jeudi 2 octobre 2014

Pour bien comprendre le monde d'aujourd'hui

Par JC Werrebrouck / 1 octobre 2014

Résumé                
Le présent texte propose un principe d'explication du monde. A partir de postulats simples, il permet de comprendre et de resituer les grands évènements qui semblent mobiliser l'actualité : l'économie comme puissance hégémonique, la décomposition/recomposition des Etats dans la mondialisation, la crise du politique, l'étiolement de la démocratie représentative au profit d'une oligarchie politico-financière, l'individualisme radical, l'effacement progressif des droits sociaux dans les anciens pays développés, etc.
Autant de faits constatés à la "surface des choses", mais faits qu'il convient de relier dans un système global d'explications. Comme tout modèle, il  doit être confronté à la réalité. Aux lecteurs de s'y livrer.
                         
Le monde dit post-moderne semble s'annoncer sous l'étendard du marché généralisé et de la démocratie représentative. Pour l'essentiel, il comprend 3 catégories d’acteurs : le groupe des entrepreneurs politiques, celui des entrepreneurs économiques et celui des citoyens/ salariés/ consommateurs/ épargnants ( « CSCE »).

Les producteurs de l’universel

Le premier groupe est constitué d’acteurs en concurrence pour l’accès à ce monopole qu’est l’Etat. Animés par un intérêt privé — pour l'essentiel le goût du pouvoir — ils professionnalisent une fonction et transforment en métier, l’édiction de l’universel de la société, à savoir la production du cadre institutionnel et juridique général.

A ce titre, il y a  utilisation classique d'outils de la contrainte publique à des fins privées. L’objectif privé est la conquête ou la reconduction au pouvoir, utilité pour laquelle il faut supporter et reporter un ensemble de coûts : programmes se transformant en textes, se transformant eux-mêmes en impôts/dépenses publiques, ou se  transformant en redistribution des niveaux de satisfaction des divers agents relevant du monopole étatique.

La démocratie ne change pas fondamentalement les données du problème puisque la puissance publique ne peut-être que ce qu’elle a toujours été : un monopole. Il y a simplement concurrence à partir d’un appel d’offres : quels entrepreneurs auront la charge de la promulgation des textes qui s’imposent à tous et sont donc bien œuvre d’une entreprise monopolistique à savoir l’Etat ?
Un probable  moyen de limiter l’utilisation de la contrainte publique à des fins privées serait l’interdiction de la professionnalisation de la fonction politique. Un interdit passant par un texte, on voit mal pourquoi les entrepreneurs politiques adopteraient une stratégie allant contre leur intérêt de reconduction sans limite, au pouvoir. En démocratie représentative la professionnalisation de la fonction politique est ainsi devenue un fait quasi hégémonique, avec une nouveauté qu’il convient de souligner par rapport à la forme antérieure de l’aventure étatique : les entrepreneurs politiques de l’âge démocratique cessent de masquer l’accaparement de la contrainte publique à des fins privées par la figure du divin, ou celle du héros souvent tyrannique, et ne sont plus que de simples et paisibles gestionnaires d’une entreprise profane appelée Etat.

D’où — en terme de vocabulaire — le glissement du « politique » en « bonne gouvernance » et l’idée associée selon laquelle il n’y aurait plus besoin d’un Etat pesant, surplombant tous les acteurs. L'Etat devient idéologiquement une entreprise qu'il faut gérer comme telle.

Les biens ainsi produits par l’entreprise-Etat, les « règles du jeu social », parce qu’universelles par nature, peuvent ainsi apparaitre comme porteuses d’un "intérêt général". Et la confusion est vite établie : les entrepreneurs politiques auraient ainsi la lourde mission de produire de l’intérêt général, alors qu’ils doivent surtout veiller à un programme de conquête du pouvoir ou de reconduction au pouvoir. De fait, les textes sont toujours des compromis entre acteurs ou groupes d’acteurs aux intérêts divergents, le pouvoir étant donné à ceux pour qui ces compromis concernent positivement, réellement ou imaginairement, une majorité d’électeurs.

N'en déplaise aux juristes, nul intérêt général, impossible à définir, ne peut être lu dans un texte, qui par nature, fixant le champ des possibles, est nécessairement fait de contraintes que beaucoup voudraient enjamber et dépasser. Ce qui est réel dans l'intérêt général, c'est la croyance dont il est l'objet.

Les producteurs de biens économiques

Le second groupe est constitué d’acteurs en compétition entre eux sur le marché des biens économiques. Les entrepreneurs économiques ont plus de difficulté que les entrepreneurs politiques à s’exprimer avec conviction sur l’idée d’un intérêt général dont ils seraient les producteurs. C’est que les biens économiques ne surplombent pas la société comme le fait son « système juridique ». La baguette de pain du boulanger ne surplombe pas les acteurs comme le fait le Code Civil.
Pour autant, ils disposent d’un outil théologique exprimant la fiction d’un intérêt général : la théorie économique.

Cette dernière prétend enseigner que, mus par des intérêts particuliers, les entrepreneurs économiques fabriqueraient un intérêt général : la fameuse main invisible de Smith. Certains en déduisent d’ailleurs que le paradigme de l’économie, s’il était suffisamment répandu, permettrait  de se passer de cet universel qu’est l’Etat. Le monde pouvant ainsi passer de son âge politique à son âge économique. Et avec lui, le passage de l’Etat-Nation à la mondialisation…, l’Universel ultime — celui de la fin de l’histoire qui fût si difficile pour le genre humain — étant l’économie, comme instance bienfaitrice et réconciliatrice de toute l’humanité.

La compétition sur le marché des biens économiques passe aussi par des interventions sur le monopoleur qui fixe les règles du jeu : il faut « capturer » la règlementation et se faire aider par les entrepreneurs politiques et leurs collaborateurs d’une «  haute fonction publique » pour gagner des parts de marché, être protégés contre des agresseurs économiques, voire pour créer de nouveaux marchés ( 1). 

Le politique  devient l’art de continuer le jeu de l’économie par d’autres moyens : A charge du politique, de bien vendre la règlementation sur le marché politique où il rencontre, en démocratie, régulièrement les électeurs. Ce qu’il faut simplement constater à ce niveau c’est que d’autres intérêts privés, ceux des entrepreneurs économiques utilisent à l’instar des entrepreneurs politiques, les outils de la contrainte publique aux fins de satisfaire leurs intérêts.

Les citoyens/salariés/consommateurs/épargnants

Le troisième groupe est peut être davantage hétérogène. Il s’agit de tous les acheteurs de biens politiques d’une part, et de biens économiques, d’autre part.
Porteurs de statuts multiples et pour l’essentiel : citoyens plus ou moins engagés dans des valeurs ou croyances, salariés, consommateurs, épargnants, (on les appellera dorénavant les « CSCE »), ils peuvent être en compétition entre eux (groupes d’intérêts), voire connaitre des conflits de statuts, lesquels ne sont pas toujours réductibles à un ensemble de cercles concentriques.

La même personne étant le plus souvent appelée à valider/supporter des rôles différents, Il peut exister  des temps historiques où les CSCE connaissent une grande dissociation : l’intérêt du salarié est dissocié de celui du consommateur ; l’intérêt du citoyen est dissocié de celui de l’épargnant ; la vision du citoyen est dissociée de celle du consommateur ou de l'épargnant, etc. Mais il peut être des temps historiques où plusieurs de ces intérêts, voire tous vont dans le même sens (2). Bien évidemment les valeurs et croyances du citoyen, variables selon les espaces, apportent des colorations spécifiques à l'Universel : la représentation qu'un Allemand se fait de l'Etat est très différente de celle du citoyen Français. Il en découle des modes de fonctionnement différents des marchés politiques.

La conjonction présente du marché et de la démocratie représentative fait des CSCE un groupe apparemment aussi important que les deux premiers. Parce que clients sur le double marché politique et économique, les entrepreneurs qui leur font face doivent en principe les satisfaire. La réalité est toutefois infiniment plus complexe : les CSCE peuvent comme les entrepreneurs politiques « capter » la réglementation en achetant avec leurs voix des dispositifs avantageux comme salariés ou consommateurs, ce que certains appelleront  le « social-clientélisme ».

En ce sens, ils sont comme les autres acteurs (entrepreneurs politiques et économiques) attirés par l’utilisation de l’universel afin de satisfaire leurs intérêts privés. L’universel, donc le monopoleur ou l’Etat, est ainsi un champ de bataille important entre les 3 groupes d’acteurs.
Dans un monde dit "postmoderne", faisant valoir ou masquant des intérêts privés, ils cessent d’entrer en conflit sur la base d’idéologies pour ne s’engager que sur des arguments issus de la raison.
D’où la très forte odeur de théorie économique dans les discours et débats qui animent le monde. Chacun réduisant l’analyse de l’interaction sociale à une physique sociale, les simples corrélations entre faits — inflation, croissance, chômage, échanges extérieurs, salaires , productivité, etc. — devenant d’indiscutables causalités sur les tables de négociations — avec de possibles moments « TINA » (« There Is No Alternative »). En sorte que si, jadis, le marxisme pouvait selon Jean Paul Sartre  être « l’horizon indépassable de notre temps », la théorie économique, dite orthodoxe, semble pouvoir aujourd’hui lui être substituée.

Mais le jeu social se complexifie aussi en raison de l'évolution des intérêts et rôles affectant les 3 statuts évoqués. Au delà de l'hétérogénéïté des intérêts à l'intérieur de chaque catégorie —dissociation entre entrepreneurs de l'économie réelle et entrepreneurs de l'économie financière par exemple — des conflits ou/et communautés d'intérêts peuvent déboucher sur des stratégies d'alliances ou de rupture, générant une lente dégradation de la démocratie en oligarchie.
Toutes choses qui méritent davantage d’explications.

Mouvement des intérêts et bouleversement des compromis

L’articulation des trois groupes précédemment définis est nécessairement instable en raison du caractère toujours éphémère des compromis passés.

Le groupe des entrepreneurs économiques est probablement le plus éclaté en raison de cette guerre de tous contre tous qu’est la concurrence économique. Par nature, il est plus ouvert, car  les marchés se sentent parfois à l’étroit à l’intérieur d’une structure qui s’est souvent constituée comme Etat-nation hérissé de frontières. Les entrepreneurs économiques sont ainsi amenés à discuter de ces barrières à l’entrée/ sortie que sont  les frontières. Certains - trop faibles- veulent être protégés, d’autres -notamment la finance- souhaitent le grand large. Les négociations qui s’ensuivent avec les entrepreneurs politiques ne peuvent laisser de côté la question monétaire  que le sous-groupe des entrepreneurs de la finance ont historiquement toujours disputé aux entrepreneurs politiques : faut-il privatiser le bien public monétaire ?

Historiquement, le groupe des entrepreneurs économiques souhaitant l’ouverture et la fin de l’Etat-Nation, l'a emporté. Dans un vieil Etat-Nation comme la France, il affronte durement les entrepreneurs politiques et leurs collaborateurs de la « haute fonction publique » et exige une modification globale des règles du jeu : diminution des droits de douane, adoption des standards internationaux en tous domaines, libre convertibilité monétaire et libre circulation du capital, abandon des pouvoirs monétaires détenus par l’Etat, indépendance de la banque centrale, etc.

Autant d’exigences qui ne peuvent être satisfaites si les entrepreneurs politiques en paient le prix sur les marchés politiques : la non reconduction au pouvoir… Sauf s’il y a bien dissociation des intérêts chez les CSCE d’une part, et passage aisé du statut d’entrepreneur politique à celui d’entrepreneur économique, d’autre part. Passage devenant communauté d'intérêt qu’il nous faut brièvement étudier.
La forme démocratique de l’Etat charrie encore les vestiges de sa forme antérieure, où la figure du divin ou du héros est devenue  « patrie » encore suffisamment sacralisée, pour engluer le citoyen dans une infinité de devoirs, dont parfois celle du sacrifice suprême.

Le passage du politique à la simple « bonne gouvernance » fera muter  le citoyen supportant des devoirs au profit de l’individu cherchant à « capturer » la règlementation à son avantage. Devenu "individu désirant", Il copie ainsi les entrepreneurs économiques, même si le « capital social » dont il dispose en fait un lobbyiste moins performant.(3)

Parce que moins citoyen, la réalité lui apparait plus émiettée. Et parce que moins citoyen d’un « bloc Etat-Nation » dont il  conteste la légitimité, il ne se représente plus le système économique comme le ferait un keynésien, c'est-à-dire un circuit. Même dépourvu de culture économique, pour lui l’économie est moins un circuit qu’un ensemble de marchés.Changer de statut et passer du citoyen à l’individu c’est aussi changer la vision que l’on a sur le monde.(4)

Le citoyen devenu individu, peut lui aussi vouloir l’ouverture sur le monde, il apprécie les marchandises étrangères moins coûteuses, une épargne assortie d’un taux de l’intérêt positif, etc. Et s’il existe une contradiction entre l’intérêt du salarié et celui du consommateur, il peut capter une réglementation compensatrice de celle qui sera accordée aux entrepreneurs économiques mondialistes.(4)

Dans un monde qui génère des gains de productivité tout en restant fermé dans l’Etat- Nation, la dissociation entre le statut de salarié et celle de consommateur n’est guère envisageable durablement. Historiquement, la crise de 1929 est celle d’une dissociation que les entrepreneurs politiques ont dû réduire en édifiant la sociale-démocratie.

Il est probable que le citoyen devenu individu désirant" ait une grande conscience de la dissociation majeure qui existe entre le statut de salarié et celle de consommateur en recherche de toujours plus de "low cost". Peut-être fait-il aussi un lien, entre l’emploi qu’il trouve trop rare ou trop mal rémunéré et une finance gigantesque, qui élargit l’éventail des rémunérations et développe l’approfondissement des situations rentières. Mais ces prises de conscience ne l’inviteront pas à acheter aux entrepreneurs politiques un dispositif réglementaire rétablissant davantage de cohérence. Et ce, d’autant qu’il est lui-même bénéficiaire d’une rente  – le social-clientélisme – qui se nourrit lui aussi de la rente : la dette publique. La théorie/théologie économique orthodoxe est là pour lui confirmer, si nécessaire, l'effacement de la cohérence du circuit au profit de l'infini éparpillement des marchés auto-régulés. Le moment "TINA" s'épanouit dans le logiciel intellectuel de "l'individu désirant".

Les entrepreneurs politiques et leurs collaborateurs de la haute fonction publique,  restent des personnages fondamentaux malgré la contestation des autres groupes qui, eux-mêmes, sont en conflit entre eux. « L’universel » se trouve sans doute de plus en plus décentré et souffre de déficit de cohérence, ce que certains appelleront la crise de l’Etat, il reste pour autant le lieu d’affrontement qu’il a toujours été et le demeurera. L’ Etat et ses entrepreneurs sont toujours présents et ce, même si dans le monde des apparences leur retrait semble constaté. Ainsi, parce que le citoyen est progressivement devenu individu dissocié, les entrepreneurs politiques -même idéologiquement démonétisés- ne paient pas nécessairement le prix électoral des nouvelles réglementations achetées par les entrepreneurs économiques.

Bouleversement des compromis et émergence d’une forme oligarchique d’Etat

Un autre argument peut intervenir : la grande porosité qui va se créer entre les 2 groupes d’entrepreneurs, et grande porosité qui va dégrader la démocratie au profit de l’oligarchie. Si la capture de la règlementation, par exemple celle qui autorisera la mondialisation, se fait souvent par le harcèlement du régulé sur le régulateur, par exemple celui des 15000 lobbyistes de Bruxelles sur les instances de décision correspondantes, elle peut aussi s’opérer de façon plus radicale : la fusion du régulateur et du régulé.

Ici, le producteur/détenteur de l’universel, c'est-à-dire l’entrepreneur politique, « part avec la caisse » et devient entrepreneur économique. La France constitue un modèle de cette fusion. Mais le même résultat peut être obtenu en parcourant le chemin inverse : le régulé devient le régulateur et  ainsi « ouvre la caisse » au profit de toute une profession. Les USA constituent un modèle de ce second type de fusion.

C’est bien évidemment dans ce qui a toujours constitué le point d’intersection entre intérêts politiques et intérêts économiques que ces fusions sont les plus emblématiques et les plus fondamentales : le système monétaire et financier. Ainsi,  grandes banques et Banque centrale sont en France dirigées par de hauts fonctionnaires. Ainsi aux USA, le Trésor lui-même et la Banque centrale sont généralement dirigés par un banquier. Le résultat de cette fusion est bien évidemment l'ascension vertigineuse de la finance dans le total des PIB avec des entreprises financières dont le total du bilan dépasse couramment le PIB du pays- hôte.

Porosité par harcèlement, ou mieux par fusion, permet aux deux groupes d’entrepreneurs de se dégager partiellement et progressivement des contraintes de l’âge démocratique de l’aventure étatique. C’est que le coût politique de la capture de la réglementation, déjà diminué en raison de la dissociation du groupe des CSCE, diminue encore si les entrepreneurs politiques peuvent connaitre un prolongement de carrière dans l’aventure économique : la perte des commandes de l’universel, une perte qui n'en est pas une puisque simplement confiée à des collègues, peut être point de départ d’une activité autrement rémunératrice. D’où la naissance d’un groupe social en apesanteur, groupe aidé dans ce nouveau statut par le développement du mondialisme, avec, en conséquence, le passage du stade démocratique vers un stade plus proche de l'oligarchie. Ce que certains évoquent en utilisant l’expression de   « surclasse ».

Bien évidemment, le fonctionnement des marchés politiques s’en trouve transformé. Souvent duopoles avec barrières à l’entrée très élevées, la quête de l’électeur médian avait déjà rétréci la distance entre les programmes des deux grandes entreprises que l’on trouvait souvent dans l’âge démocratique des Etats.

La porosité puis la fusion ne peuvent que renforcer l’étroitesse de l’éventail de l’offre politique, avec une difficulté de plus en plus grande à distinguer une droite d’une gauche, et au final le sentiment de grande confusion… avec toutefois alignement général sur les impératifs de l’économie. Alignement qui n’est que la conséquence logique du processus de fusion en cours : entrepreneurs politiques et entrepreneurs économiques qui étaient en même temps citoyens ne sont plus que des « individus désirants » pataugeant dans mille conflits d’intérêts ou délits d’initiés . Et aussi, alignement qui développe des effets pervers : les CSCE les plus éloignés d’une possible intégration dans le groupe des oligarques s’organisent en dehors du duopole classique -les partis ayant vocation à gouverner- et deviennent clients d’entreprises politiques nouvelles, étiquetées sous le label de partis contestataires, ou « populistes ».

En mondialisation, les Etats et leurs entrepreneurs ne disparaissent pas, Il y a simple transformation de leur rôle. (6)

Cette altération passe par une certaine fin de l’âge démocratique au profit de l’émergence d’un stade oligarchique avec une utilisation de la contrainte publique à des fins privées davantage réservé à un petit groupe d’individus.


Pour l’immense majorité, les droits de l’homme semblent se rétrécir à leur définition libérale : vie, liberté, propriété, en abandonnant doucement des droits sociaux que l’âge démocratique avait permis d’engendrer.

Le présent texte se veut simple grille de lecture du réel ou contribution à la connaissance d’un monde qui ne cesse de se transformer : non, monsieur Fukuyama, l’histoire n’est pas terminée.


(1) Ce que certains appellent le capitalisme de connivence.
(2) Par exemple il est clair que le consommateur d'un pays développé aimera les marchandises en "low-cost" issues de pays émergents...marchandises venant contester son salaire et son emploi. Il est tout aussi clair que l'épargnant préférera l'euro qui le protège contre des dévaluations dangereuses, alors même que son statut de salarié lui indique des intérêts autres. etc.
(3) c'est probablement de cette façon qu'il faut comprendre la dislocation de certains vieux Etats-Nation se heurtant à la modialisation. Par exemple les Ecossais deviennent étrangers à la "Britannité"  et contestent l'entrepreneuriat politique britannique. Chez les Catalans il n'y a pas de patrie espagnole, etc.                                             
(4) Par exemple les français veulent l'euro et refusent les réformes structurelles qui lui sont obligatoirement attachées. On exige sa dimension "drogue" et on refuse sa dimension "poison".
(5) D'où l'ambiguïté d'un socialisme fasciné par les marchés.
(6) Il est pourtant des cas de figure où historiquement l'Etat étant jeune, mal constitué, voire imposé de l'extérieur, le passage à la mondialisation peut devenir dramatique. C'est le cas de tous les "failed states". C'est aussi parfois le passage aux formes pré-étatiques de la prédation ( Etat Islamique?).


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