mardi 22 juillet 2014

Ecologie : « Sortir de l'idée du recyclage à l'infini »


PAR JADE LINDGAARD | 15 JUILLET 2014

Le mythe du recyclage à l’infini est un leurre en l’état de nos processus industriels, alerte Philippe Bihouix, ingénieur, qui, dans son livre L’Âge des low tech, plaide pour les « basses technologies ». Ou comment « revenir à l’âge des Visiteurs, mais avec le dentiste ». 


Après le « développement durable » et « la croissance verte », un nouveau concept fait florès en matière d’écologie : « l’économie circulaire ». Il balaie assez large et désigne à la fois la généralisation du recyclage, la prise en compte du cycle de vie des produits, la conception écologique des biens manufacturés afin d’en faciliter le retraitement, la chimie verte… C’est l’idée d’une activité vertueuse, qui viserait à réduire son impact environnemental tout en générant du profit. Une sorte d’idéal. 

Le problème, c’est qu’en l’état actuel de nos processus de fabrication industrielle, l’économie circulaire est inatteignable. Elle ne peut être au mieux qu’un but vers lequel tendre, alerte Philippe Bihouix, auteur d’un essai érudit et passionnant : L’Âge des low tech – Vers une civilisation techniquement soutenable (éditions du Seuil, collection anthropocène). Ingénieur, spécialiste des métaux, il démontre que le mythe du recyclage à l’infini est un leurre. Plus nos sociétés produisent et consomment des produits high tech (téléphones et ordinateurs portables, etc.), plus elles épuisent des ressources rares. Ces mêmes biens sont par ailleurs de plus en plus composites, donc de plus en plus difficiles, voire impossibles, à recycler. Les matériaux qui les composent sont trop inextricablement imbriqués les uns dans les autres pour espérer les séparer et les récupérer. C’est le cas des métaux utilisés sous forme chimique, mais aussi des nanotechnologies. Le problème concerne directement les énergies renouvelables, éoliennes, cellules photovoltaïques, ou encore la voiture à l’hydrogène – aujourd’hui en projet.  

Cela ne signifie pas qu’il faut revenir aux énergies fossiles et arrêter les filières de recyclage et de traitement des déchets, bien au contraire. Il faut revoir nos besoins en énergie pour les réduire drastiquement, martèle Bihouix. Il faut aussi développer une nouvelle culture technique : celle des « basses technologies ». De quoi s’agit-il exactement ? « Revenir à l’âge des Visiteurs, mais avec le dentiste », plaisante l’auteur. Mais encore ? La suite dans notre entretien vidéo ci-dessus. 

Philippe Bihouix, L’Âge des low tech – Vers une civilisation techniquement soutenable, Le Seuil, 336 p., 19,50 euros.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos réactions nous intéressent…