reste c'est pour conduire tous ceux qu'il pourra dans les bras de Bayrou et Juppé. Si nous quittions le PS il en emmènerait beaucoup. Parce que nous y restons et que nous nous appuyons sur les valeurs de la gauche, contre sa politique néolibérale, il échouera.
      Bayrou ne possède aucun soupçon de social, il est totalement de droite. Tout au plus a-t-il quelques soupçons d'attachement aux libertés… il est libéral mais, dans les actes quotidiens, c'est un dictateur qui méprise les autres.
      Les valeurs républicaines de Juppé et Bayrou reconnaissent la légitimité du vote des élus (leurs pairs), mais n'accordent aucune légitimité au vote des électeurs : voir comment le traité de Lisbonne a invalidé le NON du référendum de 2005, il est vrai qu'ils n'étaient pas les seuls.
      Pierre Ruscassie (BF 64).

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  2. J'ignore si tous les membres du BN partagent les mêmes valeurs, mais sur cette lancée, ils finiront par ne partager que les mêmes intérêts...
    Tu as parfaitement raison de pointer la "perte de repère idéologique", c'est ouvrir la voie à une autre idéologie actuellement dominante qui contamine largement notre parti; C'est le choix entre une société solidaire bâtie pour le bien de celles et ceux qui la composent et un monde réduit aux rapports marchands moins l'obligation morale. Inacceptable qu'un parti qui se dit de gauche ne soutienne pas le gouvernement grec, contre-productif de pointer sans cesse le mauvais caractère de Melenchon, il a ses défauts, mais il est passionné, il y en a trop peu en politique alors que nous ne manquons pas de poissons froids et calculateurs...

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    1. En étant membres du PS, les membres du BN prétendent partager les mêmes valeurs qui font la nature de gauche du PS. A moins de faire des procès d'intention, on est obligé de prendre cette prétention à la lettre. C'est notre hypothèse quand nous débattons avec tout membre du PS.
      Evidemment, la pratique de certains est contradictoire avec les valeurs de la gauche.
      Beaucoup sont incohérents puisqu'ils tentent de maintenir ensemble la démocratie et le carriérisme. Certains maintiennent les valeurs démocratiques seulement comme une façade à laquelle ils ne croient pas ou ne croient plus : ils sont davantage cohérents…
      Pierre Ruscassie (BF 64)

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