samedi 17 janvier 2015

Intervention au Bureau national du 13 Janvier

Par Frédéric Lutaud 
Membre du Bureau national du Parti socialiste pour la motion 4

"Ne perdons pas de vue que le chômage 
de masse et l’exclusion font le lit 
des extrémistes de tous bords." 

Cher(e)s camarades,

L’émotion qui nous étreint ne doit pas nous faire oublier une lecture politique, économique et sociale de la situation. C’est notre devoir, c’est la responsabilité du Parti socialiste. Quand la misère progresse, une frange de la population se radicalise. C’est ce à quoi nous assistons : montée du Front national et exacerbation des fanatismes religieux. Nationalisme xénophobe et fondamentalisme antisémite sont les deux faces d’une même pièce : le repli identitaire.

Bien sûr, il y a des raisons géopolitiques à ces attentats. Je ne reviendrai pas sur l’Afghanistan, le pillage de l’Irak, la Syrie, Daesh, les conséquences de la politique internationale américaine en général. Mais nous avons de lourdes responsabilités sur notre territoire :
- 800 000 chômeurs de plus depuis que François Hollande est au pouvoir.
- 82% de la population gagnent à peine plus que le Smic.
- Les salaires sont anémiques.
- 24% des SDF travaillent.
- La dernière étude du Secours populaire témoigne que « de plus en plus de français en sont réduits à survivre ».

Il faut comprendre que la courbe de la radicalisation suit la courbe de la paupérisation. Acceptons de nous interroger sur nos choix politiques. Ces banlieues que nous avons abandonnées ne sont pas par hasard des foyers où les esprits les plus fragiles se font manipulés. Ceux qui ont été recrutés pour ces attentats ne viennent pas de nulle part, nous connaissons les quartiers en difficulté où ils ont grandi, la délinquance à laquelle ils se sont livrés, les prisons qu’ils ont fréquentées. Le fanatisme religieux n’est pas le privilège des classes défavorisées – ce serait trop simple – car nous vivons une crise sociale qui s’accompagne d’une crise morale généralisée. Aussi, la laïcité est un rempart bien fragile face aux dérives communautaires quand l’ascenseur social ne fonctionne plus. Aucune école, aucune prison ne pourra nous protéger du désespoir des populations frappées par les inégalités sociales.   

Nous devons défendre les valeurs républicaines qui sont les nôtres, celles qui nous rassemblent dans cette salle, mais si elles s’accompagnent de la dignité humaine, c’est mieux ! Ne perdons pas de vue que le chômage de masse et l’exclusion font le lit des extrémistes de tous bords. La loi Macron ne fera qu’aggraver la situation. Continuer à rembourser les banques au lieu de nourrir les populations ne préservera jamais l’unité nationale.
Si nous ne remettons pas en cause les orientations libérales qui désagrègent le tissu social, nous ne comprenons plus rien. C’est le « choc des civilisations » et le règne des amalgames.

Les attentats odieux qui ont fait de nombreuses victimes innocentes résonnent comme une déflagration dans nos consciences politiques. Je finirai donc sur ces mots : si nous ne changeons pas de politique, alors ceux qui ont perdu la vie seront morts pour rien.

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