mardi 27 octobre 2015

Inquiétudes autour des chiffres du chômage

Par Frédéric Lutaud

24 000 chômeurs de moins dans la catégorie A et quatre mois de recul consécutifs. Il s'agirait de la baisse mensuelle la plus importante depuis novembre 2007. Voilà enfin une nouvelle qui devrait nous réjouir. Pourtant, la nouvelle s’accompagne rapidement d’un fort sentiment d’inquiétude. Qu’en est-il exactement de ces résultats et comment les interpréter ?

Les 40 milliards du pacte de « compétitivité », qui n’en finissent pas d’alimenter les dividendes, auraient-ils enfin créé les emplois préférables à la rémunération des actionnaires ? Le MEDEF se serait-il soudainement mis à embaucher, considérant que le « coût » du travail valait bien le coût du capital ? La direction d’Air France aurait-elle décidé d’ouvrir de nouveaux postes plutôt que de licencier ? Finalement, les incantations libérales « croissance, compétitivité, emplois » aurait été entendues, un peu comme le shaman obtient le retour de la pluie après le beau temps ?

La recette du gouvernement pour « inverser » la courbe du chômage a un nom : LA PRÉCARITÉ.

La réalité est beaucoup plus triviale : la baisse du chômage s'explique d’abord par un fort recul du nombre d'inscrits de moins de 25 ans. -2,6% sur un mois, avec un chômage des jeunes autour de 520 000 personnes, soit 14 000 demandeurs d'emploi de moins que fin août. Ensuite, nous constatons un effet de vases communicants entre les chômeurs inscrits à pôle emploi qui n'ont pas travaillé du tout (- 24 000 par rapport au mois précédent) et ceux qui ont travaillé quelques heures (+ 26 000). 86 % des embauches sont aujourd'hui en CDD dont la durée chute et la proportion augmente à chaque trimestre ou presque. L'emploi intérimaire a, quant à lui, progressé de 6,1 % en septembre.

La recette du gouvernement pour « inverser » la courbe du chômage a un nom : LA PRÉCARITÉ. Rien d’étonnant, alors, à ce que les jeunes soient en première ligne pour faire tomber les statistiques du chômage car ils sont aussi les premières victimes de la précarité avec plus 50 % de CDD. Une tendance à la précarité confirmée par l’inflation des catégories C (activités réduites longues) et E (stages, contrats aidés qui ne trouvent la plupart du temps pas de débouché). Se dessine ainsi la stratégie reprise par la France et appliquée par l’Allemagne pour dégonfler les chiffres officiels du chômage de masse. Multiplier les emplois subits, faire la chasse aux chômeurs, radiations de Pôle Emploi (+25% entre Août et Septembre 2015), s’attaquer au code du travail et organiser la « flexibilité » du marché de l’emploi, tel est le programme de François Hollande pour se présenter devant les français auréolé d’un bilan « positif » sur les chiffres du chômages comme l’était en son temps Sarkozy sur la sécurité. Pourtant, nous connaissons les conséquences de cette politique en Allemagne : un taux de pauvreté supérieur à celui de la France et des inégalités accrues.

Le chômage, véritable tragédie sociale.

C’est donc avec inquiétude que nous accueillons les statistiques sur la baisse du chômage. Car la « bonne » nouvelle (-0,7 % en catégorie A) a vocation à se transformer en un argument de propagande pour justifier les orientations économiques du gouvernement. On entend déjà Valls et Macron répétant à loisir : « les mesures prises hier donnent des résultats aujourd’hui qu’il faut améliorer demain en poursuivant les réformes ». Espérons que personne ne sera dupe, car le chômage global (catégories A, B, C, D E) ne cesse d’augmenter (soit plus de 6 millions de chômeurs) et tue 14 000 français par an. Aussi, quand Pôle Emploi enregistre une baisse de 5000 inscrits, on constate 50 000 personnes qui arrivent en fin de droit. Autrement dit, une véritable tragédie sociale.



3 commentaires:

  1. La guerre économique, vicieuse, pernicieuse va en s'amplifiant. Aidée par des "responsables" politiques et financiers sans aucuns scrupules : leur simple motivation accroitre les gains. "nourrir" les rentiers et autres spéculateurs avec la sueur des petits, des jeunes qui veulent s'en sortir par tous les moyens et acceptent d'être réduits en esclavage. Non ! cela ne peut continuer ainsi ! Nous avons une responsabilité majeur pour mettre à bas cette logique inhumaine. En dénonçant le "système" par l'explication de ses rouages. Nous devons aussi mettre devant leurs responsabilités les "politiques" qui trahissent tous les jours nos concitoyens. Non le Socialisme n'est pas ce que nous pouvons voir tous les jours. Manipulations des chiffres par médias interposés. Coopération larvaire avec les puissants du Medef. Asservissement aux dictats de la finance internationale. Ces mots et ces phrases ont l'air simplistes... mais les choses sont en fait très simples. Un grand prédateur capitaliste dit sans état d'âme "la lutte des classes est une réalité effective. une de ses meilleures preuves c'est que nous sommes en train de gagner ! Warren Buffet.

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  2. Malheureusement, un des plus grands ennemis du salarié, surtout en les circonstances, c'est le salarié lui-même ! Car la grande masse des salariés ayant un emploi - relativement - stable se tait et fait le gros dos, n'étant plus syndiqué ni concerné par la chute de ses semblables, y compris parfois dans la même entreprise.
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    Le sentiment d'appartenance à une classe ayant été éradiqué, les syndicats ayant été soigneusement diabolisés, la grande masse des salariés dotés d'un emploi permanent sont conscients d'avoir un bijou entre les mains et sont prêts à tous les silences pour le conserver.
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    Le travailleur salarié est redevenu taillable et corvéable à merci. Ne serait-ce que le temps de travail dissimulé (les quelques heures par semaine, qui semblent si peu...), qui tue à petit feu à la fois toute juste rémunération et les cotisations que les différentes caisses (maladie, retraite(s), chômage) devraient recevoir.
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    Et c'est sous un gouvernement "de gauche" (un énarque peut-il être "de gauche"....) que se joue la pire des mascarades. La réforme, la flexi ceci cela, tout ce qui fait que seuls les salariés paient la facture. A quand une comptabilité qui ferait apparaitre un résultat des entreprises hors charges de rémunération (salariés ET gérants, associés, actionnaires, etc..) ? Juste histoire de voir SI la situation comptable est si négative, et OU passent les résultats bénéficiaires...
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    Lonewolf

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  3. Hollande et Valls après avoir priés et allumés des cierges pour que la tendance s'inverse par la magie du st esprit, ont du se rendre à l’évidence et trouver autre chose, c'est à dire la méthode Sarkozy/Xavier Bertrand.
    La fin de l'année est bientôt là et il faut rassurer le peuple en présentant des chiffres moins alarmants, la solution pour y arriver? simple, on construit à tour de bras des pôles "contrôles" emplois, rien que dans ma ville (130 000 habitants), on a vu surgir de terre, comme par magie, deux de ces (centres de flicages), donc ils convoquent, à tour de bras ces "fainéants" de demandeurs d'emplois, qui, il est évident, se complaisent à vivre royalement avec un RSA à 461 Euros, et donc se vautrent dans le bien être et ne veulent plus travailler.
    voila ce qu'a trouvé ce gouvernement "socialiste", convoquer, fliquer, radier et alléger ainsi les chiffres, et ainsi de suite, après, il peut présenter les "bons" chiffres à la presse, et le peuple est quelque peu rassuré, bravo hollande "l'adverssaire de la finance" et bravo François Rebsamen, qui rêvait du ministère de l’intérieur, et qui, finalement a accepté, faute de mieux, d'occuper celui de l'emploi, c'est toujours bien d'être ministre, ou il s y est ennuyé et a fini par démissionner (étrangement les futurs ministres ne se bousculent pas pour occuper la place!?) car c’était plus le ministère du désespoir que celui de l'emploi, cela ne l'a pas empêchè de dire qu'il fallait accentuer les contrôles des demandeurs d'emploi, puis a mis en place ce réseau de centres de flicage à travers le pays, avant de rejoindre sa petite mairie de Dijon ou un bon copain lui gardait la place, bien au chaud.
    régler le chômage en radiant les demandeurs d'emplois, cela nous rappelle l’époque Sarkozy/Xavier Bertrand, et ils espèrent sincèrement être réélus? on comprends aisément que les Francais pensent et disent que la gauche ou la droite, c'est blanc bonnet et bonnet blanc, et c'est bien vrai, tous se valent et tous se soumettent à la finance, on vote pour élire un président de la république, et à la fin c'est toujours la finance qui est gagnante.

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