dimanche 27 juillet 2014

Retour à une croissance séculaire faible ou deuxième révolution industrielle ?

Le débat Gordon vs Brynjolfsson et McAfee

Par Bertrand Jacquillat - 24/07/2014

Aux Etats-Unis comme en Europe, on constate un déclin du poids de l’industrie au profit du secteur des services. Le même basculement semble s’opérer entre ces deux secteurs que celui intervenu dans la seconde partie du XXe siècle entre l’agriculture et l’industrie. Celui qui s’opère aujourd’hui est à relativiser dans la mesure où, en s’externalisant, une partie des services n’est plus comptabilisée dans l’industrie. Ce basculement est par ailleurs normal, les gains de productivité dans l’industrie étant supérieurs à ceux dans les services, les prix relatifs des premiers par rapport aux seconds baissent, ce qui mécaniquement diminue leur part dans la comptabilité nationale.


Mais des doutes commencent à surgir quant aux gains futurs de productivité et au potentiel de croissance de l’économie américaine. C’est un débat qui fait rage dans les cercles académiques entre l’économiste de Chicago Gordon et deux économistes du MIT Brynjolfsson et Mc Afee. Pour le premier, l’âge d’or de la croissance économique américaine a commencé son déclin à la fin des années 1990 après que la productivité eut bondi, et que les immigrants et les capitaux eurent afflué pour profiter de la nouvelle économie. Le taux de chômage avait baissé à 4 % et les économistes avaient révisé à la hausse le potentiel de croissance de l’économie américaine à plus de 4 %. Ces croyances se sont évanouies, la sortie de la récession de 2008-2009 est la plus anémique de toute la période d’après-guerre et le FMI comme la plupart des économistes ont révisé à la baisse, en dessous de 2 %, le taux de croissance potentielle de l’économie, et même encore plus pour Gordon qui estime que les économies développées reviendront à leur rythme de croissance séculaire bien inférieur à 1 %, essentiellement à cause de la baisse de la productivité.

La croissance de la productivité, nourrie par la croissance de la production horaire par actif, avait commencé à baisser avant 2007 et ce phénomène s’est depuis accéléré. Pourtant ce sont les innovations qui commandent les progrès de productivité et il y en a aujourd’hui beaucoup, entre le “big data” et “l’Internet des choses “. Mais celles-ci mettent du temps à se retrouver dans les statistiques de productivité, c’est la thèse des économistes du MIT qui prévoient l’avènement d’une seconde révolution industrielle, encore plus prometteuse que celle survenue au cours des XIX et XXe siècles.


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