lundi 12 octobre 2015

Le consternant référendum de Cambadélis

Par Frédéric Lutaud

Décidément, Cambadélis ne sait plus quoi inventer pour exister politiquement, signe d’une profonde détresse à la direction du Parti socialiste. Son premier secrétaire a décidé de proposer - dans un excès d’autorité dont il est coutumier - un référendum sur l’union de la gauche. Sans la moindre concertation avec les partis concernés, il demande au « peuple de gauche » de se prononcer sur un repas dont chacun ignore le menu. Ou plutôt, nous en connaissons que trop bien les ingrédients. Cambadélis fait semblant de croire que végétariens et carnassiers pourront s’asseoir à la même table et festoyer durant les élections régionales. 

Hypocrisie ou comble du cynisme ? Qui peut imaginer que la gauche de transformation sociale, éco-socialiste, altermondialiste et démocratique pourrait s’accommoder de la politique de « l’offre », de la baisse du « coût du travail » et autres inepties libérales du gouvernement soutenu par la direction du PS. Comment « l’autre » gauche pourrait-elle travailler avec un Parti socialiste qui fait la démonstration d’un déni de démocratie constant vis-à-vis de ses électeurs comme de ses militants ? 

L’appellation « de gauche » suffit apparemment à Cambadélis pour justifier un référendum dont personne n’est dupe. Si l’opinion est favorable au rassemblement de la gauche, il n’en reste pas moins que LA gauche, elle, n’est pas prête au rassemblement sans condition. Tordre le bras à la clarification sur la ligne politique ne comblera pas le fossé idéologique entre les programmes. Bref, la démarche est consternante et révélatrice du mépris dans lequel sont tenus les militants mais aussi ceux qu’il désigne comme « partenaires » légitimes. Pour en arriver là, il faut avoir touché le fond de la stratégie politicienne qui dégoûte tant les français.

Alors à quoi bon finalement ce référendum ? Ceux qui se déplaceront seront bien sûr majoritairement des partisans du « oui » et si cela ne suffit pas on enverra la cohorte des cadres et petites mains à la solde du parti. Quant au dépouillement, il est organisé par le PS lui-même. Autrement dit l’affaire est jouée d’avance.

Je suppose que le résultat favorable qui en découlera sera un argument supplémentaire pour décrier l’absence d’unité à gauche après la débâcle des régionales. C’était déjà le cas aux dernières élections, où Cambadélis fustigeait la division provoquée par la gauche « radicale », considérée comme principale responsable de son échec. Peut-être compte-t-il, après coup, se poser en rassembleur auprès de l’opinion afin de soutenir la candidature de François Hollande comme dernier rempart contre la montée de l’extrême droite ? Où peut-être assistons-nous, tout simplement, à une énième manœuvre de diversion pour écarter les questions qui fâchent sur les déclarations de Macron et l’échec de la politique gouvernementale en matière de chômage et de cohérence politique.

Quoi qu’il en soit, la médiocrité des desseins de Cambadélis ne pourra pas enrayer le déclin du PS. Avec de telles pratiques, on voit mal comment lui éviter le destin funeste du Pasok grec. En attendant, c’est la gauche justement qui pâtit de ces méthodes déplorables, sans dialogue ni morale politique.



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