mercredi 6 janvier 2016

En Grande-Bretagne, les grands patrons ont gagné un salaire moyen en moins de 24 heures

Par Eric Albert (Londres, correspondance) | LE MONDE ECONOMIE | 06.01.2016
Vingt-deux heures de travail peuvent rapporter gros outre-Manche. Mardi 5 janvier en fin de journée, moins de deux jours après leur retour au bureau, les grands patrons britanniques avaient ainsi gagné un salaire équivalent au revenu moyen annuel de leurs concitoyens.

Selon le High Pay Centre, un think tank qui milite contre la dérive des hauts salaires, il ne leur a fallu que vingt-deux heures de travail pour empocher 27 645 livres (37 732 euros), soit le salaire moyen que les Britanniques mettent en principe douze mois à gagner.

L’association a donné un surnom à cette journée : « Fat Cat Tuesday », qu’on peut traduire comme le « mardi des gros bonnets ». Chaque année, elle célèbre cette date symbolique « de l’injuste écart de revenus » qui règne selon elle au Royaume-Uni.

Le High Pay Centre fait un calcul simple. Le revenu moyen annuel des directeurs généraux des entreprises du FTSE 100, le principal indice boursier, était de 4,96 millions de livres (6,8 millions d’euros) en 2014 (dernières statistiques disponibles). En estimant généreusement que ceux-ci travaillent douze heures par jour et ne prennent que dix jours de vacances par an, l’association en déduit un salaire horaire de 1 260 livres. Soit donc vingt-deux heures de travail pour atteindre le revenu britannique moyen.

Impressionnante envolée

En 1998, un grand patron au Royaume-Uni gagnait en moyenne 47 fois le salaire moyen des employés qui travaillaient dans son entreprise. En 2014, ce ratio avait triplé, pour atteindre… 148.

Le calcul n’est pas tout à fait exact et fait l’objet de critiques. L’Institut Adam Smith estime ainsi qu’il s’agit d’une vision de « comptoir de bar ». La méthodologie du High Pay Centre est effectivement discutable, comparant une moyenne (pour les patrons) à une médiane (pour les Britanniques moyens). De plus, calculer le revenu exact des directeurs généraux est difficile, une partie leur étant payée en actions et les bonus pouvant fluctuer a posteriori.

Mais là n’est pas la question, réplique Stefan Stern, le directeur du High Pay Centre. Pour lui, il s’agit d’une journée symbolique, qui souligne une nouvelle fois l’envolée impressionnante des rémunérations les plus élevées, alors que le pouvoir d’achat des Britanniques stagne depuis sept ans. En 1998, un grand patron au Royaume-Uni gagnait en moyenne 47 fois le salaire moyen des employés qui travaillaient dans son entreprise. En 2014, ce ratio avait triplé, pour atteindre… 148. « Les rémunérations exagérées renforcent la méfiance envers les entreprises, alors que celles-ci ont justement besoin de prouver qu’elles font partie de la solution en ces temps difficiles où les revenus ne progressent pas », estime M. Stern.

1 commentaire:

  1. Happy new year !
    And don't gorget this : TIME IS MONEY !!!
    A quand la même étude en France ?

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