mercredi 10 juin 2015

L'heure de vérité du congrès de Poitiers



Le congrès de Poitiers du Parti socialiste peut se résumer à un plébiscite de la politique du gouvernement. Manuel Valls ovationné par un parterre de cadres et d’élus à la solde du parti peut poursuivre son virage libéral. Les quelques promesses contenues dans le texte de la motion majoritaire ne font déjà plus diversion. Cambadélis a réussi son OPA sur l’appareil. Les Français apprécieront, eux qui ont exprimé clairement leur désaveu en sanctionnant le PS à chaque élection intermédiaire depuis 2012.

De son côté, la motion B a rassemblé les partisans de l’opposition dans un simulacre de démocratie. Les cadres des deux courants majoritaires Un Monde d’Avance et Maintenant La Gauche se sont répartis les postes obtenus pas le collectif, distribuant les miettes dans un clientélisme arbitraire et opaque, celui-là même qui désespère les français de faire de la politique. Tractations de couloir, arrangements entre amis ont fini d’instrumentaliser le mouvement des « frondeurs » au profit des carrières personnelles et au détriment des idées.

Notre contribution éco-socialiste signée par plus de 1500 militants a été rayée de la carte des instances nationales. Seul notre camarade Gérard Filoche a pu sauver son poste au Bureau national. En reproduisant les pratiques condamnées chez nos adversaires, l’aile gauche du parti ne doit pas s’étonner de voir les militants déserter ses rangs. Elle porte la lourde responsabilité de son échec, incapable de faire de la politique autrement.

Construire l'alternative

C’est sans amertume que nous devons trouver un débouché à notre engagement. Militer au PS est désormais une impasse. Nous avons combattu loyalement et avec détermination, mais entre trahison de la direction et emprise hégémonique des leaders de l’opposition, il n’y a pas de place dans ce parti pour un mouvement éco-socialiste démocratique et émancipateur.

Après la loi Rebsamen sur le soi-disant « dialogue social » (votée par les députés frondeurs) viendra la loi Macron puis la déroute aux élections régionales. Tous les socialistes n’ont pas les salaires confortables de nos grands élus pour patienter jusqu’en 2017 et éventuellement reconstruire après le défaite de François Hollande. Nous devons mobiliser pour hâter le mouvement social qui rassemblera toutes les forces de gauches.

Par tous les moyens et sur tous les territoires, il faut susciter un rapprochement de la gauche politique, syndicale et citoyenne, surmonter nos divisions et poser les bases d’une grande alliance. D’autres pays ont ouvert la voie : Podémos en Espagne, Syriza en Grèce, l’Alliance anti-austérité en Irlande… Certes, les contextes politiques sont différents mais l’issue à la crise politique, économique, sociale et écologique reste la même : unité autour d’un projet de gauche.


Nous ne sommes pas seuls

Le député PS Pouria Amirshahi espère un nouveau « mouvement citoyen », Liêm Hoang-Ngoc, fondateur des Socialistes Affligés, invite à rompre les rangs socialistes « pour poser les fondations d’une coalition avec les écologistes de conviction et le Front de Gauche », Gérard Filoche réclame « une grande alliance populaire sur des bases de gauche ». Plusieurs cadres de la motion 4, dont le premier signataire était Stéphane Hessel, ont fait le choix de rendre leur carte, et leur pétion réunie déjà près de 250 camarades socialistes pour la constitution « d'un mouvement national citoyen de type nouveau ».

Une initiative a été lancée pour un rassemblement citoyen en Région Ile-de-Franceil ne manquera pas de faire des émules. Par ailleurs, le collectif Rossevelt2012 milite pour 
« la formation d’un puissant mouvement citoyen ».

Nous ne pouvons-nous rester les bras croisés. Bien sûr des contacts seront pris. Notre devoir est de porter notre engagement éco-socialiste partout où il peut être entendu. Notre sensibilité politique a pleinement son rôle à jouer dans le futur rassemblement de la gauche par sa capacité à appréhender l’ensemble des problèmes de notre époque.

Mobilisation éco-socialiste

Nous appelons tous ceux qui se sont reconnus dans les orientations de notre contribution éco-socialiste (qu’ils aient démissionné du PS ou choisi de rester pour des raisons locales) à nous contacter dès maintenant pour travailler ensemble dans un cadre émancipé de la tutelle du Parti socialiste. Cette première étape permettra de nous organiser et renouer avec le sens de notre engagement.

Suite à vos retours sera organisé très rapidement une série de débats pour définir ensemble notre stratégie et faire le point sur les alliances possibles. A Poitiers, le socialisme a échoué mais le renouveau de la gauche est en marche.

Frédéric Lutaud
Premier signataire de le Contribution Commune Éco-socialiste
Ancien membre du Bureau national


Nous contacter : contact@oplpv.fr

2 commentaires:

  1. Camarades
    Sympathisant socialiste, je n’attendais pas grand chose du Congrès, je n’ai donc pas été déçu. Le parti de MM Hollande, Valls et Cambadelis (et bien d’autres)doit changer de nom: après « Les Républicains » pourquoi pas « Les Libéraux Démocrates »…
    Il me semble qu’une scission des socialistes sincères est inévitable!
    Après le Traité Européen de M Giscard, que le referendum a refusé en 2005, et qui nous été imposé par l’UMP + le PS, maintenant c’est le Traité Transatlantique qui va nous livrer aux multinationales.
    Vivement un mouvement rose (foncé)-rouge-vert à la PODEMOS pour les Régionales!

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    1. Une scission me parait improbable. Trop de gens doivent leur poste aux PS.
      Mais une exfiltration mais parait envisageable si une alternative se présente pour les régionales.

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